C'est au début
du XIIIe siècle que Gui de Thouars décida d'abandonner
le site du château Bouffay, pour en ériger un
nouveau dans l'angle sud-est de l'enceinte gallo-romaine.
De cet ensemble originel (XIIIe-XIVe siècle) ne subsiste
plus que le Vieux Donjon, grosse tour à vocation résidentielle
couronnée de mâchicoulis bretons. Il est adossé
à la courtine nord.
Une vaste enceinte
pentagonale irrégulière (500 m de chemin de
ronde) en granit à arases d'ardoise, cernée
de douves, est flanquée à chaque angle d'une
grosse tour à canon ronde ou en U. La plus imposante,
la tour du Fer à Cheval, trône à la pointe
ouest. Elle s'élève à une vingtaine de
mètres, possède des murailles épaisses
de 6 mètres et est couverte d'un joli pavillon richement
ornementé. Une autre tour très similaire, quoique
nettement moins trapue, la tour des Jacobins, coupe la courtine
vers l'ouest. C'est également de ce côté
que l'on a percé l'accès principal, entre les
puissantes tours de la Boulangerie et du Pied de Biche. Elles
possèdent aussi des couvertures à pavillons
en tuffeau blanc et les murailles sont percées de canonnières
de formes diverses. Un pont dormant amène aujourd'hui
à un unique pont-levis charretier. La place est dotée
de mâchicoulis bretons sur presque tout son pourtour.
Le front nord a subi
d'importants dommages. La tour des Espagnols et la tour au
Duc n'ont laissé que leur empreinte au sol. Cette dernière
s'avère particulièrement intéressante,
fournissant un plan d'une tour à canon avec casemates
d'artillerie. Elle était reliée à un
bastion du XVIe siècle encore en élévation
par une double-caponnière.
L'austérité
qui se dégage de cette construction est effacée
dès que l'on pénètre dans la cour. Le
Grand Logis et le Grand Gouvernement, appuyés sur les
courtines ouest, s'élèvent sur plusieurs niveaux.
Le Grand logis fut l'uvre de François II et surtout
d'Anne de Bretagne. La façade est percée de
nombreuses fenêtres, ornées d'accolades néogothiques
très bien inspirées lors de restaurations aux
XIXe et XXe siècles. On remarque au niveau des toits
plusieurs lucarnes sur lesquels figurent l'hermine bretonne
et le porc-épic (animal symbole de Louis XII). Ces
lucarnes affichent un étonnant mélange entre
les derniers feux du gothique flamboyant et les premières
influences italiennes. Les communications verticales sont
assurées par quelques escaliers internes, mais surtout
par deux étonnantes vis jumelles logées dans
la tour de la Couronne d'Or. On trouve au sommet des loggias
richement décorées. Le Grand Gouvernement est
un bâtiment d'architecture classique, reconstruit après
l'incendie de 1670. Dans la cour également s'élèvent
le Petit Gouvernement, pavillon de style Renaissance (XVIe
siècle), et le Harnachement, érigé par
les militaires au XVIIIe siècle pour le stockage de
l'artillerie.
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Un modèle
de restauration :
La restauration d'un
Monument Historique est souvent l'objet d'interminables controverses.
A Nantes, " un parti a été adopté
: chaque élément a reçu un traitement
particulier en fonction de la nature des modifications qui
lui ont été apportées au cours des siècles.
Respecter cette évolution a été considéré
comme primordial afin de montrer et de transmettre l'histoire
inscrite dans les murs de ce monument " (citation tirée
du site du château, voir en page d'accueil). Il ne s'agissait
donc pas de restituer le palais dans l'état où
l'avait laissé Anne de Bretagne, encore moins de se
contenter de cristalliser les vestiges sans apporter la plus
petite modification, mais bien de redonner à l'ensemble
son aspect à l'apogée de sa splendeur. Et le
moins que nous puissions dire est que la réussite s'avère
totale. En s'appuyant sur tous les documents anciens à
sa disposition, l'architecte des Monuments Historiques, M.
Pascal Prunet, sous l'il vigilant de Mme Marie-Hélène
Jouzeau, conservatrice du Patrimoine et directrice du château
des Ducs de Bretagne, a accompli un véritable chef-d'uvre.
Les façades ont recouvré leur blancheur d'antan,
la tour de la couronne d'or a retrouvé ses deux flèches,
perdues depuis le XVIIe siècle. Il en va de même
pour le campanile planté sur le chemin de ronde reliant
les tours jumelles de l'entrée
A voir et à
revoir
Le château
de Nantes la nuit par Didier Faure : clichés 21 à
26 du diaporama.
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