" Perunna urbem
regiam ", Péronne ville royale, apparaît
pour la première fois dans la Vie de sainte Radégonde,
rédigée par le poète Fortunat dans la
seconde moitié du VIe siècle. Un arrière
petit-fils de Charlemagne est comte de Péronne dès
la première moitié du IXe siècle. Un
palais carolingien est mentionné également à
cette époque. Le roi Charles le Chauve (840-877) y
rencontre son frère, l'empereur Lothaire (840-855),
en 849. Le castrum de Péronne est cité aux environs
de l'an 900. Cette place appartient alors aux puissants comtes
de Vermandois. Après avoir enfermé quelques
temps le roi Charles III le Simple (893-923) à Château-Thierry
(Aisne), le comte Herbert II de Vermandois interne son royal
prisonnier au château de Péronne. Le monarque
destitué y décède en 929. Péronne
fait l'objet durant plusieurs années de luttes âpres
entre Herbert II de Vermandois, le comte des Francs Hugues
le Grand (ancêtre des Capétiens) et les rois
de France.
Le prince Louis,
futur Louis VI le Gros (1108-1137) s'empare de Péronne
en 1102 et en confie la garde à son oncle paternel
Hugues, époux d'Adèle de Vermandois, dernière
héritière de la lignée carolingienne
de cette prestigieuse maison.
En 1185, après
3 années de querelles incessantes pour s'approprier
l'héritage d'Elisabeth de Vermandois, Philippe Auguste
parvient, grâce à la conclusion du traité
de Boves (Somme) avec le comte de Flandre Philippe d'Alsace,
à se faire concéder la majeure partie du Vermandois
et notamment les villes d'Amiens et de Péronne. Perona
est inscrit dans le Scripta de feodis (" Registre des
fiefs "), listant les possessions du Capétien
entre 1206 et 1210. Le roi s'emploie très vite à
fortifier la ville et reconstruit le château selon les
standards popularisés par ses architectes. Il octroie
à la cité en 1209 une charte de privilèges.
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Péronne reste
dans l'orbite françaises jusqu'en 1435, date à
laquelle Charles VII doit la concéder par le traité
d'Arras au duc de Bourgogne Philippe le Bon. C'est au château
qu'a lieu la célèbre entrevue de Péronne
entre le roi Louis XI et le nouveau duc de Bourgogne, Charles
le Téméraire (1468). Ce dernier y avait invité
le roi de France afin de régler par le dialogue les
nombreux différents qui les opposaient. Les raisons
qui ont poussé Louis, prince intelligent et prudent,
à se précipiter ainsi sans réelles précautions
entre les mains de son ennemi, restent aujourd'hui encore
assez obscures. Dans ses Mémoires, Philippe de Commynes
rapporte ce qu'il pense de cette attitude : " Grand follie
est a ung prince de se soubmettre a la puissance d'un aultre,
spécialement quant ilz sont en guerre, ou ilz ont esté.
" Sitôt le roi arrivé à Péronne,
la nouvelle d'une insurrection survenue à Liège
et soi-disant fomentée par les sbires du Valois, permet
au Téméraire d'emprisonner le souverain. La
détention au château ne dure que quelques jours,
mais le duc de Bourgogne en profite pour extorquer à
Louis nombre de concessions confortant la puissance de ses
état. Le roi humilié est libéré
le 2 novembre. Il tiendra sa revanche une dizaine d'années
plus tard, en reprenant Péronne après la mort
du Téméraire (1477) et en abattant définitivement
l'état bourguignon.
Péronne ne
perd pas pour autant son intérêt stratégique.
Les fortifications sont complétées au XVIe siècle.
L'empereur germanique Charles Quint, principal adversaire
de François Ier, assiège vainement la ville
en 1536 un mois durant. Par cette résistance héroïque,
les habitants et la garnison s'attirent la reconnaissance
royale.
La ville de Péronne
souffre très cruellement du Premier Conflit Mondial.
Un Historial de la Grande Guerre a été ouvert
dans l'ancien château pour rappeler ces évènements
tragiques.
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