Le " Castrum
Soliacense " est pour la première fois mentionné
en 1102. Il défendait sur la rive gauche de la Loire
la tête d'un pont en pierre sans doute édifié
à l'époque romaine. Il appartenait alors à
un nommé Gilon, seigneur de Sully, des Aix et de la
Chapelle-en-Berry. La chapelle castrale fut semble-t-il rapidement
desservie par un collège de chanoines et obtint donc
le statut de collégiale.
A la faveur d'un
conflit entre le seigneur Henri de Sully et l'évêque
Manassès d'Orléans, le château passa avant
1218 entre les mains de Philippe Auguste. Conformément
à ses habitudes, le Capétien fit construire
dans la place l'une de ces grosses tours cylindriques dont
ses ingénieurs avaient le secret (Gisors - Tour du
Prisonnier -, Falaise - Tour Talbot -, Lillebonne, Rouen -
Le Donjon -, Issoudun - Tour Blanche -, Vernon - Tour des
Archives - et Dourdan). Il avait coutume d'affirmer ainsi
son autorité. Mais dans un acte de mars 1218, Henri
de Sully se déclarait prêt à rembourser
au roi les frais engagés dans la construction du bâtiment.
Cette mention laisse supposer que le souverain avait dû
avant cette date - sans doute de mauvais gré - restituer
la forteresse à son légitime propriétaire.
En juin 1218, l'évêque Manassès d'Orléans,
suzerain des sires de Sully, reconnut toutefois dans une charte
que lui et ses successeurs seraient tenus de rendre à
Philippe Auguste la nouvelle tour que le roi avait fait élever
à Sully, si celui-ci en effectuait la demande. Les
vestiges de cet ouvrage aujourd'hui disparu furent mis à
jour pendant les années 90. Il se situait dans l'actuelle
basse-cour.
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Une importante crue
de la Loire emporta le vieux pont romain en 1363, mais Sully
ne perdit pas pour autant son importance stratégique.
La lignée des sires de Sully s'éteignit à
la fin du XIVe siècle et son unique héritière,
Marie, épousa Gui de La Trémoille en 1382. Ce
dernier entreprit de rénover totalement le château
et demanda au fameux architecte Raymond du Temple, notamment
employé par le roi Charles V pour modifier le Louvre,
de dresser les plans nécessaires. Jeanne d'Arc séjourna
à Sully à deux reprises. En juin 1429 d'abord,
après la victoire de Patay (18 juin), elle y vint afin
de tenter de convaincre Charles VII d'aller se faire sacrer
à Reims. En mars 1430 ensuite, elle y fut quasiment
emprisonnée par Georges de La Trémoille. La
Pucelle parvint à s'échapper le 28 mars pour
se précipiter vers son sinistre destin rouennais.
La place souffrit
beaucoup des sanglantes Guerres de Religions. Elle changea
de mains à deux reprises au cours de l'année
1563 et la chapelle castrale fut détruite. En 1602,
Claude de la Trémoille la vendit à Maximilien
de Béthune, célèbre conseillé
du roi Henri IV immortalisé sous le nom de " Grand
Sully ". Le monarque érigea la seigneurie en paierie
et duché au début de l'année 1606. Le
nouveau duc de Sully effectua de très nombreux aménagements.
Le château restera dans la famille des Sully-Béthune
jusqu'en 1807 avant de passer à une lointaine branche
collatérale qui le conservera jusqu'en 1962. Plusieurs
tours et courtines furent démantelées à
la Révolution et un gigantesque incendie dévasta
l'aile orientale dans la nuit du 10 au 11 janvier 1918. Classé
Monument Historique en 1928 et acquis par le Conseil Général
du Loiret en 1962, le château fait depuis lors l'objet
de multiples campagnes de restauration.
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