Comme tous les grands
chantiers princiers de la Renaissance, Anet mobilisa les noms
les plus prestigieux de l'époque. Philibert Delorme
(1515-1570), actif aussi à Fontainebleau
et aux Tuileries, fut
l'architecte principal. Le sculpteur Jean Goujon, l'émailleur
Léonard Limosin, l'artiste aux multiples talents Benvenuto
Cellini, la faïencier Masséot Abaquesne, purent
également laisser parler leur imagination.
Un large fossé
inondable cernait le palais et ses jardins. Ces derniers étaient
circonscrits sur quatre côtés par une galerie
détruite au XVIIe siècle. Le corps principal
formait un U articulé autour d'une cour d'honneur.
Les ailes orientales et septentrionales ont disparu. Seule
l'aile occidentale est parvenue jusqu'à nous. Sa façade
d'une grande sobriété cache l'escalier d'honneur,
édifié par le duc de Vendôme au XVIIe
siècle. Cet escalier monumental emmène vers
la salle des gardes, où sont exposées plusieurs
tapisseries venues des ateliers de Fontainebleau. Non loin
de là, la chambre de Diane a fait l'objet d'une restitution,
avec notamment un lit de parade portant des croissants sculptés,
symboles de Diane chasseresse.
Face à l'aile
ouest subsiste la chapelle castrale en forme de croix grecque,
terminée en 1549. Le gothique n'est plus de mise, comme
à Ecouen ou Blois.
Philibert Delorme a signé ici une oeuvre directement
inspirée par son temps, en laissant la prédominance
aux formes circulaires considérées comme les
plus pures. La décoration surprend par son raffinement.
La coupole à caissons aspire le regard vers les sphères
élevées, incarnant l'immensité de l'univers.
Les motifs au sol procurent un sentiment similaire. Cette
chapelle était autrefois collée à l'aile
orientale et Diane de Poitiers pouvait, depuis ses appartements,
accéder à la tribune afin d'entendre la messe.
La destruction de cette aile entre 1804 et 1811 obligea l'architecte
Caristie à élever une façade très
sobre après 1840.
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Entre 1567 et 1570,
fut édifiée par Claude de Foucques la chapelle
funéraire de Diane de Poitiers. Elle passa commande
au sculpteur Pierre Bontemps d'un monument éternel
à sa gloire. L'artiste la représenta agenouillée
en prière (marbre blanc) sur un sarcophage de marbre
noir. L'ensemble était achevé en 1577. La sépulture
ayant fait l'objet de profanations à la Révolution,
les restes de la favorite furent transportés en l'église
paroissiale d'Anet.
L'entrée principale,
achevée en 1552, possède un étonnant
portail central à colonnes doriques et trois portes.
On remarque de chaque côté l'existence de doubles
canonnières en forme d'entonnoir. Il ne s'agit pas
là de dispositions défensives véritablement
opérationnelles, mais plutôt d'une survivance,
tout comme les fossés, de la symbolique médiévale
du pouvoir attachée à ce type d'aménagement.
Le portail est surmonté d'une horloge. Elle animait
autrefois les statues d'un cerf aux abois et de quatre chiens
de chasse.
De l'état
exact du château d'Anet au XVIe siècle, nous
ne possédons plus que les planches d'Androuet
du Cerceau. Elles nous permettent de mesurer l'ampleur
des destructions perpétrés par de peu scrupuleux
hommes d'affaires.
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