Etymologie :
Le terme château
provient de l'ancien français castel, dérivé
du latin castellum. Les textes anciens évoquent
parfois de fors chastiaux, mais la locution d'usage
courant château fort ne semble pas antérieure
à la fin du XVIIe siècle ou au début
du XVIIIe siècle. Elle a par ailleurs une connotation
pléonastique : le château médiéval
est fort par définition.
La naissance du château
fort :
Sous les premiers
rois carolingiens (VIIIe-IXe siècles), le droit de
fortifier est une prérogative strictement régalienne,
c'est-à-dire que seul le monarque peut donner l'autorisation
de construire ou de détruire une fortification. La
désorganisation du pouvoir central liée aux
invasions scandinaves et aux violentes querelles dynastiques,
favorise l'émergence progressive de pouvoirs locaux
presque indépendants. Le droit de fortifier tend alors
à être confisqué par des officiers subalternes.
Dès 864 et le capitulaire de Pîtres, le roi Charles
le Chauve (840-877) doit rappeler les règles du droit
et demander la destruction des points fortifiés dressés
sans son accord. Le processus se poursuit malgré tout
et s'accélère même au Xe siècle.
Le terme castrum, jusqu'alors employé pour désigner
des camps importants, voire de petites villes fortifiées,
est désormais utilisé pour qualifier des fortifications
de faible importance.
Le rôle du
château fort :
Le château
a plusieurs fonctions. Il est à la fois un centre de
pouvoir, un symbole d'autorité, un outil de sécurité
militaire et une demeure familiale. Posséder un point
fortifié est le meilleur moyen, pour un lignage, d'apposer
son sceau sur un secteur géographique. Le château
est intimement lié à son détenteur et
à la terre qui l'environne. Le seigneur y exerce son
autorité, y perçoit les taxes ou y rend la justice,
lorsque cela fait partie de ses prérogatives (seigneurie
dite " banale "). Ce château doit également
constituer un refuge sûr pour ceux qui y vivent et fournir
le cas échéant un abri aux populations riveraines.
|
Il s'agit surtout,
en ces premiers temps de la féodalité, de se
prémunir d'un coup de main perpétré par
un voisin mal intentionné. Mais ce château est
également le lieu de résidence du seigneur et
de ses proches. On distingue derrière les remparts
deux ensembles distincts : l'aula (désigne notamment
la cour d'un prince en latin), la pièce de vie , l'endroit
où l'on reçoit du public et où l'on prend
les repas en commun ; la camera (signifiant d'abord "
pièce voûtée ", puis " chambre
"), la partie privative à laquelle seuls le seigneur
et ses proches ont accès. Viendra ensuite s'ajouter
la capella (la chapelle), oratoire privé du maître
des lieux.
Terre et bois :
La pierre est rare
et chère et les maçons compétents ne
courent pas les rues. La terre et le bois sont en revanche
des matériaux partout présents en abondance.
Leur manipulation ne requiert pas de compétences spécifiques.
Il faut certes un il expert pour superviser les travaux,
mais les paysans du cru servent de main d'uvre gratuite.
On creuse des fossés que l'on garnit éventuellement
de buissons épineux. La terre excavée est utilisée
pour élever des talus. Ces talus sont surmontés
de palissades en bois. Les forteresses ainsi élevées
peuvent prendre des formes multiples. La plus fameuse est
la motte artificielle tronconique, sur laquelle se dresse
une tour de bois. La motte peut recevoir à ses pieds
une basse-cour cernée d'un rempart palissadé.
La vie quotidienne dans un tel castrum se déroule dans
cette basse-cour et la tour ne sert que de refuge en cas d'attaque.
|