Une énorme
motte tronconique est couronnée d'une enceinte flanquée
de sept tours circulaires. Cette motte a été
réalisée au moyen des remblais extraits lors
du creusement du profond fossé sec cernant la place.
Escarpe et contrescarpe ont été pavées
en grès, sans doute à la fin du XVe siècle.
Le château
est entouré d'une fausse-braie probablement contemporaine
du pavage du fossé. Elle est flanquée de huit
tours hémicylindriques ouvertes à la gorge.
L'enceinte castrale primitive dessine un heptagone irrégulier,
cantonné à chaque retour d'angle d'une massive
tour circulaire. Chacune possède un étrange
anneau dentelé à sa base. Nous ne voyons d'autre
explication qu'une recherche esthétique, ou éventuellement
de manifestation ostentatoire de puissance, à cette
disposition inédite et jamais reproduite ultérieurement.
Toutes ces tours étaient percées d'archères,
obturées lors des remaniements du XVIe siècle.
Les bâtiments
résidentiels, dont il ne reste plus rien, étaient
adossés aux courtines et s'articulaient autour d'une
cour dégagée très fonctionnelle, facilitant
les communications. On y pénétrait par une porte
coincée entre deux tours à éperons triangulaires.
Cet agencement est assez fréquent dans la région
(Porte de Jouy à Provins,
ou Porte de Saint-Jean de Château-Thierry),
mais tous les exemples connus sont postérieurs à
la date supposée de construction de l'ensemble castral
de Fère-en-Tardenois. Il n'est pas interdit
cependant de poser l'hypothèse d'un remaniement ultérieur,
inspiré des grandes portes royales à sas de
la charnière des XIIIe et XIVe siècles. Les
modifications du XVIe siècle rendent toutefois malaisée,
voire impossible, toute conclusion péremptoire.
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A la Renaissance
donc, le château fut entièrement bouleversé.
Les travaux s'étalèrent sur une trentaine d'années.
Le vestige le plus emblématique de cette époque
est bien évidemment le superbe pont-galerie à
cinq arches, édifié de 1555 à 1560 et
estampillé aux armes d'Anne de Montmorency et de son
épouse. Large de 5 mètres et long de 60 mètres,
il culmine à 17 mètres au-dessus du fond des
fossés. Il possédait deux niveaux : un passage
pour cavaliers, piétons et charrettes débouchant
dans la cour en-dessous, et au-dessus une salle très
étirée. Nombreux sont les analystes qui ont
vu dans ce chef-d'uvre la préfiguration de Chenonceaux.
Cette interprétation ne résiste pas à
l'examen des dates. Certes, le chantier du prestigieux joyaux
de la vallée du Cher fut achevé par la reine
Catherine de Médicis après la mort du roi Henri
II (1559). Mais les travaux du pont-galerie avaient débuté
sur ordre de Diane de Poitiers et sous la baguette de Philibert
Delorme dès 1547. Il paraît donc plus logique
d'imaginer le pont de Fère-en-Tardenois influencé
par les plans de Chenonceaux que l'inverse.
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