Les origines :
Le site de Lunéville,
situé à la confluence de la Vezouze et de la
Meurthe, devient un castrum au Xe siècle. Un château
médiéval y est progressivement édifié
à l'emplacement actuel du château. En 1343, le
duc Raoul de Lorraine y fonde la première chapelle
castrale, alors dédiée à Marie.
À partir de
1587, sous le règne de Charles III, les fortifications
de la ville sont complètement modernisées (technique
du bastionnement). Elles englobent le château qui ne
sera modifié que par son successeur, Henri II de Lorraine.
Celui-ci décide de faire reconstruire la forteresse
dans le style Renaissance en 1609.
Le Versailles lorrain
:
Un siècle
plus tard, en 1703, le jeune duc Léopold, désireux
de transférer sa résidence principale de Nancy
au château de Lunéville, demande à l'architecte
Germain Boffrand la construction d'un palais de style classique.
En 1723, la cour de Lorraine s'installe définitivement
au château de Lunéville.
En 1729, la Duchesse
Élisabeth-Charlotte d'Orléans gère le
Duché de Lorraine pendant l'éducation de son
fils, François-Étienne, à Vienne.
En 1737, par un incroyable
coup de théâtre politique, le jeune duc François-Étienne
de Lorraine abandonne le trône de ses ancêtres
pour le Grand-Duché de Toscane, afin de préparer
son élection en tant qu'Empereur Romain Germanique
(fondation de la dynastie des Habsbourg-Lorraine). Il force
sa mère à l'exil dans son château de Commercy.
La même année,
Stanislas Leszczynski, roi déchu de Pologne, est installé
sur le trône de Lorraine par son gendre Louis XV. Tout
comme Léopold, il fera de Lunéville sa résidence
principale. Stanislas décide dès 1738 de l'agrandissement
et du réaménagement des jardins. Il y fait construire
de nombreuses fabriques par Émmanuel Héré,
son premier-architecte. Parmi ces fabriques, citons Le Kiosque
et le Trèfle ainsi que le Rocher, collection d'automates
mus par la force hydraulique.
Vers 1740, la mode
des jardins à Fabriques est désormais lancée
en Europe et une cour érudite demeure à Lunéville
auprès de Stanislas : philosophes, scientifiques et
hommes de lettres fréquentent volontiers Lunéville.
L'Histoire ne retiendra que Voltaire, mais la mathématicienne
Émilie du Châtelet, Saint-Lambert, ou encore
la marquise de Boufflers sont d'autres personnalités
liées à cette cour des Lumières.
À la mort
de Stanislas, en 1766, le Duché de Lorraine est intégré
au Royaume de France. Le château est dépossédé
par Louis XV, les biens vendus ainsi que les fabriques du
parc, puis le château devient caserne.
|
Les militaires dans
les murs :
Durant la restauration,
en 1816, Louis XVIII donne la jouissance du château
au prince de Hohenlohe, pour le remercier de sa fidélité
envers les Bourbons. Le prince y crée un centre de
cavalerie militaire en 1824 et donnera à la ville de
Lunéville sa vocation de ville cavalière.
Pour l'anecdote,
en 1861, le ministre de la guerre Jacques Louis Randon, soucieux
d'entretenir et de restaurer le château de Lunéville,
propose son classement à la Commission des Monuments
Historiques. Le refus de Prosper Mérimée, qui
méprise le style classique, est catégorique.
Ainsi, la chapelle ne sera classée qu'en 1901 et le
château en 1929. Il faut attendre 1945 pour la remise
en état du parc et sa réouverture ou public.
Un musée municipal est créé dans les
anciens appartements ducaux.
En 2000, la municipalité,
qui n'a pas les moyens d'entretenir ce vaste ensemble patrimonial,
transfère sa propriété au conseil général
de Meurthe-et-Moselle. Ce dernier envisage déjà
des restaurations.
Le sinistre :
Dans le nuit du 2
au 3 janvier 2003, un violent incendie part de la chapelle,
dévaste les toitures et s'étend aux appartements
ducaux (musée). Une association est créée
afin de permettre la collecte de dons pour la restauration
et la mise en valeur du château. En 2005 commence alors
le plus grand chantier patrimonial d'Europe : 10 années
de travaux sont prévues. Le programme de restauration
débute bien évidemment par la symbolique chapelle.
Lors des journées
du patrimoine 2008, la chapelle est ouverte au public au moment
de l'achèvement de la charpente. En 2010, elle est
définitivement ouverte au public, entièrement
restaurée ainsi que le vestibule, les salles adjacentes
et le grand escalier sud. La crypte est aménagée
pour des rencontres, tandis que la chapelle est dédiée
à la musique.
2011 marque la fin de la restauration des extérieurs
et toitures des parties détruites en 2003.
À partir de
2012, les bâtiments propriétés du ministère
de la défense feront l'objet de restauration des extérieurs.
L'intérieur des appartements ducaux sera également
en restauration, pour une ouverture au public prévue
en 2015.
|