Etymologie :
Une abbaye est un établissement
bénéficiant d'une autonomie de gestion et d'organisation,
placé sous la direction d'un abbé. Le terme
" abbé " provient du bas-latin abbas,
probablement emprunté à l'araméen abba
signifiant " père " (pour désigner
Dieu, ou le dignitaire qui le représente), via le grec
abba. En latin médiéval, " abbaye
" se traduit par abbatia. Le mot " abbaye
" apparaît dans l'un des plus anciens textes en
ancien français, connu sous le nom de Lois de Guillaume
(Guillaume le Conquérant - seconde moitié du
XIe siècle) : " Se ceo fust u evesqué u
abbeie ".
Naissance du mouvement monastique
:
Les premières communautés
monastiques se développèrent en Egypte à
l'initiative de saint Pachôme (292-346), ancien militaire
converti au christianisme. Il appliqua aux disciples vivant
autour de lui des règles strictes et une discipline
de fer basée sur l'obéissance. Chaque monastère
était clôturé par un mur percé
d'une unique porterie. Il possédait plusieurs bâtiments,
dont un réfectoire et un sanctuaire. Les moines logeaient
dans des cellules. La journée type s'organisait autour
du travail manuel en commun, de la prière individuelle
permanente et de la récitation collective des Psaumes.
Le phénomène
s'exporta sur tout le pourtour méditerranéen.
Les deux premiers monastères signalés en Gaule
furent fondés à l'initiative de saint Martin
(v. 316-397), à Ligugé (Vienne) en 361, et à
Marmoutier (Indre-et-Loire) en 372. D'autres suivirent bientôt
: îles Lérins (v. 410), Saint-Victor de Marseille
(413), Saint-Maurice à Auxerre (v. 440)
Au plus
fort des Grandes Invasions, ces implantations demeurèrent
cependant assez rares et il fallut attendre l'accalmie de
la fin du Ve siècle, pour connaître l'essor véritable
du mouvement monastique. L'Eglise favorisa ce type d'implantations,
trouvant là un moyen de lutter contre l'érémitisme,
souvent considéré comme dangereux, tout en favorisant
l'Evangélisation des campagnes.
La diffusion et le triomphe,
aux VIIe-VIIIe siècles, de la règle de saint
Benoît, permit d'harmoniser les codes de vie applicables
dans les différents monastères. L'existence
des moines s'articulait autour de trois grandes préoccupations
: les offices divins, la lecture et le travail manuel.
|
Le temps des grandes
abbayes :
Les rois mérovingiens
et surtout les souverains carolingiens, favorisèrent
la naissance et le développement d'innombrables abbayes
en leur octroyant des dons substantiels. Le mouvement ne cessa
de s'amplifier durant la période médiévale.
Tous les seigneurs d'un peu d'influence souhaitant s'assurer
une vie agréable dans l'au-delà, octroyaient
des biens à des institutions religieuses choisies.
A la veille de leur trépas, il était très
fréquent de voir ces potentats prendre l'habit du monastère
qu'ils avaient choyé.
Certaines abbayes
accumulèrent ainsi des richesses foncières colossales.
Cette opulence troubla de tous temps l'état moral du
clergé et désorganisa la vocation spirituelle
des couvents. En réaction aux désordres successifs,
des ordres religieux tendant à retrouver la pureté
originelle des premiers temps se développèrent
: Clunisiens, Fontevristes, Cisterciens
La réforme
partait généralement d'une abbaye récemment
fondée, ou dirigée par un leader charismatique
(Robert d'Arbrissel à Fontevraud, saint Bernard à
Citeaux-Clairvaux
). Chacun de ces ordres connut cependant
à son tour les dérives qu'il dénonçait
à ses origines. Il est à noter que les abbayes
pouvaient être peuplées d'hommes ou de femmes,
plus rarement des deux (Fontevraud,
au moins à l'origine). Des chanoines vivaient aussi
parfois dans des abbayes (Augustins, Prémontrés
).
|