La forteresse :
Le bourg fortifié
de Loches occupe un long éperon rocheux naturel. Une
triple enceinte le protégeait sur tout son périmètre
(environ 2 km), abritant notamment la collégiale Saint-Ours
(d'abord Notre-Dame).
A la pointe sud de
cet éperon, se dresse l'imposant ensemble castral débuté
sous Foulques Nerra. Une récente analyse dendrochronologique
(méthode de datation par examen des restes de bois
présents dans l'édifice) a démontré
que le gros donjon quadrangulaire à contreforts hémicylindriques
fut érigé en plusieurs phases successives :
1/ A une date indéterminée
mais sans doute peu avant 1013, le rez-de-chaussée,
aveugle et faisant, comme souvent à cette époque,
office de cellier, de réserve. Il était séparé
en deux par un mur de refend.
2/ Vers 1013, le
premier niveau planchéié. Il abritait l'aula,
la grande salle du château. Le seigneur y recevait ses
invités, y tenait justice, y prenait ses repas. On
y pénétrait à l'origine par une porte
située très en hauteur au nord.
3/ De 1030 à
1035 les deux niveaux supérieurs, avec cette fois la
camera, les appartements seigneuriaux au second et sans doute
un étage défensif au sommet. Ces trois étages
étaient dotés de belles cheminées dans
la façade ouest. Ils étaient desservis par de
remarquables escaliers ménagés dans l'épaisseur
de la muraille orientale.
L'ensemble culmine
à 36 mètres. Les murs atteignent 3,60 mètres
à la base, pour une longueur de 25,30 mètres
et une largeur de 15,40 mètres. Le faîte était
à l'origine hourdé et tous les étages
supérieurs percés de belles fenêtres,
aujourd'hui majoritairement obstruées.
Devant ce monumental ensemble, au nord, fut bâti sans
doute à partir de 1020 un avant-corps désigné
sous le nom de " Petit-donjon ". Ses dimensions
au sol sont de 7 mètres sur 15,50 mètres, pour
une hauteur totale de 25 mètres. Les murs sont épais
de 2,80 mètres à la base. Il protégeait
l'unique entrée du grand donjon. Une porte ménagée
dans la façade ouest à 3 mètres de hauteur
permettait d'y pénétrer. Un escalier longeait
le parement intérieure à l'ouest au nord et
à l'est pour amener au premier étage de la grande
tour maîtresse. Au point culminant du petit donjon fut
aménagée une chapelle dédicacée
à saint Salleboeuf.
Au XIIe siècle,
Le noyau primitif fut doté d'une demi-chemise. Henri
Plantagenêt, Richard Cur de Lion et Jean Sans
Terre y imprimèrent leur patte. De la charnière
des XIIe et XIIIe siècles datent les belles tours en
amande qui montent toujours la garde, impassibles sentinelles,
face à un ennemi qui ne viendra plus. Elles possèdent
trois étages, un diamètre de 9 mètres
et de belles archères à étriers. Une
seconde entrée existait de ce côté, enjambant
un impressionnant fossé sec creusé dans la roche
à peu près à la même époque.
Il mesure 25 mètres de large pour 20 de profondeur.
Cet accès sud fut sans doute condamné lorsque
Loches devint prison royale, au XVe siècle. Du début
de cette époque carcérale date le pavillon d'entrée
rectangulaire, qui servit peut-être de prison à
Commynes. On retrouve dans sa cellule présumée
une restitution de l'une de ces cages qui forgèrent
la réputation de cruauté de Louis XI. Ce bâtiment
fut relié à une barbacane par un pont-levis
à flèches.
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On construisit également
au XVe siècle le logis du gouverneur et la tour ronde
de l'angle ouest, dite " Tour Louis XI ". A la base
de cette dernière est une froide salle circulaire,
desservie par un escalier vertigineux. On la présente
parfois un peu hâtivement comme la geôle du cardinal
Balue. Elle servait plutôt à la conservation
de denrées alimentaires. Moins douteuse en revanche,
est la destination de la salle de l'étage immédiatement
supérieur, dite " salle de la question ".
La barre de fer encore visible et équipée d'anneaux
destinés à entraver les membres des suppliciés,
ne laisse pas d'ambiguïté sur les sinistres besognes
exécutées en ce lieu. Les murs sont recouverts
de graffitis d'époques diverses. Depuis le sommet de
la tour, on admire une splendide vue sur les alentours et
plusieurs veuglaires (armes à feu des XIV-XVe siècles)
de divers calibres.
Le dernier ouvrage
attribuable à Louis XI occupe un retour de courtine
sur la face ouest du rempart Plantagenêt. Le Martelet
est une étrange tour qui semble s'enfoncer dans les
entrailles de la terre. Plusieurs cachots y furent installés
et reçurent des hôtes illustres, tel Ludovic
Sforza, duc de Milan, vaincu par Louis XII et enfermé
à Loches après 1500. La finesse des fresques
murales réalisées de la main de ce prince protecteur
de Léonard de Vinci, est proprement surprenante.
Des souterrains
courent enfin sous la forteresse. Ils sont le produit de l'excavation
de la pierre destinée à ériger au XIe
siècle le grand donjon et son petit appendice. Ils
communiquaient certainement avec des moineaux, petits ouvrages
fortifiés bâtis à fond de fossés
pour mieux en assurer le flanquement, la défense.
Le logis royal :
Sans doute commencé
sous le roi Charles V (mort en 1380), le logis royal occupe
l'extrémité nord de l'éperon rocheux.
Il domine la riante vallée de l'Indre et les remparts
de la vieille ville. Dans l'angle sud se dresse une belle
tour cylindrique, nommée " Tour Agnès Sorel
". Une première salle, appelée " Salle
Charles VII ", servait de chambre de retrait. Le roi
y tenait son conseil, y recevait quelques intimes. Derrière,
disposée en enfilade conformément aux canons
de l'architecture médiévale (le couloir y est
pratiquement inconnu), se tenait la grande salle. Ici Jeanne
exhorta le roi à se rendre à Reims afin de s'y
faire sacrer.
Ce logis primitif
fut agrandi à la fin du XVe siècle et au début
du XVIe, sous Charles VIII et Louis XII. On admire dans les
pièces suivantes le tombeau d'Agnès Sorel, favorite
du roi Charles VII et morte en 1450 au Mesnil-sous-Jumièges
(Seine-Maritime). Selon ses dernières volontés,
son corps fut primitivement enseveli en la collégiale
Saint-Ours de Loches. Son gisant fut transféré
au logis en 1970.
Les autres salles
abritent un triptyque (peinture sur trois volets mobiles)
de 1485, un intéressant buste de Charles VIII et le
petit oratoire d'Anne de Bretagne, chef d'uvre de l'art
gothique flamboyant, constellé d'hermines et richement
ciselé.
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