" Vissaine ",
séjour très prisé des rois de France
depuis Louis VII (mort en 1180) pour ses bois giboyeux, fait
l'objet d'une implantation immobilière dès le
règne de Philippe Auguste. On édifie alors un
premier manoir, dont le plan au sol est aujourd'hui connu
grâce à un important programme de fouilles archéologiques.
C'est Philippe VI qui débute la construction de l'actuel
édifice. Arrêtée par le désastre
de Coucy (1346), c'est Jean II le Bon qui reprend l'idée
à son compte après son retour d'Angleterre (1360).
Bien vite contraint de regagner sa geôle dorée
d'Albion, le roi abandonne son chantier. Il revient à
Charles d'achever l'uvre de ses aïeux. Mais c'est
d'une véritable place capable de l'abriter, lui et
sa famille, sa cour et son gouvernement, dont il rêve.
Comme le souligne fort judicieusement Jean Mesqui, "
Charles V concevait Vincennes comme une sorte de monde clos
abritant l'élite du royaume. " Un tel ouvrage
à quelques lieues d'une capitale dont le roi ne connaissait
que trop bien la propension à la révolte, se
serait révélée une carte majeure en cas
de crise.
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L'intérêt
des rois de France pour Vincennes ne se démentira pas
et sans doute pour cette même raison : la population
parisienne peut s'enflammer à chaque instant. Sous
Louis XIV, de grandes ailes seront bâties et la forteresse
perdra une large partie de son âme médiévale.
Donnée à l'armée par Bonaparte, elle
subit à nouveau de nombreuses modifications. Dans ses
Douves est fusillé l'infortuné duc D'Enghien
: "Fait, clos et jugé sans désemparer,
à Vincennes, les jour, mois et heure que dessus : 30
ventôse an XII de la République (nuit du 15 au
16 mars 1804), à deux heures du matin."
Vincennes incarne
la quintessence du grand principe érigé en flambeau
par les bâtisseurs des années 1350-1450 : la
défense. Mais sans jamais rien céder au confort
!
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