La première
mention du " Plebem Eluen " remonte à 910.
Le nom apparaît dans le cartulaire de l'abbaye de Redon
(Ille-et-Vilaine). L'origine du mot " plebem " peut
être double : il dérive soit du latin "
plebs " (génitif " plebis ") qui signifie
" masse populaire ", " gens du commun ",
ou du breton " plou ", " pays ". Difficile
donc d'établir si l'auteur de ce document souhaitait
mentionner la paroisse, le pays, ou le peuple qui y habitait.
Elven est à nouveau signalé dans ce même
cartulaire en 1021. " Argoët " signifie bois.
Dans les premières
années du XIIe siècle, Elven passe entre les
mains de la puissante famille de Malestroit. C'est probablement
de cette époque que date la fondation de la forteresse
primitive, même si son existence n'est confirmée
qu'à la fin du XIIIe siècle. On a trop souvent
confondu Largoët avec " le chastiel de Ghoy le Forest
" mentionné par Jean Froissart à l'année
1342. Le chroniqueur en explique le siège dans les
moindres détails " Quant messires Gautier de Mauni
se fut partis de Fauet et il eurent pris le chemin de Hembon,
ils vinrent passant par devant le fort castiel que on claime
Ghoy-le-Forest, qui, XV jours devant, estoit rendu à
monseigneur Carlon de Blois [
] li fossé furent
rempli à l'un des lés d'estrain et de bois et
de terre gettée par dessus, par quoy il pooient bien
parvenir jusques as murs. Adont assaillirent-il plus fort
que devant, et avoient pils dont il pertuisèrent le
mur, et y fissent ung si grant trau que par ce il reversèrent
ung pan dou mur, et entrèrent ens de force et ochirent
tous ceux qui dedens estoient, excepté IIII qu'il enmenèrent
prisonnier. " Nombre d'analystes n'ont pas manqué
d'effectuer le rapprochement entre ce château de Ghoy-le-Forest
et Largoët. Froissart ne connaissait pas le breton. Le
mot coët aurait pu, sous sa plume, devenir Ghoy. Cette
explication semble toutefois irrecevable. Les indications
géographiques données sont précises :
la forteresse citée se tenait sur la route tracée
entre Le Faouet et Hennebont. Le baron Kervyn de Lettenhove,
auteur d'une monumentale réédition des "
Chroniques ", place Ghoy sur le territoire de l'actuelle
commune de Languidic, à quelques kilomètres
de Hennebont.
|
Nous n'avons en fait
que peu d'informations concernant son rôle durant la
Guerre de Cent Ans. En 1347, A la mort de Péan IV de
Malestroit, Largoët passe à une branche cadette
des Malestroit : Les Châteaugiron. Jean II de Malestroit-Châteaugiron
entreprend à partir de 1374 la réorganisation
complète de sa forteresse et notamment la construction
du grand donjon octogonal toujours visible. Fait intéressant,
son frère cadet, Alain de Malestroit, obtient en 1392
l'autorisation de construire un château à Oudon
(Loire-Atlantique). Il y bâtira une grosse tour similaire
par bien des points à celle de Largoët.
Le château
passe ensuite au gré des mariages dans le patrimoine
de Jean Raguenel, maréchal de Bretagne, puis dans celui
de la famille de Rieux (1471). En 1488, pendant la guerre
de succession de Bretagne, l'armée du roi Charles VIII
s'en empare après un dur siège. Restauré
puis abandonné dans le courant du XVIe siècle,
il est vendu au surintendant de Louis XIV Nicolas Fouquet
en 1656. Il est déjà très dégradé
à cette époque.
|