La forteresse est
séparée de la terre ferme par un vaste fossé
inondable, actuellement à sec, creusé dans le
calcaire sur trois de ses flancs. À l'ouest, le Rhône
coule paisiblement à ses pieds. On y pénètre
grâce à un pont dormant jeté sur les douves
en remplacement des deux anciens ponts-levis à flèches
(piétonnier et charretier). La seul porte est placée
sous la protection symbolique et militaire d'une haute tour
cylindrique (Tour de l'Horloge). Une seconde tour, rectangulaire
et de dimensions plus modestes, la flanque du côté
nord. Une rangée de mâchicoulis vient compléter
le dispositif défensif de cette entrée.
La basse-cour :
La basse-cour est
délimitée par une enceinte presque rectangulaire,
scandée à l'est par des tours rectangulaires
ou carrées commandant faiblement aux courtines. Des
mâchicoulis courent tout au long du chemin de ronde.
Les courtines sont percées d'archères à
coussiège (banc de pierre). Des communs du milieu du
XVe siècle s'appuient encore contre l'intrados (intérieur)
du mur occidental. Il y avait là tous les bâtiments
nécessaires à la domesticité et au service
: cuisine, Garde-manger, échansonnerie, paneterie,
saucerie et fruiterie. Un très agréable jardin
occupe aujourd'hui la basse-cour.
La forteresse royale
:
La basse-cour est
séparée du château royal par un profond
fossé sec, que l'on franchissait au moyen d'un nouveau
pont-levis ; lui aussi remplacé par un pont dormant.
Cet édifice monobloc n'est pas sans rappeler la Bastille
de Charles V, ou la représentation du château
de Brest [insérer dans la monographie] figurant dans
l'un des manuscrits des « Chroniques » de Froissart.

Cinq tours le composent
: la Tour de l'Horloge au nord-est, évoquée
précédemment ; une tour hémicylindrique
au sud-est ; une tour polygonale au sud-ouest ; une tour rectangulaire
(tour de l'Artillerie) au nord-est ; une tour-porte carrée
placée au milieu du rempart nord. Leurs bases sont
fortement talutées. Les courtines ont la même
élévation que ces tours, comme à La Ferté-Milon.
L'ensemble culmine à 48 mètres de hauteur et
présente une homogénéité austère,
non dépourvue d'esthétisme. Des fenêtres
à meneaux sont essaimées sur toutes les façades,
pour la plupart protégées par des grilles à
l'époque carcérale. Une belle couronne de mâchicoulis
provençaux (longues consoles) ceint le faîte
de l'édifice. Le crénelage est le fruit d'une
restauration XXe siècle. La défense s'effectuait
exclusivement depuis la large plateforme ménagée
au sommet. Les bouches-à-feu pouvaient s'y manipuler
aisément.
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Dans la haute cour
:
Au pied de la tour-porte
est percé un passage voûté, en chicane,
barré d'une herse (disparue) et défendu par
un assommoir. Il donne accès à la cour d'honneur
du site autour de laquelle s'articulent les logis des comtes
de Provence, rois de Naples. Au nord et à l'est court
une splendide galerie voûtée, probablement due
à Louis III d'Anjou entre 1429 et 1434. À l'ouest
se trouve la salle des festins, cadre des divertissements
d'antan. Nous découvrons au sud la Grande Chapelle
et la chapelle des Chantres, où chanteurs et musiciens
s'installaient durant les offices. Les sons passaient dans
la Grande Chapelle grâce à une baie carrée
percée dans le mur ouest. Dans l'angle sud-est de la
haute cour, une grande vis dessert les étages. Sous
l'une des belles fenêtres à meneaux figure une
double niche abritant les bustes mutilés du roi René
et de son épouse, Jeanne de Laval.
Les étages
:
Le premier niveau
était réservé au roi de Naples et à
son épouse. On y trouve une grande salle réservée
à l'apparat et les appartements royaux, avec chapelle,
chambre, retrait, étuve.... Les dispositions des deux
étages supérieurs sont très similaires.
Sur les murs de nombreuses salles figurent de très
beaux graffiti de prisonniers. Mais la palme de l'esthétisme
revient sans conteste à la Salle des Galères,
située dans la tour nord-ouest. Les graffiti relevés,
en couleur, remontent à la fin du XVe ou au XVIe siècle.
On y trouve un échiquier, une forteresse, une représentation
du Golgotha, de très nombreux bateaux... Les questions
qui et pourquoi sont à ce jour demeurées sans
réponse.
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