Après sa défaite
à Saint-Martin-le-Beau (Indre-et-Loire) contre le comte
d'Anjou Geoffroi Martel en 1044, le comte de Blois Thibaut
III se voit contraint de céder la Touraine, dont fait
partie la seigneurie d'Azay, à son vainqueur. Un château
existe à Azay-le-Rideau vers la fin du XIe siècle
ou au début du XIIe. Un nommé Ridel d'Azay est
attesté en 1118. Le premier édifice connaît
sans doute de nombreux aménagements durant la période
médiévale, mais est rasé de fond en comble
par le dauphin Charles (futur Charles VII) en 1418. La garnison
bourguignonne qui l'a insulté - elle aurait mis en
doute la validité de ses origines royales - est passée
au fil de l'épée (350 hommes). La ville est
aussitôt dévastée. Le site conservera
jusqu'au cur du XVIIIe siècle le nom d'Azay-le-Brûlé.
Le maître
de la chambre des comptes des rois Charles VIII (1483-1498)
et Louis XII (1498-1515), un bourgeois nommé Martin
Berthelot, fait l'acquisition de la seigneurie à la
fin du XVe siècle. Son fils, Gilles Berthelot, en hérite
à sa mort dans les premiers mois de 1515. Maire de
Tours et trésorier des finances royales, Gilles est
autorisé par lettre patente du 4 avril 1515 à
rétablir les " fortifications d'Azay ". Dès
1518 les travaux débutent : pas question d'épais
remparts cependant, mais plutôt d'une élégante
demeure reprenant certains attributs de la fortification médiévale.
Les mâchicoulis, les créneaux, les tours ou tourelles
d'angles, les douves, les toitures en poivrière constituent
autant de signes de puissance.
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Mais cette richesse
affichée de manière trop ostentatoire ne sied
pas à tous. Berthelot n'est pas noble de naissance
et la vieille aristocratie ne manque jamais une occasion d'abattre
un parvenu de ce type. On accuse le financier de malversations,
d'avoir puisé dans le trésor afin de s'enrichir
(ce qui n'était d'ailleurs sans doute pas totalement
faux). François Ier, piètre gestionnaire et
monarque toujours impécunieux, prête une oreille
attentive. Les rois de France n'aiment généralement
guère que l'un de leurs serviteurs montrent une trop
bonne fortune. Louis XIV procédera de même après
une fête somptueuse donnée en son honneur par
le surintendant Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte (1661).
François doit par ailleurs trouver un ou plusieurs
responsables pour expliquer sa banqueroute permanente. Pour
se donner bonne conscience, il envoie Semblançay, son
surintendant général des finances, danser la
ballade des pendus au gibet de Montfaucon. Gilles Berthelot
prend peur et s'échappe vers Cambrai, en 1528, abandonnant
Azay inachevé. Il mourra en exil sur les terres de
Charles Quint.
Le roi donne alors
Azay à l'un de ses compagnons d'armes : Antoine Raffin.
Ses descendants occupent les lieux jusqu'à la Révolution.
Le château est acheté en 1791 par le marquis
Charles de Biencourt. Le dernier rejeton de sa lignée,
ruiné, vend en 1905 la propriété familiale
à l'Etat.
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