C'est au Ve siècle
que le nom de Bois-Ruffin surgit dans les textes. Balthilde,
épouse de Clovis II (635-657), fait don à l'abbaye
Saint-Père de Chartres de nombreuses terres dans la
région du Perche, dont celle de Bois-Ruffin.
Cinq siècles
plus tard, dans une charte datée de 1113-1129, Ursion
Ier de Meslay, seigneur de Fréteval, fait don à
la même abbaye de " la seigneurie et de toute la
terre qui est appelée Bois-Ruffin avec toute la forêt
". Cet acte précise en outre qu'une partie de
cette terre a précédemment été
donnée à l'abbaye de Thiron par Jérémie
de Lisle (beau-père d'Ursion). Une charte contemporaine
nous apprend également que Bois-Ruffin est sous la
suzeraineté de Guillaume II Goët. On peut en conclure
que les seigneurs de Bois-Ruffin étaient vassaux de
la famille Goët.
C'est en 1191 que
Nicolas de la Bruyère, proche des seigneurs du fief
Goët, apparaît comme seigneur de Bois-Ruffin. C'est
lui qui, entre 1150-1180, passe un accord avec l'abbaye de
Thiron, et nous avons pour la première fois mention
du site fortifié : " les haies et plessis de Bois-Ruffin
". C'est Nicolas III qui entreprend, entre 1240 et 1250,
la construction du noyau fortifié maçonné
que nous connaissons aujourd'hui.
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Vers 1418, durant
la guerre de Cent Ans, Bois-Ruffin tombe aux mains des anglo-bourguignons
qui le transforment en prison. Les minutes des notaires du
Dunois, relatant le paiement de rançons ou l'échange
de prisonniers entre février 1420 et janvier 1421,
en conservent le témoignage. En juin 1421, le maréchal
de Boucicaut, à la tête d'une bande de routiers,
en entreprend le siège. Au bout de huit jours, le 14
juin, Bois Ruffin se rend et redevient français.
C'est par mariage
que Bois-Ruffin passe aux mains de la famille d'Avaugour en
1422, puis aux Beauxoncles-Montmorency en 1584. A cette époque,
Henri de Navarre (le futur Henri IV) enlève aux ligueurs
les places fortes de la région (Châteaudun, Bonneval,
Fréteval
). Nous ne savons malheureusement pas
quel sort fut réservé à Bois Ruffin.
Grâce à
un devis réalisé pour des travaux de réfection,
nous apprenons qu'en décembre 1684 le site est à
l'abandon. Seuls les travaux de rénovation de la chapelle
seront réalisés par Léon de Montmorency
(1664-1750). A la révolution, Bois-Ruffin est confisqué,
puis vendu le 14 août 1794 à charge pour le nouveau
propriétaire de détruire la tour jugée
" poste de défense pouvant servir aux ennemis
de la chose publique ". Par chance, ce décret
ne sera jamais appliqué et le donjon survivra à
la tourmente révolutionnaire.
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