Colbert décida
en 1666 de créer un arsenal en Aunis afin de doter
le pays d'une marine capable de contrebalancer la puissance
maritime anglaise. Il hésita d'abord à agrandir
Brouage, important port
de mer depuis le milieu du XVIe siècle, avant d'opter
pour le site de Rochefort,
naturellement protégé par un méandre
de la Charente et ne risquant pas l'envasement.
L'emplacement présentait
en outre le grand avantage d'être bien à l'abri
au fond d'une vaste baie, délimitée au nord
par l'île de Ré et à l'ouest par l'île
d'Oléron.
Pour interdire l'accès à l'estuaire de la Charente
aux navires ennemis, les ingénieurs s'employèrent
à verrouiller les passes et autres perthuis par un
dense réseau de fortifications. Le fort Louvois appartenait
à ce réseau. Il avait pour fonction de fermer
au sud le coureau d'Oléron, chenal coincé entre
l'île d'Oléron et le continent.
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Un îlot submersible
servit de base à une construction en forme de fer à
cheval, édifiée sous les ordres de l'architecte
Ferry. On amassa quantité de roches afin d'assurer
une assise solide. On cerna l'ensemble d'un épais mur
circulaire que l'on laissa ouvert vers l'est. On aménagea
dans l'enceinte des casernements, une poudrière, une
citerne et des batteries. Du côté ouvert, on
éleva une haute tour directement inspirée des
donjons médiévaux. Elle possède une face
ouest ronde et un éperon acéré tourné
vers la terre ferme. Séparée du reste de la
forteresse par un fossé franchissable au moyen d'un
pont-levis, elle comporte cinq étages. Elle abritait
une salle des gardes et les appartements du gouverneur. Une
telle réalisation est exceptionnelle au XVIIe siècle,
à une époque où les fortifications ont
plutôt tendance à réduire leur hauteur
afin de donner moins de prise aux boulets de canons. Nous
pensons pour notre part que la tour du fort Louvois jouait
un rôle de guette, mais aussi d'amer au sommet duquel
un fanal pouvait être allumé la nuit venue.
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