L'histoire de la
ville de Nantes est un concentré d'histoire bretonne.
La cité romaine puise sans doute ses racines à
l'époque augustéenne et portait primitivement
le nom de Condevicnum. Elle était la capitale du territoire
des Namnètes, peuple celte mentionné dans la
" Guerre des Gaules " de César, et dont la
ville actuelle tire son nom. Le centre s'entoura d'une enceinte
d'environ 1600 mètres de long au Bas-Empire, au moment
où l'insécurité liée à
la pression des peuples germaniques se fit plus pressante.
Elle dépendait administrativement de la cité
de Tours, métropole de la province de Lyonnaise IIIe.
Un évêque existe à Nantes peut-être
depuis le IVe siècle. Longtemps au cur des rivalités
entre Francs et Bretons, elle fut conquise par Pépin
le Bref au milieu du VIIIe siècle. L'ancêtre
des Carolingiens créa une marche de Bretagne, à
la tête de laquelle il plaça un marquis. L'un
d'entre eux s'ouvrit à la volée les portes de
la légende : le preux Roland, héros principal
et malheureux de la Chanson de Roland. Eginhard, biographe
de Charlemagne, évoque " Hruodlandus Brittannici
limitis praefectus " (" Roland préfet de
la marche de Bretagne "). A compter de 840, emmenés
par Nominoé, les Bretons profitèrent des dissensions
entre les fils de Louis le Débonnaire pour secouer
le joug et gagner par les armes leur indépendance.
Nantes subit de plein
fouet les invasions scandinaves et connut le pillage à
plusieurs reprises (843,853....) Les Vikings s'implantèrent
même franchement dans la région au début
du Xe siècle, et les annalistes de ces temps troublés
évoquent volontiers les " Normands demeurant sur
la Loire ". Ils en furent chassés par Alain Barbetorte
après une série de violentes campagnes (936-939).
Nantes connut cependant un dernier pilage par les Nordiques
en 960. Débuta alors le temps des luttes féodales,
entre ducs de Normandie et Bretons d'abord, entre comtes de
Rennes et de Nantes ensuite, entre Bretons et Angevins enfin.
Le comte de Rennes Conan le Tort s'empara de Nantes en 990
et y fonda le premier château connu, loin de l'emplacement
de l'actuelle forteresse : le château Bouffay. Les Angevins
de Foulques Nerra (Foulques III) enlevèrent la région
peu après et la conservèrent une bonne trentaine
d'année. Les luttes intestines empêchèrent
la cohésion bretonne de se réaliser et le duché
passa successivement sous obédience normande, angevine
une nouvelle fois (les Plantagenêts), puis capétienne.
Au début du XIIIe siècle, Gui de Thouars en
assuma l'administration sous le regard bienveillant de Philippe
Auguste. C'est lui qui fonda le premier château neuf,
à l'endroit où s'élève l'actuelle
forteresse (1207).
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La guerre de Cent
Ans divisa les Bretons en deux clans, l'un soutenu par les
rois de France, l'autre par ceux d'Angleterre. La fameuse
" guerre des deux Jeanne " permit aux belligérants
de poursuivre leur querelle par l'intermédiaire de
leurs partisans. Jean IV, d'abord favorable aux Anglais, parvint
à s'imposer après la bataille d'Auray (1364).
Il se rapprocha en 1381 du roi de France par le traité
de Guérande, y gagnant au passage l'indépendance
de son duché pour plus d'un siècle. Son petit-fils
François II dut en revanche contenir les assauts répétés
des Valois et garnit la frontière avec la France d'un
important réseau fortifié adapté à
l'usage du canon. Il lança la reconstruction totale
du château de Nantes à partir de 1466. L'armée
de Charles VIII tenta vainement de s'emparer de la ville en
1487 et c'est finalement le noble breton Alain d'Albret qui
la livra aux Français, le 20 mars 1491. Un mariage
entre l'héritière légitime du duché,
la célèbre Anne de Bretagne, et le roi Charles
VIII, scella définitivement le sort de la principauté
à l'hermine et rattacha sa destinée à
celle de la France.
Le château
de Nantes poursuivit une estimable carrière comme résidence
royale en Bretagne. Louis XII y épousa Anne de Bretagne
en 1498. Le logis appelé Petit Gouvernement fut élevé
sous François Ier dans le style Renaissance. Le monarque
proclama entre ces épaisses murailles, sur requête
du parlement de Bretagne réuni à Vannes, la
rattachement perpétuel du duché à l'hermine
au royaume de France (1532). La forteresse devint ensuite
une caserne. Un incendie ravagea partiellement le grand logis
en 1670. On le réédifia dans le style classique,
de même que le bâtiment rectangulaire désigné
sous le nom de Harnachement. Une explosion dévasta
en 1800 la tour des Espagnols et une partie des courtines
nord et ouest. Devenu prison, le château fut classé
Monument Historique en 1862 et acquis par la ville au XXe
siècle. Il abrite maintenant les collections du musée
de l'histoire de Nantes.
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