Des fouilles archéologiques
ont prouvé que l'éperon rocheux sur lequel repose
le château est occupé depuis les Ve et VIe siècles.
Il est probable que devant la poussée des envahisseurs
germaniques (Vandales, Suèves, Burgondes, Francs
)
ou asiatiques (Huns, Alains
), les habitants du vicus
(agglomération secondaire) voisin d'Odomagus cherchèrent
en ce lieu un site susceptible de les protéger avec
leurs biens. L'instabilité amène toujours au
cours de l'histoire ce type de réflexe salvateur. On
pouvait ainsi également contrôler la navigation
sur la Marne et le trafic sur la voie romaine joignant Soissons
à Troyes. François Blary avance par ailleurs
que " son origine est peut-être à mettre
en rapport avec la mise en place par Aetius [ndlr : général
romain vainqueur d'Attila aux " Champs Catalauniques
" en 451] d'un limes sur la Marne pour contenir la progression
hunique. "
Le nom Thierry provient
certainement d'une puissante dynastie locale très influente
dans la région. Cette famille est attestée au
VIIIe siècle. Vers 870, la possession de ce territoire
est confirmée au comte Herbert Ier de Vermandois (m.
en 900).
La première
mention écrite du Castrum Thierrici date de 923 et
apparaît sous la plume du chanoine de Reims Flodoard,
auteur de célèbres et précieuses Annales.
Le comte Herbert II de Vermandois (m. en 943) enferma cette
année là dans la forteresse, le roi Charles
III le Simple qu'il avait capturé peu auparavant. A
la suite de l'incendie de la tour où il retenait son
prisonnier, Herbert décida en 924 de transférer
Charles à Péronne. Le monarque déchu
y décédera en 929.
Dans les guerres
qui opposèrent le roi Raoul (923-936), Hugues le Grand
(m. en 956) et le très remuant Herbert II de Vermandois,
la place fut maintes fois assiégée et changea
de propriétaire à plusieurs reprises. Au XIe
siècle, elle constituait l'un des principaux sièges
du pouvoir des comtes de Champagne. Des châtelains en
assuraient la garde pour leur compte, tels un nommé
Roger vers 1040 et un certain Hugues autour de 1100.
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Le mariage en 1284
de l'unique descendante de la dynastie de Champagne, Jeanne
de Navarre, avec l'héritier de la couronne de France,
le futur Philippe IV le Bel (1285-1314), amena le vieux comté
dans le domaine capétien. L'union définitive
ne fut scellée qu'en 1316, à la mort du roi
Louis X le Hutin.
Durant la Guerre
de Cent Ans, le château et la ville furent assiégés
vainement une première fois par les Anglais en 1370,
puis une seconde, sans plus de succès, en 1392. Charles
VI donna alors Château-Thierry et plusieurs autres seigneuries
des environs (Pierrefonds, Ferté-Milon, Coucy) à
son frère, Louis d'Orléans. Les Anglais parvinrent
enfin à s'emparer de Château-Thierry en 1421,
contraignant le vaillant La Hire, futur compagnon de Jeanne
d'Arc, à la reddition. C'est la Pucelle d'Orléans
en personne qui délivra la cité 8 ans plus tard.
Château-Thierry
changea de propriétaire à de multiples reprises
durant la seconde moitié du XVe siècle. Il revint
d'abord au duc de Berry (1468), frère du roi Louis
XI (1461-1483), avant de repasser aux mains du roi après
la mort du bénéficiaire de ce don (1472). L'année
suivante, Louis XI l'échangea au connétable
de Saint-Pol contre les îles de Ré et de Marant.
A l'exécution de ce dernier pour trahison en 1475,
Château-Thierry revint au Valois. Il s'empressa de l'offrir
cette fois au bâtard Antoine de Bourgogne qui le conserva
jusqu'en 1504, année de sa mort. Une nouvelle fois
Château-Thierry revint à la Couronne. François
Ier le céda en 1526 à Robert III de la Marck,
duc de Bouillon et également propriétaire du
château de Sedan. Il suivit alors la destinée
patrimoniale de la grande forteresse des Ardennes.
Il est à noter
qu'à la Révolution, Château Thierry fut
rebaptisé brièvement Egalité-sur-Marne.
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