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MAJ le 02/12/2024
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Fortifications de La Rochelle, XIVe, XVe siècle.


Textes et photos ©

Fondation :
  • Le véritable essor de La Rochelle débute après la ruine de Châtelaillon, en 1126.
Sous le règne de :
  • Louis VI le Gros (1108-1137)
Grandes dates :
  • 1152 : Par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt, La Rochelle passe entre les mains de la future dynastie anglo-angevine.
  • 1214 : Première mention d'un castrum à Rupella.
  • 1224 : Louis VIII le Lion (1223-1226) s'empare de La Rochelle.
  • 1360 : Les clauses du traité de Brétigny octroient la ville au roi d'Angleterre Edouard III (1327-1377).
  • 1372 : Charles V (1364-1380) reprend la cité aux Anglais.
  • 1571 : Synode calviniste à La Rochelle. Henri de Navarre (futur Henri IV) y participe.
  • 1573 : Les Catholiques assiègent vainement La Rochelle.
  • 1627-1628 : Grand siège de La Rochelle par l'armée de Louis XIII commandée par Richelieu. 20 000 morts dans la population.
  • 1822 : Affaire des quatre sergents de La Rochelle.
Principal intérêt :
  • Les trois tours forment un ensemble fortifié homogène des XIVe et XVe siècles. La disposition des tours de la Chaîne et de Saint-Nicolas permettent de comprendre les systèmes utilisés autrefois pour barrer l'entrée d'un port. Cette dernière est une remarquable tour-résidence type du dernier quart du XIVe siècle. La tour de la Lanterne enfin, possède une magnifique flèche de style gothique flamboyant et constitue à ce titre l'un des plus vieux phares de France.
Statut :
  • Classées Monuments Historiques en 1917. Propriétés de l'état.
Bibliographie :
  • Pas de référence pour le moment.

Entre Capétiens et Plantagenêts :

Avant le XIIe siècle, il n'y avait probablement à l'emplacement de La Rochelle qu'un simple village de pêcheurs. La région était dominée par les sires du castrum Allionis, Châtelaillon, vassaux des comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine. En 1126, le duc Guillaume X le Toulousain décida d'abattre le dernier rejeton de la lignée, Isembert de Châtelaillon. Il se présenta devant la place éponyme, s'en empara et la dévasta.

Il choisit alors de favoriser le lieudit voisin de Rupella et d'en faire une place commerciale et militaire de premier ordre. Par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le comte d'Anjou Henri Plantagenêt (1152), La Rochelle passa aux mains du comte d'Anjou. Après l'accession au trône d'Angleterre de ce dernier (1154), la ville devint partie intégrante de ce que l'on nomme aujourd'hui communément " Empire Plantagenêt ", s'étirant du mur d'Hadrien (nord de l'Angleterre) aux Pyrénées. Un château y est mentionné pour la première fois en 1214. La commune jouissait alors de nombreux privilèges et battait même monnaie.

La Rochelle fut assiégée et prise par le roi de France Louis VIII le Lion en 1224. Elle passa donc sous influence française à cette date et y demeura pendant plus de 130 ans. La forteresse s'élevait au cœur de l'enceinte urbaine, sur le site de l'actuelle place de Verdun, face à la cathédrale Saint-Louis. Ses vestiges ont été mis à jour et fouillés en 1995 à l'occasion de la construction d'un parking souterrain.

La guerre de Cent Ans :

En 1360, le terrible traité de Brétigny imposé par le roi d'Angleterre Edouard III après le désastre de Poitiers (1356), obligea le dauphin Charles (futur Charles V) à céder notamment la capitale de l'Aunis. La Rochelle redevenait anglaise, non sans avoir au préalable refusé d'ouvrir ses portes aux Anglais et protesté de sa fidélité au roi de France. Froissart raconte : " Sur la côte aussi, en Poitou, en Rochellais et dans tout le pays de Saintonge, il y eut grand déplaisir aux barons, aux chevaliers et aux bonnes villes du pays à devenir anglais. Et plus spécialement ceux de la ville de La Rochelle qui ne voulaient s'y résoudre et protestèrent à maintes reprises, et affirmèrent pendant plus d'un an que jamais il ne laisseraient entrer les Anglais dans leur cité. On peut s'émerveiller des douces, aimables et suppliantes lettres qu'ils écrivaient encore et encore au roi de France, le suppliant par Dieu qu'il ne les abandonne pas et ne les écarte pas de son domaine pour les remettre dans des mains étrangères ; qu'ils préféraient être grevés chaque année de la moitié de leurs revenus plutôt que d'être aux Anglais. Sachez que le roi de France qui voyait leur bonne volonté et leur loyauté et écoutait attentivement leurs doléances, avait grand pitié d'eux. Mais il leur demanda et écrivit affectueusement et soigneusement qu'ils devaient obéir, ou autrement la paix serait enfreinte et brisée et que ce coup serait un trop grand préjudice pour le royaume de France. Quand ceux de La Rochelle virent l'embarras, et que ni les protestations, les remontrances et les prières n'avaient aucun effet, ils obéirent. Mais ce fut avec difficulté et les plus grand notables de la Rochelle s'écrièrent : Nous accepterons les Anglais des lèvres, mais nos cœurs jamais ne changerons. " Belle manifestation de patriotisme !

L'occupation anglaise dura une grosse dizaine d'années. En 1372, la ville ouvrait ses portes aux troupes de Charles V, enfin réconciliées avec la victoire. L'échevinage fut anoblit et les privilèges fiscaux de la cité confirmés. Selon les contemporains, le vieux château fut démantelé et ses matériaux utilisés pour renforcer les défenses du port. L'archéologie a confirmé ces dires. De cette époque datent donc approximativement les tours Saint-Nicolas et de la Chaîne.

La Genève française :

Les Anglais se présentèrent à maintes reprises devant La Rochelle durant la première moitié du XVe siècle. Jamais ils ne parvinrent à s'en emparer. A la fin du conflit franco-anglais (1453), la place reprit le cours de ses activités commerciales traditionnelles. Rien ne vint troubler cette quiétude jusqu'au début des guerres de Religions (1562). La Rochelle, alors surnommée " la Genève française ", comptait en son sein une importante communauté réformée et devint rapidement la " capitale " des adeptes du nouveau culte. En 1571 se tint un synode national calviniste dans l'ancien couvent des augustins, en présence notamment d'Henri de Navarre (le futur Henri IV).

Assiégée une première fois par l'armée royale catholique en 1573, la capitale de l'Aunis résista vaillamment et finit par repousser l'agresseur, tuant au passage près de 20 000 assaillants. Elle n'eut pas la même chance en 1627, lorsque les troupes de Richelieu se présentèrent au pied des murailles. Le cardinal, épaulé par l'ingénieur Clément Métezeau (voir Coucy), fit bloquer la cité côté mer par une énorme digue artificielle hérissée de pieux de bois. Il coupa ainsi la voie maritime au ravitaillement anglais qu'attendaient les assiégés. A terre également, il organisa le bouclage complet de l'enceinte urbaine. La défense, emmenée par le maire Jean Guiton, tint bon jusqu'en octobre 1628, mais se vit contraint à la reddition le 30 de ce mois. Plus de 20 000 cadavres jonchaient les rues de la ville.

La répression fut terrible et La Rochelle perdit sa commune et ses exemptions. Mais elle se releva bien vite, profitant largement des échanges réguliers avec le Nouveau Monde. Elle participa activement, comme tous les grands ports d'Europe occidentale, au sinistre commerce triangulaire. Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes ne changèrent rien à sa destinée. A la Restauration, la tour de la Lanterne servit de prison aux fameux quatre sergents de La Rochelle, membres de la société secrète des Carbonari et instigateurs d'un complot contre le roi Louis XVIII (1822). Ils gravèrent sur les murs de leur geôle des graffitis émouvants, témoins de leur triste passage.

Importante base sous-marine allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, La Rochelle fut l'une des dernières villes de France libérées en 1945.




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