Le lieu-dit Plessis-le-Vent
est acheté par Jean Bourré en 1462. Les travaux
de l'actuel château débutent en 1468 et sont
pratiquement achevés en 1472. Louis XI puis Charles
VIII y effectuent au moins un séjour chacun. Durant
les Guerres de Religions, il est enlevé aux Ligueurs
sans coup férir. Les murs du Plessis-Bourré
ne connaissent réellement le feu des armes qu'une fois
au cours de leur histoire : lors de l'arrestation du comte
de Ruillé, en 1793. Hôpital militaire durant
la Première Guerre Mondiale, le site est classé
Monument Historique en 1931 et appartient aujourd'hui à
la famille de Sauvebeuf qui l'entretient avec soin.
Un grand quadrilatère
(68 m sur 59 m) est flanqué aux angles de quatre tours
rondes. Une fausse-braie, certainement aménagée
pour protéger la base des courtines de l'action érosive
de l'eau, le cerne sur tout son pourtour. Elle devait servir
à l'occasion de promenoir. Les douves totalement inondées
du Plessis-Bourré en font une île parfaite, seulement
reliée à la terre ferme au moyen d'un double
pont-levis à flèches (piétonnier et charretier)
logé dans une tour-porte rectangulaire couronnée
d'une belle rangée de mâchicoulis. Deux fines
échauguettes à toitures en poivrière
parachèvent l'ensemble.
La tour trônant
à l'angle sud-est surpasse largement les autres par
ses dimensions et commande au reste de la place. Elle est
dotée de jolis mâchicoulis décorés
de subtils motifs trilobés, tels que l'on en rencontre
à Chinon, Langeais, Durtal, Montsoreau, Saumur, Ponts-de-Cé
ou encore, Chaumont-sur-Loire (liste non exhaustive). De tels
ornements sont couramment utilisés durant la seconde
moitié du XIVe siècle et tout au long du XVe
siècle. Cette tour maîtresse fait office de donjon,
mais ses volumes intérieurs sont intégrés
aux appartements seigneuriaux (camera).
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Ceux-ci s'articulent
autour d'une vaste cour. A l'orient s'étire une galerie
à deux niveaux reliant la chapelle coincée dans
l'angle nord-est et les appartements adossés à
la courtine sud. On trouve également dans l'aile sud
du corps de logis la traditionnelle grande salle, lieu de
vie principal du château médiéval. Les
étages sont desservis par une grande vis (angle sud-ouest)
et un second escalier privatif niché au sud-est.
En un temps où
les armes à feu ont rendu caduques les vieilles forteresses,
le Plessis-Bourré incarne à merveille l'importance
de la symbolique architecturale dans une société
médiévale finissante. Hautes tours, mâchicoulis
et échauguettes, ne peuvent plus guère protéger
que d'une petite bande armée errante. Ils ne sauraient
résister à un siège d'envergure, mené
dans les règles de l'art avec les moyens destructeurs
modernes. Ils témoignent par conséquent essentiellement
de la richesse et du pouvoir de celui qui occupe les lieux.
C'est le même état d'esprit, l'attachement aux
mêmes traditions, qui incitera Diane de Poitiers à
doter les deux tours enserrant la porte de son château
de Chaumont-sur-Loire, d'une couronne de mâchicoulis
purement ornementale au beau milieu du XVIe siècle.
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