Le village de Druyes
est attesté à la fin du VIe siècle (Drogia),
mais existait probablement depuis l'époque gallo-romaine.
La région fut dévastée par les Vikings
après le grand siège de Paris (885-886) et l'on
peut présumer que les habitants allèrent chercher
un refuge plus sûr ailleurs. En 1031, Druyes appartenait
aux puissants comtes de Nevers, rattachés à
la famille capétienne par plusieurs mariages. Un castrum
y existait dès cette époque.
L'actuelle forteresse
fut sans doute commencée dans la seconde moitié
du XIIe siècle par Guillaume III de Nevers (1148-1161).
Le chantier fut poursuivi par ses successeurs, Guillaume IV
(1161-1168), Guy (1168-1175) et Guillaume V (1175-1181). A
la mort de ce dernier, le comté de Nevers et toutes
ses dépendances passèrent à sa sur
Agnès, épouse de Pierre II de Courtenay. Pierre,
futur empereur latin de Constantinople (1217-1219), semblait
apprécier le château de Druyes. C'est là
qu'il délivra en 1188, une charte communale à
la ville d'Auxerre. C'est également derrière
ces murs qu'on vint lui offrir en 1216 la couronne de l'Empire
Romain d'Orient. Sa fille Mahaut y résida aussi très
souvent, affranchissant même les serfs de la région
en 1223.
Au XIVe siècle,
Druyes passa successivement aux mains des comtes de Flandre,
puis de la maison de Bourgogne à partir de 1369. Certainement
jugé trop désuet, le château n'était
plus guère fréquenté par ses propriétaires.
Rattaché à la France comme la plupart des possessions
bourguignonnes en 1477, Druyes fut progressivement abandonné
par ses détenteurs successifs et sombra dans l'oubli.
Le classement comme
Monument Historique en 1924 le tira de sa torpeur. Des restaurations
y débutèrent après 1950. Une dynamique
association, les Amis du Château de Druyes, assure désormais
l'entretien et l'animation du site.
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Le château
est planté à l'extrémité d'un
plateau dominant nettement la région. Il était
inséré dans une enceinte urbaine de près
d'un kilomètre de long. Il subsiste notamment de cet
ouvrage une tour-porte du XVe siècle avec passage sous
arc surbaissé et deux étages planchéiés.
Le sommet est ceinturé sur trois côtés
de mâchicoulis à consoles particulièrement
longues.
Le château
dessine un carré de 52 mètres de côté,
cantonné aux angles de tours cylindriques de faible
diamètre (6 mètres) et autrefois hautes de 15
mètres. Elles commandaient les courtines qui culminaient
à seulement 8 mètres sur trois côtés,
10 mètres au sud. Les murs atteignent deux mètres
d'épaisseur. Les bases des constructions ne sont pas
talutées.
Les courtines est
et ouest sont coupées en leur milieu par une tour carrée.
Celle située à l'orient abritait le chur
de la chapelle. La nef a aujourd'hui disparu. Un puits de
50 mètres de profondeur alimentait les résidents
en eau.
Contre la muraille
sud venait s'appuyer l'ensemble palatial. Il s'agissait d'un
bâtiment rectangulaire de 49 mètres sur 12 mètres.
Il s'élevait sur trois niveaux. On entreposait en sous-sol
les denrées alimentaires dans le cellier. Le rez-de-chaussée
était réservé au service, pendant que
le premier niveau abritait les parties résidentielles
: au centre une grande salle d'apparat éclairée
par une série de baies géminées et deux
chambres latérales.
La muraille nord
est coupée par une massive tour-porte de 20 mètres
de haut, probablement contemporaine de la porterie de l'enceinte
urbaine. Le cousinage entre les deux édifices est patent.
Ils possèdent les même mâchicoulis et une
structure voisine. La voûte du passage de la tour du
château est percée de trois assommoirs. Elle
a peut-être remplacé un ouvrage plus ancien de
même forme.
Druyes est antérieur
aux châteaux philippiens, mais il en annonce les grands
principes : plan géométrique simple, flanquements
circulaires proéminents, bâtiments adossés
aux courtines, cour intérieure dégagée
pour faciliter la circulation.
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