Raymond de Péreille,
sire de Montségur, entreprend au début du XIIIe
siècle la construction d'un retranchement fortifié
au sommet du pog (nom dérivé de l'occitan "
pueg ", signifiant lieu élevé) surplombant
plusieurs terrasses où s'était installée
une importante population cathare. Relativement épargnée
par les événements de la Croisade Albigeoise
et les persécutions de l'Inquisition, la communauté
entre en scène en mai 1242. Une soixantaine d'hommes
de la garnison de Montségur commandés par Pierre-Roger
de Mirepoix, se rendent alors à Avignonet et exécutent
7 moines membres d'un tribunal ecclésiastique, dont
l'inquisiteur Guillaume Arnaud. Un concile réuni à
Béziers en 1243 décide l'éradication
pure et simple de " ce refuge de tous les malfaiteurs,
de tous les hérétiques, cette synagogue de Satan
" et une grosse armée met le siège devant
la place dès le mois de mai. Dix mois sont nécessaires
aux troupes royales pour obtenir la reddition du castrum.
L'historien Guillaume
de Puylaurens, contemporain de ces événements,
raconte : " On s'avisa d'envoyer des valets agiles et
ayant pleine connaissance dudit lieu avec des hommes d'armes,
qui se préparèrent à gravir de nuit par
des précipices horribles. Et ayant atteint sous la
conduite de Dieu un poste fortifié, placé à
un angle de la montagne, ils égorgèrent à
l'instant les sentinelles, s'emparèrent du fort, et
passèrent au fil de l'épée tout ce qu'ils
y trouvèrent. Puis, à la venue du jour, comme
s'ils eussent été égaux au reste des
assiégés plus nombreux qu'eux pourtant, ils
commencèrent à les attaquer vigoureusement.
|
De fait, en regardant
l'affreux chemin par lequel ils avaient grimpé de nuit,
ils n'eussent jamais osé s'y risquer de jour. Mais
l'ennemi étant de la sorte enfermé par en haut,
il devint plus facile à ceux de l'armée de monter
ensuite. Et comme on ne leur laissa de repos ni le jour ni
la nuit, ces infidèles, ne pouvant résister
aux attaques des fidèles, livrèrent aux assaillants,
moyennant la vie sauve, le château et ce qui s'y trouvait
d'hérétiques endurcis, lesquels tant hommes
que femmes étaient au nombre de deux cents environ.
Or, était parmi eux Bertrand Martin qu'ils avaient
fait leur évêque. Et tous ayant refusé
de se convertir comme on les y invitait, ils furent enfermés
dans une clôture faite de pals et de pieux, et brûlés
là ils passèrent au feu du Tartare. Pour ce
qui est du château, il fut rendu au maréchal
de Mirepoix, à qui il appartenait avant. "
Une tradition tenace
fait état de trois individus parvenus à s'échapper
de la place la veille de la reddition. Ces hommes auraient
- bien évidemment - emporté avec eux un hypothétique
trésor des Cathares. Cette légende à
généré jusqu'à nos jours un grand
nombre d'études plus ou moins fantaisistes à
grand renfort de calculs " savants ", signes cabalistiques
et autres phénomènes solaires.
Plus concrètement,
après le sanglant épisode du bûcher, la
place est confiée à Gui de Lévis puis
passe dans le domaine royal. Elle est alors considérablement
remaniée et dotée d'une petite garnison. Sans
doute estimée trop peu fonctionnelle, elle est abandonnée
dès la fin du Moyen Age.
|