Les origines :
Le site de Tarascon
est sans doute fortifié depuis des temps reculés.
Sa position clef sur la rive gauche du Rhône, face à
lantique « Ugernum » (Beaucaire), le rend
bien vite essentiel pour contrôler le trafic sur le
fleuve. Tarascon est mentionné dans la Géographie
de Strabon (51 av. J.-C.- vers 25 apr. J.-C.) : «
depuis Nîmes jusquà Ugernum et à
Taruscon
» (Liv. IV-3). Au XIIe siècle,
Tarascon est une forteresse importante des comtes de Provence.
La place joue un rôle considérable dans les combats
livrés entre croisés et Toulousains pour la
possession de Beaucaire (1216). Selon la « Chanson de
la Croisade albigeoise », le comte de Toulouse Raymond
VI aurait conseillé à son fils Raymondet (littéralement
« Le Petit Raymond », futur Raymond VII), désireux
de semparer de Beaucaire : « Veillez pareillement
sur ceux de Tarascon. Soyez bon, généreux, faites
quils vous chérissent car vous ne pourrez pas,
sans eux, prendre Beaucaire. Leurs bateliers armés
doivent fermer laccès au roc où est bâti
le rempart. Privé deau, Beaucaire tombera. »
Le palais des comtes
d'Anjou-Provence
Le château fait lobjet dune première
restauration complète en 1292, sur ordre de Charles
II dAnjou. Mis à mal pendant les années
1367-1382, il est de nouveau entièrement reconstruit
à partir de 1400 par la dynastie des Anjou-Provence,
virtuels rois de Naples. Le « Bon Roi René »,
mécène éclairé, amateur dart
et lui même poète à ses heures («
Le Livre du Cuer d'Amours espris » vers 1457), en fait
lune de ses résidences préférées.
Tarascon est alors une redoutable place frontière entre
le royaume de France et le comté de Provence, doublé
dune confortable résidence. Elle perd cette importance
stratégique à la mort du comte Charles du Maine
(1481), qui avait au préalable désigné
comme héritier de lensemble de ses possessions
le roi de France Louis XI.
La prison :
Tarascon connaît
une dernière fois le feu des armes en 1652, pendant
la Fronde. Les traces de boulets de canons visibles sur ses
façades datent de cette époque. Aux XVIIe et
XVIIIe siècle, il sert de prison à des prisonniers
de guerre anglais, puis espagnols. Les volumes intérieurs
sont alors divisés pour aménager des cellules.
De nombreux graffitis, notamment d'extraordinaires représentations
de navires, sont gravés dans les murs du château.
Il reste prison jusquen 1926 et est acquis par l'État
en 1932.
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La légende
de la Tarasque :

Créature fabuleuse
et sanguinaire, la Tarasque commet nombre de méfaits
avant d'être vaincue par sainte Marthe. Voici ce que
raconte Jacques de Voragine à son propos, dans sa célèbre
Légende dorée (XIIIe siècle) :
« Il y avait
alors le long du Rhône, dans un bois situé entre
Arles et Avignon, un dragon ressemblant à un poisson
à partir de la moitié du corps, plus gros qu'un
buf, plus long qu'un cheval, qui avait la gueule garnie
de dents énormes. Il attaquait tous les voyageurs passant
sur le fleuve et il engloutissait les embarcations. Il était
venu par mer de Galatie (région de l'actuelle Turquie),
en Asie, où il avait été engendré
d'un serpent marin et tout ce qu'il touchait mourrait dans
l'instant. Marthe, émue par les prières du peuple,
entra dans le bois. Elle y trouva de l'eau bénite et
elle lui présenta une croix. Alors le monstre, devenu
doux comme un agneau, se laissa attacher. Car Marthe lui passa
sa ceinture autour du cou. Le peuple vint alors le tuer à
coups de pierres. Ce dragon s'appelait la Tarasque. En mémoire
de cet événement, l'endroit fut appelé
Tarascon, ce qui signifie lieu noir et ombragé, parce
qu'en effet il y avait là des bois sombres et touffus
». La légende de sainte Marthe domestiquant le
monstre est très probablement une allégorie
du christianisme triomphant du paganisme. Elle peut laisser
entendre qu'il y avait à l'emplacement de Tarascon
un ancien temple païen.
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