Historique :
Le " castrum
nomine Boeniatum " (château nommé Beynac)
apparaît avant 1150. Les seigneurs du lieu figurent
à plusieurs reprises au nombre des bienfaiteurs de
l'abbaye de Cadouin naissante. Le lignage des premiers sires
de Beynac s'éteint en 1194 et le duc d'Aquitaine et
roi d'Angleterre Richard Ier profite de cette vacance pour
offrir la châtellenie à Mercadier, chef de ses
routiers. Ce Mercadier participe à tous les conflits
sous la bannière de Richard : il s'empare d'Issoudun
en 1195 et assiste même le Cur de Lion dans ses
derniers instants, en avril 1199. Mercadier meurt assassiné
l'année suivante à Bordeaux et Beynac revient
à une branche cadette de la famille originelle.
Le château
est attaqué et rasé par Simon de Montfort en
1214 lors d'une vaste opération militaire en Rouergue
et Périgord. Les terres restent malgré tout
aux mains de la même famille. Les Beynac reconstruisent
bien vite leur forteresse et demeurent fidèles aux
rois de France. La Dordogne trace une frontière naturelle
entre les possessions françaises et le duché
de Guyenne, propriété du roi d'Angleterre, à
compter du traité d'Abbeville (4 décembre 1259).
Beynac surveille la navigation sur la Dordogne et fait surtout
dorénavant face à Castelnaud, aux mains de la
puissante famille agenaise de Caumont, vassale des Plantagenêts.
Les deux lignages se livrent une lutte acharnée durant
toute la Guerre de Cent Ans. Pons de Beynac y met un terme
en s'emparant de Castelnaud (1442).
Beynac fait désormais
partie avec Mareuil, Bourdeille et Biron des quatre grandes
baronnies du Périgord. Chacun de leurs titulaires défend
ses intérêts et prétend à l'hégémonie
sur les trois autres. Il s'ensuit d'inévitables et
interminables conflits qui se soldent par l'épuisement
des belligérants.
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Les Beynac jouent
encore un rôle modeste durant les " Guerres de
Religions " et la Fronde, mais leur heure de gloire est
irrémédiablement passée. Le lignage masculin
s'éteint en 1753 et le patrimoine familial passe par
mariage aux Beaumont, qui le conservent jusqu'en 1962. Classé
monument historique le 11 février 1944, le château
est aujourd'hui une propriété privée
ouverte à la visite.
Description :
André Châtelain
a parfaitement défini le château de Beynac comme
" la juxtaposition très compacte de plusieurs
volumes quadrangulaires ". Il est implanté sur
le rebord d'une falaise et domine de près de 150 mètres
le cours de la Dordogne. Les parties les plus anciennes s'articulent
autour du donjon dont les fondations remontent au XIIe siècle.
On y accédait primitivement, comme dans les tours maîtresses
de l'époque romane, par une porte située très
en hauteur. Son sommet est crénelé. Un grand
bâtiment résidentiel y fut accolé au XIIIe
siècle. Il abrite la salle dite " des Etats ",
lieu probable de réunion des quatre grands barons du
Périgord à la fin du XVe siècle. Elle
mesure 18 mètres de long pour 9 mètres de large
et possède une belle voûte de pierre. Face à
l'à-pic s'élève un joli corps de logis
percé de nombreuses et splendides fenêtres à
meneaux. Deux petites bretèches défient le vide
accrochées à la paroi. L'ensemble fut hérissé
d'échauguettes en encorbellement, sans doute à
la fin du XVe siècle ou vers le début du XVIe
siècle. La chapelle castrale se tient aujourd'hui en
dehors de l'enceinte. Elle est désormais devenue l'église
paroissiale. Une solide enceinte crénelée, pour
large part érigée au XVIe siècle délimite
une basse-cour de dimensions relativement modestes.
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