Description du Château
A l'origine, au XIIIe
siècle, c'était une construction fortifiée
austère, traditionnelle, de plan rectangulaire, cantonnée
par ses quatre tours rondes avec créneaux, douves,
pont-levis et meurtrières. Ce n'est qu'en 1567 que
l'édifice se transforme en un Château résidentiel
grâce à des remaniements importants qui le rend
plus accueillant. Le Château est alors doté d'une
toiture centrale en ardoises à deux versants, de poivrières,
de hautes baies à trumeaux de pierre, de grandes fenêtres,
de belles cheminées décorées aux étages,
de plafonds à poutres enluminées, de l'escalier
dans la tour Ouest et de jardins à la Française.
Cachée par
la végétation, isolée au fond d'une petite
vallée, cette habitation seigneuriale est encore aujourd'hui
assez méconnue des touristes et des passionnés
d'histoire, tant elle sait se faire discrète dans le
vallon où coulent la rivière " Agron "
et le ruisseau " Furba " lequel alimente en eaux
vives ses douves. Les hautes poivrières qui coiffent
les quatre tours, émergeantes en effet à peine
du rideau d'arbres qui délimitent la propriété.
Le parc avec deux pavillons et les communs proposant un environnement
quasiment symétrique et plein de charme.
De dimensions modestes
(250 m2 au sol, avec trois niveaux plus les combles), le Château
est construit en pierre dite " de Buzancy " avec
moellons assisés pour les murs, et cordon de pierre
entre le rez-de-chaussée. Sur tout le pourtour, corps
de bâtiment et tours, sont ménagées à
différents niveaux des canonnières à
ébrasements extérieurs rectangulaires, dirigées
en flanquement du logis et vers les douves. Certaines d'entre-elles
correspondent à deux orifices internes, et, dans la
tour Ouest qui accueille l'escalier, la hauteur des postes
de tir suit le niveau des marches.
Huit gargouilles
dont une " au bélier ", placées aux
angles des tours et du logis, étaient destinées
à évacuer les eaux de ruissellement des tours
qui provenaient de conduites verticales de belle facture en
pierre de taille. Le caractère défensif du Château
réside principalement dans sa silhouette massée,
ses douves en eau et ses quatre tours de flanquement très
saillantes. Son caractère résidentiel est surtout
caractérisé par les grandes fenêtres,
par sa porte d'entrée dépourvue de défenses
et par ses cheminées monumentales. D'allure austère
quoique engageante, l'ensemble reste quasiment d'origine (du
XVIe siècle donc), en dépit de toutes les exactions
apportées par les nombreuses guerre (1792 - 1815 -
1870 - 1914 - 1940
si ont excepte les déprédations
de la guerre de cent ans, des huit guerres de religion, des
guerres contre les Pays-Bas d'Espagne, des exactions des compagnies
de soudards).
A- Façade
Nord-Ouest
Il s'agit de la façade
d'entrée par laquelle on accède au rez-de-chaussée
du Château, depuis la terrasse Nord, en franchissant
le fossé par l'intermédiaire d'une passerelle
qui remplace l'ancien pont-levis malheureusement disparu.
Elle s'ouvre par un portail sculpté et enrichi de trois
cartouches sculptés, armoriés en médaillons
enguirlandés de feuillages et fruits, très richement
travaillés. Le blason des Maillart est donc au centre,
celui des Beauvais à gauche et celui des Meixmoron
à droite.
B- Façade
Sud-Est
Réplique de
la façade Nord-Ouest avec ses quatre grandes baies,
elles aussi d'origines. De même, pour toutes les ouvertures
de tir, sont présentes quatre canonnières à
tir frontal qui sont accessibles depuis les salles du rez-de-chaussée
et du premier étage par l'intermédiaire de petites
galeries logées dans l'épaisseur du mur. La
souche de cheminée en brique domine la toiture, elle
porte un décor d'arcature.
C- Façade
Nord-Est
Il s'agit de la façade
la moins restaurée avec encore sur les deux tours les
souches de cheminées en poivrières. Une des
baies du bâtiment a conservé une traverse d'origine
en pierre. Les dispositifs de défense se retrouvent
avec trois ouvertures de tir superposées dans les tours,
flanquant la façade. De ce coté du bâtiment,
les deux souches de cheminées en poivrières,
de même que les deux gargouilles d'angle sont encore
présentes.
D- Façade
Sud-Ouest
Sur cette paroi se
trouve au niveau du premier étage une canonnière
double à tir croisé. De petites baies rectangulaires
ont été percées dans le soubassement
du logis pour éclairer les différentes salles
voûtées. C'est la seule façade qui ne
présente pas de souches de cheminées sur les
deux tours en poivrières. Deux corbeaux qui devaient
supporter à l'origine des latrines sont encore présents
au niveau du cordon de pierres.
L'édifice comporte quatre niveaux qui sont desservis
par l'escalier à vis situé dans la tour Nord-Est.
E- Sous-sol
Ce niveau se situe
à 50 cm au-dessus du niveau de l'eau des douves. Nous
y trouvons plusieurs salles voûtées, surbaissées,
d'une rare beauté. Les parois et les plafonds sont
en pierre de tailles. La pièce centrale de plan carré
est la plus grande, à l'origine " salle des gardes
" (restaurée maintenant). Dans la même pièce
on trouve un puits de forme rectangulaire par lequel on s'approvisionnait
en eau, et par où l'on pouvait s'enfuir en traversant
les douves par un siphon souterrain, en face une très
belle cheminée monumentale Renaissance, adossée
au mur ouest. Les autres pièces de ce niveau sont également
voûtées et à sol dallé. La pièce
située juste derrière la cheminée, assez
lumineuse, est chauffée par l'arrière de la
cheminée centrale et au-dessus de l'arrière
du foyer sont placées deux niches avec un encadrement
sculpté en pierre formé de trois pilastres cannelés
surmonté d'un petit entablement, il devait s'agir de
l'ancienne pièce des réserves alimentaires où
était aménagée cette petite armoire aujourd'hui
privée de ses volets de bois et qui servait à
entreposer le sel et autres denrées sensibles à
l'humidité. Cachés dans un angle de la pièce,
sur la droite de l'armoire, on trouve aussi les vestiges d'un
escalier à vis construit en pierres de taille et en
bois, lequel devait permettre sans doute au seigneur du moment
de passer d'un étage à l'autre et d'observer
ainsi incognito dans la salle des gardes, par un petit orifice
percé à cet effet à hauteur d'homme.
Par la suite ce petit escalier creusé dans les murs
a semble-t-il été utilisé par les domestiques
pour relier les offices aux salles de réception.
A la base de la tour Nord, se trouve une pièce ronde,
surmontée par un plafond surbaissé en forme
de coupole, en pierres concentriques, encore aujourd'hui en
très bon état. Sous la tour Est se trouve une
autre petite cave ronde composée d'une coupole extraordinaire
par sa facture artisanale, la légende veut que sous
son dallage, l'on trouve un " Cul de basse fosse ",
ou l'on aurait enfermé les récalcitrants du
moment (?). Une autre salle s'ouvre dans la tour Sud avec
un très bel évier en pierre.
Du coté Nord, a été aménagé
un bureau (ancien bûcher, il pourrait s'agir de l'ancienne
cage d'escalier qui desservait le Château avant sa restauration
de 1567 car c'est la seule pièce sans voûtes.
Dans la pièce coté Nord-Ouest, on trouve une
petite cheminée assez haute, laquelle semble-t-il devait
servir au four à pain, cette pièce (buanderie,
aujourd'hui) abrite actuellement la cuve à mazout et
les réserves de bois. Le passage entre les deux tours,
Nord et Est, est joliment voûté en berceau.
F- Rez-de-chaussée
Ce 2ème niveau
comporte les salles de réceptions. L'espace est divisé
en deux grandes pièces, séparées par
un puissant mur de refend, donnant chacune sur une petite
pièce coté nord.
En premier lieu l'entrée où l'ont peut admirer
le bas relief en bois sculpté au dessus de la porte
de la salle à manger donné en cadeau vers 1740
par le Roi de Pologne et Duc de Lorraine Stanislas Leczinski
au seigneur de Landreville de l'époque, Claude François
de Maillart. Dans les deux grandes pièces, de belles
cheminées " Renaissance " en pierres sculptées
et savamment restaurées au XIXe siècle. L'une
dans le salon principal porte les armoiries des Maillart et
leur devise " Etiam Nascendo Tremendus ". Dans ce
grand salon avec angle fumoir, on trouve un plafond à
solives peintes et une colonnette avec chapiteau daté
1567. Dans la salle à manger (?), l'autre cheminée
avec pour inscription la devise des de Meixmoron " Ami
de foi bonne ". Une petite cuisine a été
complètement aménagée dans la tour sud
en 2005.
Au même niveau, dans l'escalier, se trouvent de petites
ouvertures de tir circulaires avec visée et arceaux
métalliques qui devaient servir de support au croc
du mousquet. Enfin, une chambrette avec salle de bain est
installée dans la tour Nord.
G- 1er Etage
Le 3ème niveau
est celui des chambres. Le Château s'articule, comme
au 2ème niveau : deux grandes pièces séparées
par un épais mur de refend avec chacune une cheminée
monumentale qui semble avoir conservé leur état
du XVIe siècle (il semble qu'à une époque
elles aient été peintes ?). On y accède
par un couloir qui dessert l'ensemble de l'étage.
La première est une salle de lecture, suivie par la
première chambre du coté Sud-Ouest avec sa cheminée
monumentale Renaissance en pierres sculptées. Celle-ci
présente un décor d'entrelacs et sur ses deux
piliers les sculptures en pierre de taille des visages des
fameux époux Colin-Maillard: Celui de l'épouse,
gravée sur le pilier de gauche a un regard expressif
et le visage épanoui. Celui du légendaire Grand
Maillart à droite, avec cheveux, barbe et moustaches
en forme de feuillages, lui au contraire représenté
avec un masque austère et les yeux vides. Sur le manteau
a été sculpté un décor de bucrane
et rinceaux de feuillages et fruits. Une salle de bain a été
installée dans la tour Sud.
Une autre chambre donne sur la façade Nord-ouest et
une troisième grande chambre sur le coté Sud-Est
avec elle aussi une cheminée monumentale Renaissance
avec des jambages en console et des motifs de grotesques portant
la date de la (re)construction du Château " 1567
". Sur le manteau sont sculptés deux médaillons
(qui rappellent ceux du portail d'entrée) de part et
d'autre d'un grand vase décoratif. La salle de bain
qui prend place dans l'ancienne galerie d'accès aux
meurtrières et le boudoir ou cabinet correspondent
à la tour Est, avec une petite cheminée dont
les deux jambages conservent quelques éléments
de décor XVIe siècle. Enfin une ultime petite
chambre avec salle de bain et cheminée en marbre fin
XVIIIe siècle se trouve dans la tour Nord.
H- 2ème Etage
A ce niveau du Château
(ou combles) se trouvent un grenier et différentes
pièces moderne avec de minces cloisons. L'une d'elle,
se situant sur la paroi Nord-Est, aurait parait-t-il, été
longtemps occupée au début du XXe siècle
par la " galerie " du peintre impressionniste Charles
de Meixmoron de Dombasle (1839/1912) dont certaines uvres
sont aujourd'hui conservées aux musées de Toul
et Nancy.
Trois autres petites pièces correspondent à
la tour Sud, à la tour Est (ancien dépôt
de fruits) et à la tour Nord (atelier où se
trouve encore une ancienne verrière transparente qui
permettait au peintre de laisser pénétrer un
surplus de lumière). La plus jolie et déjà
partiellement restaurée reste celle de la tour Est,
toute en briques et poutres apparentes. Au milieu de la pièce
centrale se trouve la sortie des cinq cheminées des
étages inférieurs.
La toiture et les charpentes, rare exemple de l'architecture
du XVIe siècle sont en restauration.
Les extérieurs
du Château
Le Château
n'avait pas donné lieu à la création
d'un village, aucune église paroissiale n'est donc
venue s'y ajouter, par contre, le plan Naudin nous le présente
en 1760 entouré de dépendances très importantes,
des bâtiments qui n'existent plus aujourd'hui. Ensuite,
le cadastre Napoléonien (1834) indique coté
Ouest, un long bâtiment formé de plusieurs petites
maisons accolées, dont il ne reste rien non plus.
Au début du XIXe siècle le Château était
toujours entouré de douves, de 100 verges de jardin
au nord, de 75 verges de terres au sud appelées "
Le Balion ", des écuries à l'Est et du
chemin communal à l'Ouest. Aujourd'hui les douves à
eaux vives bordent toujours le Château sur trois cotés
: Est, Sud et Ouest.
A- Pavillon Ouest
Deux pavillons se
trouvent quasi symétriquement de part et d'autre à
l'Est et à l'Ouest du Château, à une trentaine
de mètres au-delà des douves.
Le pavillon Ouest est de forme rectangulaire sur trois niveaux
plus les caves, avec toiture à croupe en ardoise et
fibro. Un petit mur d'enceinte est situé sur le côté
Nord, parallèlement et symétriquement opposé
a celui présent sur le côté Ouest du pavillon
Est. Au contraire de ce qui était supposé être
jusqu'aujourd'hui (ex chapelle castrale du XVIIIe !!!), ce
pavillon date plus probablement de la fin du XIXe ou début
du XXe siècle.
B- Pavillon Est
Le Pavillon Est,
de forme rectangulaire, a été construit lui
en 1773, il s'agirait de l'ancienne habitation du régisseur.
Il comprend un rez-de-chaussée, un étage, de
très belles charpentes d'origine et une toiture en
ardoise mais sans aucune cave. Sur le fronton de l'entrée,
se trouve la date de construction du bâtiment et une
figure sculptée en pierre de taille insérée
sur la paroi (elle représente un visage grimaçant,
une fonction protectrice). Ce pavillon, au contraire de celui
d'Ouest, est bien présent sur le plan cadastral Napoléonien
daté 1834, il se retrouve aussi dans l'inventaire proposé
lors de la vente Révolutionnaire du 21 germinal de
l'an II (10 février 1794) dans le 6ème lot.
C- Les Communs
Dans la partie Est
de la propriété, nous trouvons les communs.
Il s'agit des anciennes écuries et fermes, pour la
plus grande partie du XIXe. A noter les superstructures chevillées
et leurs toits en partie " tige de botte ".
D- La Chapelle Castrale
Manque la Chapelle
du Château
dans laquelle ont été
mariés et baptisés certains descendants des
familles Maillart. Ainsi, Claude François de Maillart,
seigneur de Landreville et de Launois, marquis de Landreville
y aurait épousé en 1753 Marguerite de Graffeuil,
dame de Mont-Saint-Martin. Cette chapelle aujourd'hui n'a
toujours pas été localisée même
si on sait aujourd'hui qu'elle était vraisemblablement
à l'intérieur du Château et qu'elle a
été utiliser qu'une trentaine d'années.
Nos propres recherches n'indiquent, pour le moment, en aucun
cas le Pavillon Ouest , comme il nous avait été
indiqué par les anciens propriétaires.
E- Le Parc
Un parc de 6 hectares,
dont le petit bois, en partie ceint de murs entoure le château,
vestige d'une propriété beaucoup plus importante,
il est aujourd'hui planté en majorité de sapins
et de frênes. Les douves sont servies par le ruisseau
de Furba et le débit d'eau vive est réglé
par une petite cluse en fer qui renvoie le surplus d'eau dans
l'Agron (à proximité de l'emplacement d'un ancien
gué aujourd'hui disparu) par un canal souterrain qui
traverse le parc.
L'ancienne entrée du Château qui donne sur "l'Allée
Cavalière" est aujourd'hui remise en état,
encadrée par ses pilastres d'origine, elle se prolonge
par une charmille. Au centre du petit bois se trouve un reposoir
dédié à la vierge Marie qui date du début
du XXe siècle. Une autre entrée (dite de service)
se situe sur le coté ouest. Une ancienne entrée
qui passait sous le colombier, à est, n'est plus opérationnelle
aujourd'hui, une autre à ouest n'est plus utilisable.
Enfin restent les " souterrains " ??? ils permettaient
de relier le Château de Landreville à celui d'Imécourt
??? Il est vrai que de nombreux effondrements suivant cette
direction, peuvent le laisser supposer, il est tout aussi
vrai que les plus anciens racontent de folles équipées
dans ces souterrains
étaient-ce plutôt
des " glacières ". Ces " histoires "
doivent-elles rejoindrent celles entendues et transmises en
catimini à propos de la " Dame Blanche "
et des " Nutons "
Il est vrai qu'en Argonne,
le réel n'est jamais bien loin du fantastique, d'ailleurs,
lors de notre premier automne à Landreville n'avons
nous pas été subjugué par un superbe
" rond de champignons ", comme par ces ronds de
sorcières en forme de " 0 " et de "
8 "
n'était ce pas la meilleur façon
pour la " Dame Blanche " de nous souhaiter la bienvenue
?
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