Le château
est bâti vers le milieu du XIVe siècle en terre
d'empire, sur l'ordre d'un nommé Rodolphe d'Andlau.
Il connaît au cours du siècle suivant quelques
épisodes guerriers mineurs, comme en 1438 où
les habitants d'Obernai s'en emparent. Les Suédois
l'occupent temporairement en 1632-1633 durant la guerre de
Trente Ans et les Français le dévastent en 1678.
Délaissé puis vendu comme Bien National lors
de la Révolution, il connaît le sort réservé
à bien des monuments légués par le Moyen-Age
: on l'utilise comme carrière de pierres.
Le Haut-Andlau appartient
à l'imposante ligne de forteresses qui, de Saverne
à Thann, s'accrochent aux premiers contreforts vosgiens
et dominent la plaine d'Alsace. Il s'agit d'un château-palais,
au même titre qu'Ortenbourg. Il surplombe la petite
ville de Barr et occupe une crête rocheuse enserrée
entre les cours de l'Andlau et de son affluent, le Kirneck.
On entre d'abord dans une vaste basse-cour rectangulaire au
moyen d'une porte modifiée au XVIe siècle. Elle
est protégée par une canonnière et une
mince tour circulaire qui la flanque parfaitement. Un pont-levis
à une seule flèche permettait de franchir autrefois
un petit fossé désormais comblé. On accède
ensuite au palais. La courtine orientale est percée
à sa base d'une porte unique et de plusieurs archères
en rez-de-chaussée. Le bâtiment, de forme presque
rectangulaire, mesure plus de 30 mètres de long, pour
8 dans sa plus grande largeur. Il se termine en triangle au
sud. L'épaisseur moyenne des murailles est de 2,40
mètres. Il comprenait deux niveaux supérieurs
planchéiés sur cave. De larges et nombreuses
fenêtres laissaient agréablement pénétrer
la lumière du jour. Il subsiste deux magnifiques baies
géminées contemporaines de la construction.
Le logis pouvait être hourdé, comme le laissent
supposer les trous de boulins représentés sur
une gravure du XVIIIe siècle. Le haut des courtines
est aujourd'hui malheureusement dérasé.
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Au nord et au sud,
le palais est dominé par deux fins donjons jumeaux
circulaires, légèrement écrasés
sur leur faces intérieures. Ils supportaient très
vraisemblablement également des hourds de bois. Des
opes sont cette fois encore visibles aux faîtes. Mais
il est somme toute légitime de s'interroger sur la
finalité de ces deux tours, à l'efficience défensive
très relative. Charles-Laurent Salch, en écho
à Henri-Paul Eydoux, affirme sans ambages : "
Puisqu'il fallait posséder un donjon en montagne pour
prouver l'ancienneté de son lignage, on n'a pas lésiné
sur les moyens. Deux donjons se voient mieux qu'un ! "
Mission accomplie ! Près de sept siècles après
son édification, Andlau n'a pas fini de surprendre
ni de témoigner de la puissance de ses anciens propriétaires.
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