Le choix du site
de Crest pour implanter une forteresse n'est nullement dû
au hasard. Outre les particularités topographiques
favorables, il contrôlait également l'entrée
dans le massif alpin de l'ancienne voix romaine reliant Valence
(Valentia) à Gap (Vapincum), via Die (Dia Augusta).
Cette route bimillénaire longe toujours le cours de
la Drôme (D 93). Un premier château est attesté
vers 1120, bâti par un certain Arnaud, richement possessionné
dans la région. En 1145, les évêques de
Die reçurent la suzeraineté de la place. Il
s'agissait pour les pontifes d'un enjeu stratégique
majeur, puisqu'il acquéraient ainsi la maîtrise
de l'unique axe de communication de leur cité épiscopale
en direction de la vallée du Rhône. Mais les
dauphins de Viennois d'abord (1201), les comtes de Valence
ensuite (1267), se montrèrent également très
vite intéressés. Ces derniers se querellèrent
alors sans cesse avec les autorités ecclésiastiques
dioises pour la propriété complète de
ce véritable verrou des Alpes. Chacun des partis apporta
sa " pierre " à la construction et marqua
de son emprunte l'édifice actuel (XIIe-XVe siècle).
Crest passa finalement avec le Dauphiné dans l'orbite
française à compter de 1349, mais ne rentra
réellement dans le patrimoine de la couronne que vers
1420.
Crest fut alors concédé
à diverses familles, dont les Grimaldi de Monaco. Prison
royale du XVIIe au XIXe siècle, elle gagnera son surnom
de " Bastille du Sud " et de multiples graffitis
sur les parois de ses murs. Les derniers pensionnaires involontaires
du lieu furent les opposants au coup d'état de Napoléon
III, en 1851.
|
L'élément
maçonné le plus ancien est la haute tour carrée
dotée d'un éperon du côté de l'attaque,
un peu conçue dans l'esprit du bergfried alsacien (voir
Ortenbourg). Elle était primitivement hourdée.
Cette singularité est directement imputable aux évêques
de Die, dans la seconde moitié du XIIe siècle.
Du XIIIe au XVe siècle ensuite, on édifia un
puissant mur-bouclier perpendiculaire à la tour primitive
et on éleva progressivement à l'abri de cette
imposante masse des logis seigneuriaux sur plusieurs niveaux.
On trouve donc à l'intérieur, outre un niveau
en sous-sol et un rez-de-chaussée, trois étages
et un volume sous combles. Une quinzaine de pièces
hébergeaient le sire des lieux, sa garde et sa suite.
On trouve au sommet, des terrasses et un chemin de ronde avec
parapet crénelé. Il convient également
de remarquer les bases talutées de l'édifice
et la présence de fausses-braies. Une intéressante
muséographie-scènographie retraçant l'histoire
du site et de la région a redonné au monument
une seconde vie.
.
|