Sise aux confins
du Maine et de la Normandie, la forteresse est attestée
au tout début du XIe siècle. Elle appartenait
alors avec Alençon à la redoutable famille de
Bellême (Orne), richement pourvue dans le Perche, l'Hiémois
et le Houlme (sud du département de l'Orne aujourd'hui).
Cette grande maison féodale était vassale des
ducs de Normandie pour Alençon et Domfront, du comte
de Chartres pour Bellême et du comte du Maine pour le
reste de ses terres. Elle parvint sous Guillaume Ier de Bellême
et Guillaume II Talvas à se constituer une principauté
quasi indépendante au nez et à la barbe de ses
puissants suzerains.
Vers 1050, le comte
d'Anjou Geoffroi II Martel (mort en 1060) s'empara du Maine,
d'Alençon et de Domfront et y plaça de solides
garnisons. Guillaume de Normandie ne pouvait tolérer
la présence d'un aussi redoutable adversaire à
sa frontière méridionale, dans des places fortes
dont il était de surcroît le maître théorique.
Le duc lança ses troupes vers le sud durant l'automne
1051, enleva Alençon promptement, puis occupa Domfront
après quelques mois de siège (Hiver 1051-1052).
Robert de Bellême
profita de la confusion régnante après la mort
de Guillaume le Conquérant (1087) pour soustraire de
nouveau la place à l'autorité ducale. Le plus
jeune fils du Conquérant, Henri (futur Henri Ier Beauclerc,
roi d'Angleterre de 1100 à 1135 et duc de Normandie
de 1106 à 1135), parvint à la lui reprendre
en 1092. C'est sans doute lui qui fit édifier dans
le premier quart du XIIe siècle le grand donjon rectangulaire
toujours visible de nos jours. Les Plantagenêts complétèrent
le dispositif militaire après 1150. La forteresse passa
avec le reste de la Normandie entre les mains de Philippe
Auguste en 1204.
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L'histoire de Domfront
allait désormais s'écrire selon la volonté
du trône. Philippe Auguste donna la ville et son château
au comte de Boulogne Renaud de Dammartin, puis à son
propre fils, Philippe Hurepel, vers 1220. L'ensemble passa
ensuite par mariage dans le lignage de Gaucher de Châtillon,
avant de retourner à la couronne. Saint Louis octroya
la place du Passais à la maison d'Artois : elle resta
sa propriété jusqu'au bannissement du comte
Robert III, en 1332. Dix ans plus tard, le roi Philippe VI
remit Domfront aux comtes d'Alençon. Occupée
à deux reprises par les Anglais durant la guerre de
Cent Ans (1356-1366 et 1418-1450), Domfront fut libérée
en même temps que le reste de la Normandie, après
la bataille de Formigny. Les Alençon recouvrèrent
leur bien et en restèrent les maîtres jusqu'à
l'extinction de leur lignage, en 1525.
Un bourg remontant
peut-être au XIe siècle se développa face
au château. Érigé en commune, il fut entouré
d'une enceinte urbaine au XIIIe siècle.
La place fut démantelée
en 1610, sur un ordre de Sully donné en 1608.
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