Il existait probablement
une petite communauté villageoise dans ce secteur dès
le Xe siècle. Un gué sur le Thouet fut certainement
à l'origine de cette implantation. Le comte d'Anjou
Foulques III Nerra (987-1040) y édifia vers 1025 un
puissant castrum, face à la Touraine qu'il convoitait.
Il en confia la garde à un certain Berlay, dont le
nom se transforma progressivement en Bellay.
Les Berlay furent
pour les dynastes angevins des vassaux particulièrement
remuants. Dès 1124, Berlay II se révolta contre
Foulque V. Ce dernier ne parvint jamais à s'emparer
militairement du château, mais réussit à
écraser l'armée du rebelle en rase campagne
et à le faire prisonnier. Magnanime, Foulques le pardonna
en échange de ses terres avant de lui restituer sa
seigneurie de Montreuil, mais en prenant soin d'installer
des soldats à sa solde dans la forteresse. Toutefois,
lorsque Foulques quitta l'Anjou pour aller ceindre la couronne
de Jérusalem (1129), Berlay profita de l'opportunité
pour se révolter derechef. Il expulsa la garnison comtale
et recommença à vouloir affirmer son indépendance.
Son fils Giraud poursuivit la même politique et manifesta
des velléités autonomistes identiques.
Geoffroi V Plantagenêt
(1129-1151) décida d'en terminer avec l'importun et
vint l'assiéger dans sa citadelle de Montreuil vers
1150. Il bloqua complètement la place, fit combler
les fossés de détritus par les habitants de
la ville voisine de Saumur, dressa des perrières et
des beffrois, sans pour autant obtenir la reddition de Giraud.
Il eut au bout du compte recours à un projectile incendiaire
dont il trouva la recette dans le "De re militari"
du stratège byzantin Végèce (Publius
Vegatius Renatus, IVe siècle) et mit la main sur le
trublion. Il s'empressa aussitôt de l'envoyer croupir
dans un cul-de-basse-fosse de son château d'Angers.
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Montreuil resta néanmoins
aux mains du même lignage désormais assagi. La
conquête de l'Anjou par Philippe II Auguste (1180-1223)
changea cependant la donne. Le roi de France n'était
certes pas propriétaire du château, mais le considérant
comme un site stratégique majeur, il y entreprit un
grand chantier de fortification sans doute peu après
1205. Il confia aux maîtres Abelin et Gilbert le soin
de construire 11 tournelles, une porte, de creuser des fossés,
d'ériger des murailles et une bretèche, ainsi
que d'établir une plate-forme afin d'y installer une
machine de guerre, l'ensemble pour la somme totale de 1800
livres parisis.
Passée cette
date, l'essentiel de l'histoire de Montreuil consista en une
inextricable suite de changements de propriétaires
rythmée par des considérations matrimoniales.
En 1217, Agnès Bellay, dernière héritière
du lignage originel, épousa le vicomte Guillaume II
de Melun. Jean II de Melun-Montreuil accrut encore sa fortune
au début du XIVe siècle, par son mariage avec
Jeanne de Tancarville (forteresse et riche seigneurie de Normandie).
Montreuil demeura dans la même famille jusqu'à
la mort de Guillaume IV de Melun-Tancarville, à la
bataille d'Azincourt, en 1415. Son unique héritière,
Marguerite, convola avec Jacques II d'Harcourt. La place angevine
passa donc entre les mains d'une autre puissante famille normande.
En 1488, nouveau bouleversement : la forteresse échut
aux Longueville-Orléans, descendants du fameux Jean
de Dunois, ancien compagnon de Jeanne d'Arc et surnommé
le Bâtard d'Orléans parce qu'il était
fils naturel de Louis d'Orléans (mort en 1407), ce
prince frère de Charles VI et bâtisseur de la
Ferté-Milon (Aisne)
et de Pierrefonds
(Oise). Puis se succédèrent les Cossé-Brissac
(1662) et les La Trémoille (1756). A noter que les
Huguenots pillèrent la cité en 1568 et que troupes
révolutionnaires et vendéennes s'y affrontèrent
en 1793.
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