Laudunum,
ancien nom de la ville de Laon, est composé du suffixe
latinisé dunum, désignant un lieu fortifié
dans la langue celtique. La configuration du site se prêtait
en effet depuis les temps les plus reculés à
l'établissement d'un oppidum. Des fouilles ont permis
la mise au jour de traces d'occupation dès l'époque
néolithique et de vestiges datant de l'époque
romaine, sans qu'il soit cependant possible de restituer l'urbanisme
antique. La ville, dont la fonction administrative nous est
inconnue, se dota d'une enceinte au Bas-Empire. Mais l'histoire
de Laon à cette époque reste passablement dissimulée
dans les limbes de l'Histoire.
C'est vers 511 qu'elle
paraît prendre une dimension nouvelle. Dans le partage
du royaume des Francs entre les fils de Clovis, elle échoit
au roi de Paris Childebert I (511-558) alors que Reims est
octroyée à son demi-frère Thierry. En
compensation, semble-t-il, saint Rémi de Reims accepte
le démembrement de son diocèse et l'installation
d'un évêque sur la montagne couronnée.
L'importance de Laon ne cesse de croître jusqu'à
l'époque carolingienne.
Louis IV d'Outremer
y est sacré en 936. Les Annales de Flodoard démontrent
qu'elle est l'enjeu d'innombrables querelles entre Hugues
le Grand (ancêtre des Capétiens), le terrible
comte Herbert de Vermandois et le roi Louis IV. A l'année
938, le chanoine rémois rapporte notamment : "
Cependant le roi Louis, rappelé par l'archevêque
Artaud, revint, entra dans Laon, et assiégea une nouvelle
citadelle bâtie dernièrement en ce lieu par Héribert.
Il fit miner et renverser par beaucoup de machines le mur,
et la prit enfin avec beaucoup de peine. " Laon restera
l'une des ultimes possessions d'envergure réellement
aux mains des Carolingiens. A la mort de l'ultime descendant
de Charlemagne, l'évêque profite du vide pour
s'accaparer du pouvoir comtal.
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Au commencement du
XIIe siècle, l'évêque Gaudry dirige la
ville. Ses murs sont réputés corrompus
et il est haï de la population pour sa conduite et son
âpreté au gain. Sous la contrainte, il doit octroyer
une charte communale en 1111. Une révolte de la population
éclate en 1112, au cours de laquelle Gaudry est massacré.
L'armée royale intervient dans la foulée et
réprime durement le meurtre du prélat. La commune
sera néanmoins confirmée en 1128. La ville passe
dès lors dans l'orbite royale.
Plusieurs édifices
se sont succédés à l'emplacement de l'actuelle
cathédrale. Un premier groupe épiscopal existait
sans doute dès l'époque mérovingienne,
même si aucune trace n'en est connue à ce jour.
L'évêque disposait obligatoirement d'un édifice
pour célébrer le culte et des bâtiments
pour se loger avec son administration. Une nouvelle cathédrale
s'éleva à la fin du VIIIe siècle. Charlemagne
assista à sa dédicace en l'an 800. Au XIe siècle,
elle fut remplacée par un édifice roman, probablement
très endommagé durant les émeutes de
1112.
La construction
de la cathédrale gothique débute après
1150, à l'instigation de l'évêque Gautier
de Mortagne. Il s'agit donc de l'un des plus anciens édifices
gothiques, lancé avec Noyon
et Soissons dans la foulée
de l'abbatiale Saint-Denis de l'abbé Suger. Une légende
parle d'un attelage de quatre bufs chargé de
monter au sommet de l' " acropole " les matériaux
nécessaires à la construction. Comme l'un des
quadrupèdes donnait d'inquiétants signes de
faiblesse, un animal surgit miraculeusement pour prendre sa
place. En hommage à ce valeureux bestiau, des bufs
de pierre trônent au sommet des tours de la cathédrale.
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