Quelques pointes
de flèches exhumées sur le site, permettent
de penser qu'il fut l'objet d'une occupation dès le
néolithique. Il est également possible que les
Gaulois aient profité de son caractère inexpugnable
pour y installer un oppidum. Les premiers vestiges de bâtiments
identifiés remontent cependant à l'époque
gallo-romaine. Quelques traditions locales clament que Montcornet
joua un rôle au temps du roi Clovis, mais surtout au
temps des petits-fils de Charlemagne, après le partage
de Verdun (843). Rien de solide cependant ne permet de corroborer
ces récits légendaires.
Plus sûrement,
c'est avec la féodalité naissante (fin Xe -
déb. XIe) que le " Mont Cornu " devint le
siège d'un castrum. Les sires de Montcornet bâtirent
leur richesse sur une mise en valeur des terres environnantes,
l'exploitation forestière, la perception de droits
ou taxes sur les ardoisières de Rimogne et la propriété
d'un tonlieu (droit de passage, péage) situé
à Deville, sur la Meuse. Hugues de Montcornet épousa
à la charnière des XIe et XIIe siècles
Béatrice de Reynel, s'affiliant ainsi à la dynastie
des riches comtes de Reynel. Leur fils, Barthélémy
de Montcornet, devint évêque de Beauvais (1162-1175).
En 1295, Jeanne de Montcornet, héritère d'une
large partie des biens de la famille, épousa Miles
de Noyers, bouteiller de Bourgogne et conseiller apprécié
du roi Philippe IV le Bel. Leurs descendants conservèrent
la seigneurie jusqu'en 1446, date à laquelle Charles
de Noyer la vendit à Antoine de Croÿ. Ce dernier,
membre de la Toison d'Or (ordre chevaleresque créé
par le duc de Bourgogne Philippe le Bon), y entreprit d'énormes
travaux et donna à la forteresse la forme que nous
lui connaissons aujourd'hui.
|
Montcornet fut mêlée
aux guerres de Religion. Antoine II de Croÿ épousa
en 1561 le culte réformé et s'acharna sur les
catholiques du secteur. Sa mort en 1567 ramena le calme dans
la région. Montcornet passa à une branche collatérale
des Croÿ. Le dernier rejeton de la lignée, Charles
de Croÿ, mourut en 1612 croulant sous les dettes. Montcornet
fut alors saisi et vendue à Charles de Gonzague, fondateur
de Charleville. La place changea de mains à plusieurs
reprises, avant d'échoir à Armand Louis de Vignerot
du Plessis (de la famille de Richelieu), duc d'Aiguillon qui
organisa son démantèlement à compter
des années 1760.
En 1960, l'abbé
Bernard Lussigny parvint à acquérir les ruines.
Il entreprit dès lors, avec l'aide de jeunes des environs,
sa réhabilitation et sa restauration. Les nombreuses
campagnes de fouilles ont permis d'exhumer un matériel
impressionnant exposé dans une petite salle de la place.
L'association des Amis du château de Montcornet est
aujourd'hui propriétaire des ruines et veille à
leur conservation et à leur mise en valeur.
|