Louis VII le Jeune
(1137-1180) est le premier roi de France à avoir séjourné
régulièrement à Fontainebleau. Un château
apparaît dans l'un de ses actes dès le commencement
de son règne, en 1137. La dynastie capétienne
s'intéressa toujours beaucoup au lieu en raison de
la proximité de la grande et giboyeuse forêt
éponyme. La chasse constituant l'un des divertissements
favoris de la noblesse, un tel emplacement possédait
tous les atouts pour séduire les veneurs les plus exigeants.
Philippe Auguste
(1180-1223) puis saint Louis (1226-1270) y séjournèrent
à maintes reprises, ce dernier y fondant même
un hospice doublé d'un couvent (1259). Philippe IV
le Bel naquit au château en 1268 et y termina également
son existence, des suites d'un accident de chasse dans les
bois, en 1314. La guerre de Cent Ans plongea Fontainebleau
dans un oubli relatif, malgré un regain temporaire
d'intérêt sous Charles V (1364-1380). Ses successeurs
prirent davantage leurs aises dans la vallée de la
Loire, délaissant la région parisienne.
François Ier
redécouvrit tous les avantages que pouvait comporter
ce site, à la fois proche de sa capitale mais perdu
dans un imposant couvert forestier. Pour ce monarque qui adorait
par-dessus tout s'adonner " au déduit de la chasse
des bêtes noires [sangliers] et des bêtes rousses
[cerfs, daims, chevreuils] ", Fontainebleau était
une bénédiction. A compter de 1528, peu de temps
après son retour de captivité en Espagne (1526),
il lança le chantier d'un somptueux palais alors que
les travaux de Chambord
battaient déjà leur plein et que les caisses
de l'Etat sonnaient creux. Le vieux château médiéval
fut rasé, à l'exception du donjon qui s'inséra
dans des ailes Renaissance. Ce monarque toujours impécunieux
ne rechignait guère à la dépense lorsqu'il
s'agissait de satisfaire son goût immodéré
pour le faste. Il y reçut dans une débauche
de luxe son ancien geôlier, l'empereur Charles Quint
(1519-1558), au cours de l'année 1539. Il y réunit
aussi une importante collection de toiles de maîtres
et d'uvres d'art, dont la célèbre Joconde
du génie italien Léonard de Vinci.
Henri II (1547-1559)
poursuivit les aménagements dans la foulée paternelle.
Ses fils François II (1559-1560), Charles IX (1560-1574)
et Henri III (1574-1589) y passèrent régulièrement.
Ce dernier y était d'ailleurs né en 1551.
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Henri IV (1572-1610)
et Louis XIII (1610-1643, né lui aussi à Fontainebleau
en 1601 et baptisé en 1606 dans la chapelle) ne demeurèrent
pas en reste et imprimèrent aussi leur marque par de
nouveaux aménagements. Louis XIV y transportait chaque
année sa cour au crépuscule de l'été
afin d'y mener une existence plus simple qu'à Versailles
et s'adonner à de belles parties de chasse (1643-1715).
La reine Christine de Suède, après son abdication,
y résida en 1657 et y fit assassiner son ancien favori,
le marquis de Monaldeschi, dans la galerie des Cerfs. Louis
XV (1715-1774) et Louis XVI (1774-1792) perpétuèrent
la tradition du rendez-vous de chasse automnal. Louis XV célébra
ses noces avec Marie Leszczynska au château en 1725.
De grands intellectuels, tels Voltaire ou Rousseau, fréquentèrent
l'endroit.
La Révolution
dispersa les collections mais n'attenta pas à la structure
même des bâtiments, qui traversèrent par
bonheur la tourmente sans subir trop de dégâts.
Le Consulat y installa à compter de 1803 l'Ecole Spéciale
Militaire, à l'origine de Saint-Cyr. Dès 1804,
Fontainebleau devenait résidence impériale.
Napoléon y accueillit en hôte le pape Pie VII
peu avant son sacre. Pie VII eut la " joie " de
goûter derechef les charmes de la demeure, mais comme
prisonnier cette fois (1812-1814). Napoléon y passa
quelques jours avant son abdication et son départ pour
l'île d'Elbe. Le 11 avril 1814, le traité de
Fontainebleau mettait un terme temporaire au Premier Empire.
Le 20 avril suivant, l'empereur déchu adressait d'émouvants
adieux à sa garde personnelle dans la cour du Cheval
Blanc, aujourd'hui appelée cour des Adieux.
Les Bourbons Louis
XVIII (1814/1815-1824), Charles X (1824-1830) et leur successeur
Orléans Louis-Philippe (1830-1848) se réapproprièrent
les lieux, comme pour conjurer les malédictions des
régimes antérieurs. Napoléon III (1852-1870)
agit de même. Chacun de ces monarques tint à
matérialiser son passage entre ces murs, comme pour
mieux attester de leur influence sur l'histoire nationale.
Fontainebleau cessa de devenir résidence princière
à la chute du Second Empire (1870).
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