L'âge roman
(XIe-XIIe siècle) :
Dès le Xe
siècle, certains riches seigneurs ont assez de moyens
pour construire des forteresses au moins partiellement en
pierre. Les vestiges de cette époque sont assez rares,
mais citons tout de même les maçonneries récemment
exhumées au château de Mayenne (vers 900), certains
fragments de la tour Thibaud à Château-Thierry
et l'édifice carolingien de Doué-la-Fontaine.
Ces deux derniers bâtiments étaient à
l'origine des édifices civils (début Xe siècle),
en fait d'anciennes aulae palatiales transformées en
forteresses à des dates mal établies (après
milieu Xe ?). Des textes anciens évoquent un peu plus
tardivement de puissantes tours à Ivry (Eure) ou à
Rouen. Mais c'est le comte d'Anjou Foulques III Nerra (987-1040),
en guerre permanente avec les comtes de Blois, qui multiple
les grandes tours quadrangulaires à plusieurs niveaux.
Nous lui devons notamment Montbazon
et Langeais (fin Xe siècle),
ou encore Loches (vers
1020). Ces grosses tours, que l'on appelle communément
" donjons ", cumulent généralement
toutes les fonctions résidentielles (aula, camera,
capella), même si l'aula est parfois construite à
l'extérieur, dans un bâtiment excentré
(Caen ou Domfront).
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On pénètre
dans ces monstres de pierre par une porte unique, percée
à plusieurs mètres au-dessus du sol. Les murailles
sont pratiquement aveugles, à l'exception de quelques
baies ménagées aux niveaux supérieurs.
On ne peut donc défendre ces tours que par les sommets.
Les forteresses
de l'époque romane sont systématiquement implantées
en des endroits naturellement inaccessibles : collines, sommets,
îles, presqu'îles
Elles sont conçues
selon deux principes essentiels: la défense passive
et la défense en profondeur. La défense passive
consiste à opposer une masse inerte et solide devant
un assaillant (un gros mur aveugle par exemple). La défense
en profondeur conduit pour sa part à la multiplication
des obstacles sur le parcours de ce même assaillant.
On installe l'élément le plus puissant (la grosse
tour) au point le plus inaccessible. Notons toutefois que
certains châteaux de la première moitié
du XIe siècle ne comprennent pas nécessairement
de donjons. C'est notamment le cas au Plessis-Grimoult (Calvados),
bâti entre 1035 et 1047.
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