Le château
occupe une éminence naturelle dominant la cité
médiévale fortifiée et le cours de la
Vienne, à quelques kilomètres de son confluent
avec la Loire à la hauteur de Montsoreau. Il est séparé
en trois parties inégales : le fort Saint-Georges ;
le château du Milieu ; le fort du Coudray.
1/ le fort Saint-Georges
:
Il forme un ouvrage
avancé qui commandait tous les accès principaux
à la place, un peu dans l'esprit de la barbacane du
Château-Gaillard. Construit sous Henri II Plantagenêt,
il possédait une chapelle dédiée à
saint Georges, patron de l'Angleterre. Son front oriental
était défendu par une tour à éperon,
disposition assez caractéristique de l'architecture
Plantagenêt (Loches, le Coudray-Salbart, le donjon du
Château-Gaillard ou la Tour Blanche d'Issoudun notamment).
2/ Le château
du milieu :
Il est séparé
des forts Saint-Georges et du Coudray par de profonds fossés
secs taillés dans la roche. On devait autrefois franchir
un pont-levis à flèches pour y pénétrer.
Il a été remplacé au XIXe siècle
par un pont dormant en pierre. La fine Tour de l'Horloge défend
l'entrée depuis le XIVe siècle. Elle arbore
une jolie couronne de mâchicoulis agréablement
ornés de motifs trilobés. Les rails d'une herse
sont encore visibles dans les parties basses. La Tour est
pourvue de latrines logées dans une petite bretèche
accrochée à sa façade intérieure.
Sa toiture abrite une cloche datant de 1349 appelée
Marie Javelle.
Depuis la Tour de
l'Horloge monte vers la cour une longue rampe pavée.
Au sud se dresse un corps de logis construit au XVe siècle.
C'est là que s'installa le dauphin Charles à
compter de 1427. La " Salle de la rencontre " se
trouvait au premier étage d'un bâtiment aujourd'hui
disparu. N'en demeurent plus que le pignon ouest et une belle
cheminée. Le logis qui la jouxtait est en revanche
parvenu jusqu'à nous à peu près intact,
avec en rez-de-chaussée, placées en enfilade,
la salle des gardes, la cuisine, la salle du commun et la
sommellerie. Au premier niveau, étage noble par excellence,
on trouvait certainement dans l'ordre depuis la grande salle
la chambre de retrait, la chambre de parement et la chambre
du roi. Les communications verticales s'effectuaient notamment
grâce à une vis interne. Des trous de boulins
sur la façade nord de l'édifice indiquent la
présence passée d'une galerie en bois formant
couloir et desservant certaines pièces de l'étage.
Elle reliait sans doute la grande salle et les appartements
royaux. Elle apparaît sur une ancienne lithographie.
Au centre de la cour se tenait la chapelle Sainte-Mélaine.
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L'enceinte de ce
Château du Milieu fut renforcée par plusieurs
tours d'époques diverses : Tour du Coin (ou de l'échauguette)
à l'angle nord-est, très endommagée (probablement
XIIIe siècle) ; Tour du Trésor (XIIe siècle)
; Tour des Chiens (XIIIe siècle) ; Tour d'Argenton,
construite par Philippe de Commynes à la fin du XVe
siècle et étudiée pour la manipulation
des armes à feu...
3/ Le fort du Coudray
:
Il est séparé
du Château du Milieu par un profond fossé sec
creusé à l'instigation de Philippe Auguste et
qu'enjambait autrefois un pont-levis. Les murailles sont flanquées
de plusieurs tours de formes diverses. On reconnaît
par exemple des constructions type de l'architecture Plantagenêt
(embasement carré sur lequel s'élève
une tour cylindrique) comme la Tour du Moulin. Philippe Auguste
marqua sa conquête de sa patte, en érigeant selon
son habitude une grande tour cylindrique du type du donjon
de Rouen, de la Tour Blanche d'Issoudun, de la Tour du Prisonnier
de Chinon, de la Tour Grise de Verneuil-sur-Avre, du donjon
de Lillebonne, de la Tour Talbot de Falaise, de la Tour des
Archives de Vernon, de la Grosse Tour de Villeneuve-sur-Yonne,
et du donjon de Dourdan, tous dérivés du grand
donjon du Louvre. La Tour du Coudray est donc de la même
facture, avec ses trois niveaux intérieurs voûtés
en pierre, son bel appareil en pierres soigneusement taillées
et sa base talutée. Les escaliers intérieurs
sont en rampe lovée dans la maçonnerie. On pénétrait
primitivement dans cet édifice par le dernier étage,
disposition en revanche peu fréquente dans l'architecture
philippienne (Falaise et Gisors uniquement). Cette tour était
à l'origine certainement surmontée de hourds
selon l'usage de l'époque. Une gravure du XIXe la montre
toutefois coiffée d'un ressaut et d'une toiture en
poivrière, aménagement usuel au XVe siècle
(voir Sully-sur-Loire, Chaumont, Langeais, Plessis-Bourré...)
Au XIIIe siècle également fut bâtie la
grosse Tour de Boisy, au plan en U, afin de renforcer l'angle
sud-est de la place. Une chapelle dédiée à
saint Martin s'élevait au pied de la Tour du Coudray
au XVe siècle.
Chinon représente
un incroyable catalogue d'architecture castrale du XIe au
XVe siècle. Il montre la volonté permanente
de ses différents propriétaires de l'adapter
aux évolutions des armements ou aux modes de vie de
leurs temps respectifs. Ce lieu envoûtant chargé
d'Histoire permet au visiteur de plonger littéralement
dans le passé. Les chercheurs y trouveront pour leur
part des sujets d'étude sans limite.
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