La seigneurie de
Fougères apparaît au Xe siècle. Un nommé
Méen fonde la forteresse vers l'an mil, au carrefour
des grandes voies romaines qui mènent de Rennes à
Bayeux et de Brest à Chartres. L'endroit est éminemment
stratégique, aux confins de la Bretagne et de la Normandie.
La nouvelle forteresse est donc très vite appelée
à jouer un rôle important dans les relations
houleuses entre les deux principautés.
Au XIIe siècle,
Raoul II de Fougères (m. en 1194) est d'abord l'allié
inconditionnel de Henri II Plantagenêt avant de devenir
l'un de ses plus irréductibles ennemis. Le Plantagenêt
assiège et détruit la forteresse en représailles
(1166). Raoul II la fait aussitôt reconstruire et Henri
vient l'assiéger derechef, en vain cette fois, quelques
années plus tard. Raoul de Fougères poursuit
sa carrière en Terre Sainte, accompagnant Philippe
Auguste et Richard Cur de Lion au cours de la Troisième
Croisade (1190-1192). De retour sur son sol natal, il prend
au soir de sa vie l'habit monastique en l'abbaye proche de
Savigny, qu'il avait par ses largesses contribué à
rendre prospère. Son successeur, Geoffroi, choisit
le parti de Philippe Auguste contre celui de Richard Cur
de Lion.
Le XIIIe siècle
voit un rapprochement significatif entre les sires de Fougères
et la couronne de France. Pour les Capétiens, cette
vigie face à la Bretagne verrouille les accès
à la Normandie et au Maine et revêt donc un intérêt
stratégique de premier plan. Pendant la difficile minorité
de Louis IX et la fronde des grands vassaux, Raoul III de
Fougères, en rupture de ban avec son suzerain, le duc
de Bretagne Pierre Mauclerc (1213-1250), rend directement
hommage au Capétien pour sa forteresse (1229). En réponse
à cet affront, Mauclerc attaque Fougères l'année
suivante et s'en empare par surprise. Louis IX avec son ost
se présente aussitôt sous les remparts du château
qu'il reprend sans difficulté. Raoul de Fougères
est désormais un fidèle du roi de France qu'il
accompagnera jusqu'en Egypte, lors de la Septième Croisade
(1248-1254).
Raoul III meurt en
1256 en laissant pour seule héritière sa fille
Jeanne, épouse du seigneur Hugues XI de Lusignan (m.
en 1260). Les terres et le château passent donc dans
le giron de cette puissante famille, dont l'un des membres
s'est brièvement assis sur le trône de Jérusalem
(Gui de Lusignan de 1186 à 1192). En ce milieu du XIIIe
siècle, les Lusignan portent toujours la couronne de
Chypre. A l'extinction de la lignée masculine en 1307,
le roi Philippe IV le Bel (1285-1314) ne s'embarrasse pas
de scrupules et met la main sur le patrimoine de la maison
poitevine.
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Fougères reste
alors dans le giron de la couronne de France et est donnée
à une branche cadette des Capétiens : la maison
d'Alençon. A l'ouverture de la Guerre de Succession
de Bretagne (1341) la place fait l'objet de toutes les convoitises
de la part des deux camps en présence : les Montfort,
alliés des Anglais, et Charles de Blois, allié
des rois de France. Le château revient aux parti des
Montfort après le traité de Guérande
(1365). Du Guesclin le reprend une dizaine d'années
plus tard et le restitue à la famille d'Alençon.
Jean II d'Alençon
est fait prisonnier par les Anglais lors de la défaite
des troupes françaises à Verneuil-sur-Avre (Eure),
en 1424. Pour payer sa rançon, il se voit contraint
de vendre Fougères au duc Jean V de Bretagne. Les successeurs
de ce dernier s'emploient à compléter les fortifications
de la vieille cité, qui marque désormais la
limite orientale de leurs états. Le capitaine Aragonais
François de Surienne parvient à s'en emparer
pour le compte des Anglais en 1449. Mais le frère du
duc François II, Pierre de Bretagne, l'enlève
une dernière fois au mois de novembre de la même
année.
Fougères n'en
a pas pour autant terminé - loin s'en faut - avec les
épisodes guerriers. En 1488, le roi de France Charles
VIII fait donner son artillerie sous les vieilles murailles
et le gouverneur du château doit capituler. Lorsque
le roi de France épouse en 1491 l'unique héritière
du duché à l'Hermine, la célèbre
Anne de Bretagne, l'Armorique entre définitivement
dans l'orbite française.
Durant la Révolution
française, Fougères est un important foyer d'insurrection
royaliste. Les Chouans et les Républicains l'occupent
et tentent de la conserver à tour de rôle. Notons
enfin que la ville subit de lourds bombardements en juin 1944.
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