Jeanne d'Arc rencontre le roi Charles VII au château de Chinon
Par Riches Heures le samedi, 27 novembre 2010, 11:33 - Histoire - Lien permanent
La rencontre entre le roi Charles VII et Jeanne d'Arc dans la grande salle du palais de Chinon, figure parmi les scènes les plus fameuses de l'Histoire de France. Nous avons réuni ici quelques-uns des plus savoureux récits contemporains.
Dans la Chronique de la Pucelle, attribuée à Cousinot de Montreuil, on relève une tentative de tromper la Pucelle sur l'identité de son interlocuteur. La supercherie est aussi évoquée brièvement dans le Journal du siège d'Orléans et dans la Chronique de Jean Chartier, dont voici un extrait (légèrement modernisé) :
Et celle-ci venue devant le roy fist les inclinations et révérences acoustumées de faire aux roys comme si elle eust esté nourrie en sa cour. Et en sa soumission et salutation dist, en adressant sa parolle au roy : "Dieu vous donne bonne vie, gentil roy." Malgré qu'elle ne le congnoissoit pas et qu'elle ne l'avoit jamais veu, et qu'il y avoit plussieurs seigneurs pompeusement et richement vestuz et mieux que ne l'estoit le roy. C'est pourquoi il respondit à ladite Jehanne : "Je ne suys pas celui qui suys roys, Jehanne." Et en luy monstrant l'un des seigneurs, dit : "Voilà le roy !" A quoy elle respondi : "A ! non ! gentil prince, c'estes vous, et non autres".
Une image d'Epinal
La version la plus colorée, celle dont nous avons tous lu ou entendu un jour ou l'autre une adaptation, est l'œuvre d'un greffier de l'hôtel de ville de La Rochelle. Il ne fut pas le témoin oculaire des faits qu'il rapporte, mais il en était indubitablement contemporain :L'an de grâce mil quatre cent vingt et neuf fut maire de La Rochelle honorable homme sire Hugues Guibert. Item le XXIIIe jour dudit mois de febvrier, vint devers le Roy nostre seigr, qui estoit à Chinon, une Pucelle de l'âge de XVI à XVII ans, née de Vaucouleur en la duché de Laurraine, laquelle avoit nom Jehanne et estoit en habit d'homme : c'est assavoir qu'elle avoit pourpoint noir, chausses estachées, robbe courte de gros gris noir, cheveux ronds et noirs, et un chappeau noir sur la teste. Et avoit en sa compagnie quatre escuiers qui la conduisoyent. Et quant elle fut arrivée au lieu dit de Chinon où le Roy estoit, comme dist est, elle demanda parler à luy. Et alors on luy monstra Monsgr Charles de bourbon, feignant que ce fust le Roy. Mais elle dit tantost que ce n'estoit pas le Roy, qu'elle le recognoitroit bien si elle le voyait, malgré qu'elle ne l'eût jamais vu. Après on luy fit venir un escuier, feignant que c'estoit le Roy. Mais elle devina bien qu'il ne l'estoit pas. Et tantost après, le Roy saillit d'une chambre, et dès qu'elle le vit, elle dit que c'estoit luy et luy dit qu'elle estoit venue à luy de par le Roy du Ciel, et qu'elle vouloit parler à luy. Et dit-on qu'elle luy dit certaines choses en secret, dont le Roy fut bien esmerveillé.
Cette version n'est cependant pas systématiquement confirmée par les témoins de la rencontre interrogés à l'occasion du procès en réhabilitation, tels Maître Réginald Thierry, chirurgien du roi, ou le sire Raoul de Gaucourt. Voici une partie de la déposition de ce dernier :
Il la vit quand elle se présenta à la vue de la majesté royale avec grande humilité et simplicité, comme une pauvre petite bergère, et il entendit les paroles suivantes qu'elle adressa au roi en ces termes : "Très illustre sire dauphin, je suis venue envoyée par Dieu, pour porter secours à vous et au royaume".
Simon Charles, président de la Chambre des Comptes à l'époque de l'enquête, était ambassadeur à Venise au moment des faits. Il a toutefois bénéficié du récit de Jean de Metz, qui avait selon ses dires "conduit cette Jeanne au roi". Voici ce qu'il raconte :Lorsqu'elle entra au château de Chinon, pour venir devant le roi, celui-ci hésitait encore, suivant l'avis des grands de sa cour, à s'entretenir avec elle ; mais alors on annonça au roi que Robert de Baudricourt lui avait écrit qu'il envoyait cette femme, et que celle-ci avait passé par les territoires des ennemis du roi, qu'elle avait traversé à des gués beaucoup de rivières, presque miraculeusement, pour arriver jusqu'au roi. Pour cette raison le roi fut poussé à l'entendre, et donna audience à Jeanne. Lorsque le roi sut qu'elle venait, il se tira à part, en s'écartant des autres ; mais Jeanne le reconnut bien et lui fit sa révérence. Elle s'entretint avec lui pendant un long espace de temps. Après l'avoir entendue, le roi paraissait joyeux.
Ainsi débuta la fulgurante carrière de Jeanne d'Arc.
Pour aller plus loin :
- Livre Du Siège d'Orléans à la bataille de Patay, Jeanne d'Arc sur le chemin de la victoire
- Le château de Chinon sur Richesheures.net
- On peut consulter l'intégralité des sources relatives à Jeanne d'Arc sur ce remarquable site
Commentaires
Bonjour. J'ai vu et revu un document présenté par Arte. Il évoque des recherches faisant penser que Jeanne d'Arc n'est nullement morte sur le bûcher.Elle aurait survécu, ETE RECONNUE DES SIENS AINSI QU'A CHINON après sa supposée mort. Qu'en pensez-vous ? Plausible ? Le documentaire est assez troubalnt pour tout dire.
Bonjour Wilfrid
Chaque fois qu'un bouquin ou qu'un documentaire avec un titre du genre "du nouveau sur Jeanne d'Arc" etc. paraît, on nous ressort toujours la même histoire : celle de Jeanne des Armoises. Il y aurait beaucoup à dire là dessus, à commencer par que tout cela n'est pas bien sérieux et permet à certains auteurs de vendre beaucoup de livres en servant du réchauffé. Disons que cette affaire satisfait le besoin de mystère des éternels partisans de la théorie permanente du complot : Jeanne d'Arc n'a pas été brûlé à Rouen, Armstrong n'a pas marché sur la lune, Elvis et Jackson ne sont pas morts, la CIA a commandité le 11/09... Tout ça n'est pas bien sérieux.
Depuis le 18 Juillet 2010, la forteresse royale de Chinon offre à ses visiteurs un nouveau parcours de visite agrémenté de nombreux dispositifs interactifs.
L’épopée et le mythe de Jeanne d’Arc sont évoqués, de Domrémy au bûcher en passant par Chinon, à travers la mise en scène d’une collection d’objets d’arts originaux des XVIIIe, XIXe et XXe siècles (bronzes, statues, faïences, etc.). La riche collection iconographique présentera les différentes facettes attribuées à notre héroïne au fil des siècles.