Documents relatifs à "Emma de Normandie, Reine au temps des Vikings"
Par Riches Heures le samedi, 12 février 2011, 11:32 - Histoire - Lien permanent
La représentation de la duchesse Gonnor dans le cartulaire du Mont-Saint-MichelDans l'ouvrage "Emma de Normandie, Reine au temps des Vikings", est évoquée à la page 58 une représentation de la duchesse de Normandie Gonnor.
D'abord simple concubine, puis femme légitime du duc de Normandie Richard Ier (942-996), Gonnor survécut 35 ans à son époux. A l'occasion du mariage, son défunt mari lui avait constitué un douaire, c'est-à-dire un ensemble de biens destiné à assurer sa subsistance en cas de veuvage. Ce douaire se composait de droits et de péages divers, ainsi que d'un patrimoine foncier conséquent. Il n'appartenait pas réellement à Gonnor. Elle n'en était que l'usufruitière. Vers 1020 cependant, avec l'accord du véritable propriétaire, son fils Richard II (996-1026), Gonnor concéda une large partie de son douaire à l'abbaye du Mont-Saint-Michel.Dans la seconde moitié du XIIe siècle, l'abbé du Mont Robert de Torigny entreprit de recenser tous les titres de propriété de son monastère dans un cartulaire. On y découvre la plus ancienne représentation connue de la duchesse Gonnor (BM. Ms. 210 f°23). Ce manuscrit fait aujourd'hui partie du fond de la bibliothèque municipale d'Avranches et est ponctuellement exposé au Scriptorial d'Avranches .
Les représentations d'Emma de Normandie dans La "Estoire de seint Aedward le rei, translatee de latin" - Milieu du XIIIe siècle
Dans l'ouvrage "Emma de Normandie, Reine au temps des Vikings", sont évoquées aux pages 123 et 124 deux représentations d'Emma de Normandie figurant dans "La Estoire de seint Aedward le rei".P. 123 : Pendant que le roi danois Svein ravage l'Angleterre et rançonne le peuple, la reine Emma prend la fuite en direction de la Normandie avec ses deux jeunes fils, Edouard et Alfred. Ils sont accompagnés par un homme barbu. Il peut s'agir du roi Aethelred II, de l'abbé de Peterborough ou de l'évêque de Londres. Les costumes, armes et armures datent du milieu du XIIIe siècle. On se réfère là indubitablement au massacre des Innocents et à la fuite de Marie en Egypte (La Estoire de seint Aedward le rei tranlatee de latin - L'histoire du saint roi Edouard traduite du latin, v. 1250, Cambridge University Library, Ms. E.e.3.59 f° 4 v).
P. 124 : La reine Emma arrive avec ses fils à la cour de son frère, le puissant duc Richard II de Normandie. Le potentat les accueille avec bienveillance. A droite, le roi Svein est transpersé par saint Edmond pour avoir osé profaner son sanctuaire de Bury (La Estoire de seint Aedward le rei tranlatee de latin - L'histoire du saint roi Edouard traduite du latin, v. 1250, Cambridge University Library, Ms. E.e.3.59 f° 4).
La représentation d'Emma de Normandie figurant dans le "Liber Vitae" du New Minster à WinchesterDans l'ouvrage "Emma de Normandie, Reine au temps des Vikings", est évoquée à la page 167 une représentation de notre Emma figurant dans le "Liber Vitae" du New Minster, à Winchester.
Un "Liber Vitae" (Livre de vie) est une sorte de livre d'or tenu par une communauté monastique. Il contient les noms de tous les bienfaiteurs de l'établissement. Ceux qui y figurent peuvent espérer s'attirer les bonnes grâces du Seigneur. Emma et Knutr offrent une croix d'or et d'argent au New Minster de Winchester (Liber Vitae de New Minster, British Library Stowe 944, fol 6 r). Il s'agit de la plus ancienne représentation connue d'Emma de Normandie (avant 1035).
La représentation d'Emma figurant dans l'"Encomium Emmae Reginae"
Dans "Emma de Normandie, Reine au temps des Vikings", est évoquée à la page 194 une représentation de notre Emma figurant dans l'Encomium Emmae reginae (Eloge de la reine Emma).L'Encomium est un ouvrage rédigé vers 1041 à la gloire d'Emma de Normandie, enfin parvenue au sommet de sa puissance. Elle a alors surmonté toutes les épreuves, survécu à tous les régimes et triomphé de la plupart de ses adversaires politiques. Sur le premier folio du plus ancien manuscrit connu de ce texte, figure la remarquable enluminure visible ci-dessus. L'auteur (anonyme) remet son travail à sa commanditaire. On aperçoit sur la gauche d'Emma deux jeunes hommes, qui sont probablement ses fils Hörthaknutr et Edouard le Confesseur (Encommium Emmae Reginae, British Library Add. 33241 f° 4v et 5r).
Emma de Normandie dans les chartes et les documents administratifs
Pour rédiger "Emma de Normandie", il était indispensable d'examiner avec attention la documentation administrative. Les chartes particulièrement, nous offrent une mine de renseignements presque inépuisable.Une charte est un document émanant d'un personnage important et qui a une valeur juridique. Elle sert essentiellement à confirmer par écrit une donation. Pour lui conférer un caractère incontestable, elle est authentifiée par une liste plus ou moins conséquente de témoins. L'ordre dans lequel les personnages signent la charte, révèle leur rang dans la hiérarchie de la cour. Sous les règnes de ses deux époux successifs, Emma figure toujours en haut de cette liste. Dans les documents authentiques (il existe de fausses chartes), on la trouve sous son nom anglo-saxon d'Ælfgyfu. Le document ci-contre émane du roi Knùtr le Grand et date de 1018. Comme toutes les chartes des rois d'Angleterre de ce temps, elle est rédigée en latin avec des passages plus ou moins conséquents en vieil Anglais. Une transcription intégrale est visible ici. A la demande de sa femme, la reine Ælfgyfu (Emma), Knùtr concède à l'archevêque Ælfstan de Canterbury un petit bois situé dans le Sussex, comté du sud de l'Angleterre. Emma signe en seconde position dans la liste des témoins, derrière l'archevêque Wulfstan d'York, mais avant un collège de six évêques.
Tous les documents administratifs datant de l'époque saxonne son consultables sur le remarquable site Anglo-saxon.net. Nous avons pour notre part examiné un à un les chartes et documents divers datés d'entre 978 et 1066. Nous les avons classés dans des tableaux en y relevant les bénéficiaires, les témoins, les ordres d'apparition. Nous y avons traqué la moindre présence féminine, et plus particulièrement celle de notre Emma. Nous avons ainsi souhaité approcher au plus près son rôle et son rang, déterminer les affaires auxquelles elle fut mêlée et son impact sur les processus décisionnels. Nous y avons rencontré certains des personnages étonnants qui peuplaient son entourage : des secrétaires, des veneurs, des prêtres, des courtisans... Un monde révolu et coloré est réapparu sous nos yeux. Nous espérons lui avoir rendu justice. Parmi cette masse de documentation parfois abrupte, un texte très bref nous a particulièrement ému : il s'agit d'un "writ" (brève mention d'un acte officiel relevée dans un manuscrit) d'Edouard le Confesseur, dans lequel il confirme peu après la mort de sa mère, sa dernière volonté de léguer son domaine de Godbegot aux moines de l'Old Minster de Winchester. La vieille reine l'aimait tout particulièrement et elle vécut là les dernières années de son existence. Vous pouvez le voir ici.
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