L'existence de Sedan
est attestée dès la fin du Xe siècle
dans une charte de l'empereur germanique Othon III (997).
Un prieuré et sans doute une entité villageoise
se développent sur le site de l'actuel château.
Ils subsistent encore au XVe siècle. Évrard
de la Marck, riche seigneur ardennais, en réalise l'acquisition
en 1424 et commence aussitôt à y bâtir
une redoutable forteresse. Il s'agit du noyau primitif de
forme triangulaire. Ses descendants poursuivent son uvre
jusqu'à l'extinction de la lignée masculine,
en 1588. L'unique héritière, Charlotte de La
Marck, épouse alors Henri de la Tour d'Auvergne (1594),
duc de Bouillon, et la principauté de Sedan passe dans
le patrimoine de cette célèbre famille. Elle
le demeure jusqu'au 29 septembre 1642, date à laquelle
Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne la cède
contraint et forcé au roi Louis XIII. Vauban y effectue
de très nombreux travaux. Le château servira
de caserne jusqu'au cur du XXe siècle. Pendant
la première occupation des Ardennes (1914-1918), il
est utilisé comme prison par les Allemands.
Le nom de Sedan résonne
encore terriblement dans la mémoire nationale. Situé
à l'extrémité d'un couloir d'invasion,
véritable point de confrontation permanent entre les
intérêts germaniques et français, le château
fort et la ville ont vu défiler bien des armées
hostiles durant leur longue existence. La place est assiégée
par les impériaux dès 1495, puis de nouveau
en 1521. C'est également là que choisissent
de passer les troupes prussiennes et allemandes en 1870 et
en 1940. L'histoire se répète souvent, pour
le plus grand malheur des peuples
La forteresse médiévale
est composée d'une très vaste enceinte polygonale
divisée en deux parties inégales. Elle est cernée
par quatre bastions disposés en étoile et reliés
par d'imposantes courtines, construits pour l'essentiel dans
la seconde moitié du XVIe siècle.
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On trouve dans l'angle
sud-est l'emplacement du château primitif s'articulant
autour de l'église d'un ancien prieuré, devenu
après 1430 chapelle castrale. Les vestiges de l'édifice
religieux apparaissent encore dans la cour intérieure.
Des remparts élevés flanqués de plusieurs
tours cylindriques délimitaient une haute cour triangulaire.
L'entrée s'effectuait au sud grâce à une
porte protégée par deux tours rondes appelées
tours jumelles. Ce châtelet fut précédé
d'un boulevard d'artillerie circulaire dans la seconde moitié
du XVe siècle. A l'angle oriental trône une belle
tour à canon (Tour de l'Est) et à l'ouest une
fine tour étonnamment corsetée dans un cylindre
de diamètre supérieur. Les deux murailles sont
séparées par des galeries voûtées
sur plusieurs niveaux. On renforça sans doute vers
la même époque les courtines ouest et sud.
Les années
1450-1500 virent également une augmentation considérable
de la surface occupée. Au nord s'ouvrit une imposante
basse-cour, elle-aussi flanquée de plusieurs tours
cylindriques. C'est peut-être à cette époque
que l'on ferma l'entrée primitive entre les deux tours
jumelles, pour la déplacer à l'extrémité
nord du nouveau périmètre. De gros logis seigneuriaux
apparurent dans l'enceinte.
L'ensemble connut
de très importants bouleversements pendant les siècles
qui suivirent, fruits d'une adaptation constante à
l'évolution de l'artillerie rendue nécessaire
par l'intérêt stratégique du site. Les
couches de défense se superposèrent les unes
aux autres. Quatre gros bastions caractéristiques de
l'architecture militaire de la seconde moitié du XVIe
siècle, furent notamment élevés aux angles
de la place. Conçus pour résister à la
canonnade, ils dessinent des arêtes tranchantes et opposent
leur masse de maçonnerie renforcée de terre
aux boulets ennemis. L'armée ne se sépara du
lieu qu'en 1962.
La citadelle dominait
une enceinte urbaine aujourd'hui disparue, des XVIe et XVIIe
siècle. Par ailleurs, une résidence plus confortable
appelée " château bas ", fut construite
au pied du bastion de l'angle sud-ouest au XVIIe siècle,
par les La Tour d'Auvergne.
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