Sur les collines
entourant Lastours, des indices archéologiques (fragments
de silex et de céramique) attestent d'une occupation
du site vers le chalcolithique (2 000 ans av. J.-C.). Deux
enceintes, l'une dite celtique, l'autre nommée camp
romain, démontrent que cette occupation s'est poursuivie
jusqu'à l'âge du fer.
Si le premier Lastours-Gouffier
apparaît vers 950 dans la Chronique de Geoffroy de Vigeois
(rédigée à la fin du XIIe siècle),
le père fondateur du lignage, vers l'an mil, est Gui
de Lastours, dit " le Noir ". Les trois châteaux
(mottes de terre surmontées de tours en bois) implantés
dans la " cuvette " de Lastours, ont dû être
édifiés à partir de cette date.
C'est dans les dernières
années du XIIe siècle ou dans la première
décennie du XIIIe siècle, que la tour principale
quitte sa motte (subsistant encore aujourd'hui au centre du
village) pour s'implanter au nord-est de la plaine. Ce transfert
est sans doute l'uvre de Golfier de Lastours (?-1210),
petit-fils du fameux Gouffier le Grand, surnommé le
Chevalier au Lion et héros de la première croisade
(sièges de Nicée, d'Antioche et de Marrah).
A la mort de Golfier, le château passe entre les mains
des descendants de Gérald, frère de Gouffier
le Grand, et Lastours devient une co-seigneurie (les Lastours,
les Jaubert, les Faucher, les Peyrusse des Cars -après
1354- se la partagent).
Par son mariage,
vers 1290, Agnès de Lastours apporte le château
en dot à Guy de Champagne. En 1354, Gouffier, frère
d'Agnès, nomme comme héritier principal son
neveu, Geoffroi de Champagne, à condition qu'il reprenne
le nom, la bannière et les armes de Lastours. Un "
Lastours " redevient donc ainsi symboliquement maître
du château.
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A la fin de la guerre
de Cent Ans, le château a subi de tels dommages qu'une
reconstruction s'impose. Vers 1480, une première phase
est lancée. Le donjon roman, fortement endommagé,
est rebâti à l'identique et le logis sud-ouest,
avec sa tour en forme de fer à cheval, s'élève
sur les fondations du logis du XIIIe siècle. Cette
première tranche de travaux est à mettre au
crédit du baron Jean de Lastours, conseiller et chambellan
de Charles VIII. Jean épouse, dans le troisième
quart du XVe siècle, Marguerite de Peyrusse des Cars
et permet ainsi à la baronnie de Lastours de se réunifier
partiellement : seuls les Faucher restent encore co-seigneurs
jusqu'à la fin du XVe siècle. Vers 1500, Jean
entame une seconde phase de travaux. Il fait édifier
la courtine d'entrée et la tour de la chapelle, au
sud, ainsi que l'éperon et la tour ronde protégeant
le donjon, à l'est. Le 08 janvier 1529, Henri II de
Navarre, duc d'Albret, est reçu au château. Vers
1530, une dernière grande campagne de travaux dote
le château, au nord, d'un vaste logis encadré
par deux grosses tours circulaires. Ce bâtiment est
l'uvre du fils de Jean : Galiot de Lastours, sénéchal
et gouverneur du Limousin.
En mai 1591, Jeanne,
arrière petite fille de Galiot, apporte par mariage
la baronnie de Lastours à Gabriel d'Abzac, marquis
de la Douze. Charlotte d'Abzac de la Douze, elle aussi par
mariage en date du 09 février 1660, transmet le château
à François de David, seigneur de Ventaux, Champvert
et la Borie. La famille de David le gardera jusqu'en 1783,
date à laquelle le comte des Cars s'en porte acquéreur.
En 1789, le château est confisqué et les révolutionnaires
en ordonnent la destruction par arrêté du 28
décembre 1793.
Pendant plus de 150
ans, les hommes, les intempéries et la végétation,
poursuivent leur uvre destructrice. Mais en 1978, l'association
"les amis de Lastours", qui deviendra plus tard
l'ASPEL, l'extirpe de l'oubli. Débroussaillage, déblaiement,
restauration et animation lui donnent alors une seconde vie.
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