Les origines des
sires de Beaugency se perdent dans la nuit des temps. Des
traditions locales invérifiables font remonter l'existence
du lignage aux temps mérovingiens. Le premier personnage
connu avec certitude est un nommé Lancelin, ou Landry,
attesté vers 980. Au XIe siècle, les sires de
Beaugency étaient assez puissants pour se faire bâtir
une imposante forteresse en pierre, avec une grande tour résidence
quadrangulaire. Une analyse dendrochronologique (méthode
de datation par les cernes des pièces de bois) a permis
de fixer la construction au second quart du XIe siècle.
Le donjon de Beaugency est donc à peu près contemporain
de celui de Loches. Il
fut donc probablement l'uvre de Landry II, sire de Beaugency
et de La Flèche, né aux environs de l'an mil
et décédé à une date indéterminée.
Autour de ce noyau
castral se développèrent une ville forte et
une abbaye qui furent à plusieurs reprises le théâtre
de grands épisodes de l'Histoire. En 1104 se tint en
la nouvelle abbatiale Notre-Dame, un concile qui prononça
l'annulation du mariage entre le roi Philippe Ier et Berthe
de Hollande, après des années de querelle entre
le Saint-Siège et la couronne de France. Robert d'Arbrissel,
fondateur de l'abbaye de Fontevrault,
faisait partie de l'assistance. Affaire matrimoniale encore,
en 1152, quand l'archevêque de Sens prononça
à Beaugency la désastreuse dissolution de l'union
entre Louis VII le Jeune et Aliénor d'Aquitaine. Cet
acte contenait en germe la domination des Plantagenêts
depuis le mur d'Hadrien jusqu'aux montagnes pyrénéennes.
C'est en 1291 que le dernier rejeton du lignage balgentien
vendit sa seigneurie au roi de France Philippe IV le Bel.
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En 1422, le célèbre
Bâtard d'Orléans, passé plus tard à
la postérité sous le nom de Dunois, en devint
le propriétaire. Aux heures les plus noires de la guerre
de Cent Ans (entre Azincourt 1415 et Orléans 1429),
Meung-sur-Loire, Beaugency, Orléans, et Jargeau formaient
sur la Loire une série de ponts aux mains des Français
entre Blois et Gien. De cette époque date la fameuse
comptine, connue sous le nom de carillon
de Vendôme, sans doute l'une des plus anciennes
chansons populaires préservées en langue française
:
" Mes amis que
reste-t-il,
à ce dauphin si gentil ?
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame-de-Cléry,
Vendôme, Vendôme. "
A la fin de l'été
1428, les Anglais décidèrent d'en finir avec
le royaume de Bourges et de lancer une vaste offensive sur
la vallée de la Loire. Beaugency tomba aux mains du
comte de Salisbury le 25 septembre 1428. Les Britanniques
occupèrent la ville, le château et le vieux pont
de pierre jusqu'au 17 juin 1429, veille de la bataille de
Patay.
Après la fin
des hostilités dans ce secteur, Dunois fit réaliser
de nombreux aménagements à Beaugency et construisit
une demeure seigneuriale, dans l'air de son temps. Il délaissa
Beaugency pour Châteaudun
une quinzaine d'années plus tard. La ville subit un
terrible sac par les protestants durant les guerres de Religion.
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