Époque franque
:
Un simple village
s'implanta peut-être dès l'époque romaine
à l'emplacement d'un gué sur l'Oise. L'origine
de la résidence royale de Compiègne remonte
à la dynastie mérovingienne. « Compendium
villam » est mentionnée par Grégoire de
Tours dans son « Historia Francorum » à
la date de la mort du roi Clotaire Ier : « Au cours
de la 51e année de son règne, il fut pris d'un
accès de fièvre pendant qu'il chassait dans
la forêt de Cuise, et de là il revint dans la
villa de Compiègne. Là, comme il souffrait violemment
de la fièvre, il disait : « Ouais ! Vous imaginez-vous
ce qu'est le roi céleste qui fait mourir ainsi de si
grands rois ! ». Or c'est pendant qu'il était
dans cette angoisse qu'il exhala son dernier soupir »
(Traduction Robert Latouche).
Les Carolingiens
y effectuèrent de très nombreux séjours,
tout particulièrement Charles le Chauve qui y fit construire
un palais amené à devenir l'une de ses résidences
préférées. Il s'y vit notamment offrir
en 865 des cadeaux particulièrement exotiques : «
Charles reçoit à Compiègne les messagers
qu'il avait envoyés l'année précédente
à Mahomet, en la ville de Cordoue, et qui reviennent
lui rapportant beaucoup de présents, à savoir,
des chameaux, des lits, des tentes, diverses étoffes
et beaucoup de senteurs. » En 867, Il y conclut avec
Passwithen, émissaire du roi breton Salomon, un traité
de paix et lui donna le Cotentin et l'Avranchin. Deux Carolingiens
furent sacrés à Compiègne : Louis II
(877) et Louis V (979). Le Robertien Eudes y reçut
également l'investiture royale en 888.
Moyen Âge :
Le roi Louis VII
dota la ville d'institutions communales en 1153. La ville
se dota d'une enceinte urbaine et une puissante forteresse
y fut construite au cours du XIIe siècle, à
l'emplacement du palais carolingien. Il en subsiste les vestiges
d'une très puissante tour circulaire, appelée
tour Jeanne d'Arc. C'est en effet à Compiègne
que prit fin l'épopée guerrière de la
Pucelle d'Orléans le 23 mai 1430. Alors qu'elle défendait
la ville contre les Bourguignons, elle tenta une sortie et
fut capturée par ses ennemis. Vendue aux Anglais, elle
prit ensuite la route de Rouen,
via Beaulieu, Beaurevoir, Arras, Le Crotoy, Saint-Valéry-sur-Somme,
Dieppe.
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Le palais des Bourbons
et des Bonaparte :
Entre 1364 et 1380,
Charles V y fit bâtir un palais
gothique, dans la droite ligne du Louvre,
à l'emplacement du palais actuel. Il n'en reste pratiquement
plus rien de nos jours. Sous les Valois-Angoulême et
les premiers Bourbons cependant, cette place forte désormais
jugée incommode n'eut que très rarement la faveur
des souverains. Ceux-ci lui préférèrent
le plus accueillant Fontainebleau.
Ce n'est qu'au XVIIIe
siècle que les rois s'intéressèrent de
nouveau aux lieux. Louis XV, grand amateur de vènerie
comme tous ses ancêtres, prisait particulièrement
la giboyeuse forêt voisine. Il confia la reconstruction
du palais à Ange-Jacques Gabriel. Mais ce fut son élève
Le Dreux de la Châtre, qui entreprit la part la plus
importante des travaux sous Louis XVI.
Après la Révolution,
Napoléon Ier fit exécuter la remise en état
et c'est à Compiègne qu'il accueillit en 1810
sa seconde épouse, Marie-Louise d'Autriche.
A l'instar de la plupart de leurs prédécesseurs,
les souverains de la Restauration ne firent que de très
courts passages à Compiègne. Il fallut attendre
le Second Empire pour que Napoléon III y effectuât
chaque automne de longs séjours, pour chasser dans
la forêt voisine.
Occupé par
les Prussiens en 1870, il le fut encore par l'état-major
allemand en 1914. L'armistice de la Première Guerre
mondiale fut signé en forêt de Compiègne
en 1918, tout comme la capitulation française de 1940.
En 1919, le palais
est gravement endommagé par un incendie.
Outre les appartements
historiques réaménagés qu'il abrite,
le château est, de nos jours, le siège d'un musée
du Second Empire et d'un autre consacré aux origines
de la voiture.
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