En amont des ruines,
des indices archéologiques attestent d'une occupation
du site vers le chalcolithique (2300-2000 ans av. J.-C.),
puis à l'âge de fer (800 et 600 av. J.-C.).
C'est la Chronique
de Saint-Martial, tirée des archives de l'abbaye de
Solignac, qui nous renseigne sur l'existence d'un château
à Châlucet. Pendant la guerre opposant le comte
de Poitiers à l'évêque Eustorge de Limoges,
ce dernier fonde le bas castrum vers 1130. Il reçoit
dans sa lutte le soutien inconditionnel d'Adémar III,
vicomte de Limoges, et l'aide de deux chevaliers de la famille
des Bernard de Jaunhac. La nouvelle agglomération fortifiée,
qui peut accueillir une quinzaine de familles de chevaliers,
est dirigée par une communauté de co-seigneurs.
Un texte datant de 1196 livre quelques noms à notre
curiosité : Pierre et Géraud de Frachet, Bernard
de Jaunhac, Gui de Périgord, Gui Jourdain, Bernard
de Royère.
Toujours vers 1130,
le vicomte de Limoges, parvenant à usurper à
l'abbé de Solignac certains droits suzerains sur le
castrum, fonde le second château : le Haut-Châlucet.
Durant la guerre
de la vicomté (entre 1260 et 1277), Châlucet
devient une base d'opérations pour les troupes du vicomte
Gui VI. Celles-ci s'opposent aux habitants du château
de Limoges, qui se sont mis sous la protection des rois-ducs
Plantagenêts, Henri III (1216-1272) d'abord, puis Edouard
I (1272-1307). A la mort du vicomte, en 1263, son conseiller,
Géraud de Maulmont (ou Maumont), s'approprie les droits
vicomtaux sur le haut château ainsi que les droits de
certains co-seigneurs du Bas-Châlucet. Grâce à
des moyens financiers importants (il est au service des rois
de France Philippe III le Hardi puis Philippe IV le Bel, et
touche des subsides de leur part), il fait édifier,
autour du noyau castral primitif, entre 1270 et 1280, le vaste
palais fortifié que nous connaissons aujourd'hui. A
sa mort, en 1299, ses biens sont partagés entre ses
neveux : Pierre, Guillaume et Hélie. Ce dernier, proche
conseiller du roi Philippe le Bel, décède en
1305. Le roi souhaitant récupérer Châlucet
force Pierre et Guillaume à échanger les châteaux
limousins de leur oncle, contre des seigneuries en Aunis et
en Auvergne. Par ce fait, Châlucet devient forteresse
royale. Aucun souverain n'y séjournera pourtant jamais.
Le roi Philippe V le Long (1317-1322), dès 1317, se
sépare de Châlucet au profit d'Henri de Sully,
ministre des finances et gouverneur d'Aquitaine. Au milieu
du XIVe siècle, sa nièce, Marguerite de Bourbon,
s'installe au château et terrorise les moines de Solignac.
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En 1369, en pleine
guerre de Cent Ans, la garnison de Châlucet, composée
de trois chevaliers et de neuf écuyers, résiste
à un siège des troupes anglaises. Mais en 1376,
la forteresse tombe aux mains de routiers à la solde
des Anglais. Pendant des années, ces soldats, commandés
par un certain Pierre de Fontaines, dit Perrot le Béarnais,
vont piller la région. Jean Froissart parle de "
Perrot le Bernois, capitaine de Caluset " et nous narre
dans le détail les exploits du personnage. En 1394,
devant une forte expédition royale, les soudards quittent
les lieux, non sans avoir au préalable perçu
une forte rançon.
Après le départ
du Béarnais et de ses compagnons, le château
est donné à Charles d'Albret. Mais ses gascons
se comportent exactement comme leurs sinistres prédécesseurs.
Afin que cessent définitivement les pillages, le roi
de France doit insister auprès du sire d'Albret pour
que celui-ci choisisse les châtelains dans la noblesse
locale.
Durant les guerres
de Religion, entre 1574 et 1577, Châlucet devient une
base d'opération protestante. Jacques de Maulmont,
seigneur de Saint-Vitte et lointain héritier de Géraud,
se prétend seigneur de Châlucet et s'y installe.
Il en sera délogé le 19 octobre 1577, par une
armée du gouverneur royal après un siège
de cinq jours. Le château ressort de ces combats partiellement
ruiné. Le coup de grâce lui est donné
en janvier 1594, lorsque la ville de Limoges envoie des ouvriers
pour le détruire, afin d'éviter qu'une bande
de Ligueurs, ultra-catholiques militants en rupture de ban
avec le pouvoir d'Henri IV, ne s'en empare.
Lors de ses voyages d'inspection (entre 1834 et 1840) Prosper
Mérimée remarque Châlucet. Au siècle
suivant, en 1912, une première consolidation des ruines
est réalisée. Ces efforts se révèlent
toutefois insuffisants : une partie du donjon du Haut-Châlucet
s'effondre en 1918.
En 1996, le Conseil
Général de Haute-Vienne en devient propriétaire
et entame un vaste programme de fouilles et de restauration.
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