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MAJ le 03/10/2024
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Abbaye de Noirlac, XIIIe, XIVe siècle.


Textes et photos ©

Fondation :
  • Vers 1130 par Robert de Clairvaux.
Sous le règne de :
  • Louis VI le Gros (1108-1137).
Grandes dates :
  • 1150 : Ebles V de Charenton donne à l'abbaye les terres nécessaires à son existence.
  • XIIIe siècle : l'abbaye atteint son apogée.
  • 1510 : L'abbaye est soumise au régime de la Commende.
  • 1790 : Dissolution des ordres religieux à vœux solennels dont les Cisterciens fort partie. Les derniers moines quittent l'abbaye.
  • 1820 : L'abbaye transformée en atelier de porcelaine.
  • 1909 : L'abbaye devient propriété du département du Cher.
  • 1950 : Début des campagnes de restauration.
Principal intérêt :
  • Noirlac, bien restaurée, est un joyau de l'art cistercien en Berry. Le bon état de préservation de ses parties médiévales, son cloître remarquable, son scriptorium et sa salle du chapitre, permettent de se forger une assez juste représentation de la vie monastique entre 1200 et 1500.
Statut :
  • Classé Monument Historique en 1862. Propriété du département.
Bibliographie :
  • Meslé Emile et Jenn Jean-Marie, " L'abbaye de Noirlac ", Paris, 1980.
  • De Bourbon Parme Rémy, " Noirlac, au centre de la France ", dans Scriptoria N° 2, " Les Cisterciens ", mai-juin 1998.

1/ Des heures de gloire à la décadence :

C'est vers 1130 que le propre frère de celui qui deviendra post-mortem saint Bernard (m. en 1153), Robert de Clairvaux, entreprit de créer avec douze autres moines un nouveau monastère à quelques lieues au sud de Bourges. L'établissement porta d'abord le nom de Maison-Dieu-sur-Cher et le conserva jusqu'à la fin du XIIIe siècle. La communauté vécut d'emblée dans des conditions relativement précaires, se plaignant même régulièrement de ne pas manger à sa faim. Le salut vint d'un puissant seigneur local, Ebbes V de Charenton, qui offrit à l'abbaye naissante les terres indispensables à sa subsistance, en 1150.

Les moines se mirent vite au travail et transformèrent leur domaine en une prospère entité au centre d'un important patrimoine foncier. La terre constituait au Moyen Age la principale source de richesse. Les frères purent donc entreprendre la construction de leur église et des bâtiments conventuels. Noirlac, abbaye cistercienne, affiche son architecture simple et dépouillée propre à l'esprit de l'ordre dont elle émane.

La congrégation atteignit son apogée au milieu du XIIIe siècle et entama peu après son déclin. Elle fut durement touchée par la baisse chronique des donations et la chute (déjà !) des vocations. Aprement éprouvée durant la Guerre de Cent Ans, le coup de grâce lui fut assené en 1510 lorsque le pouvoir souverain (le roi Louis XII) décida de la soumettre au régime de la Commende. L'abbé ne serait plus désormais élu par les moines, conformément à la règle, mais nommé selon la volonté royale. La monarchie s'offrait ainsi la possibilité d'octroyer prébendes et privilèges à des courtisans généralement peu soucieux de l'éthique et surtout désireux d'extraire des domaines reçus un maximum de richesses. A la veille de la Révolution, six moines hantaient encore les murs de Noirlac.

Tous les ordres à vœux solennels (Clunisiens, Cisterciens, Franciscains…) se retrouvèrent dissous par la loi du 14 février 1790. Les derniers moines quittèrent les lieux durant l'été de cette même année. L'abbaye fut ensuite vendue comme bien national et acquise par un notable parisien qui l'utilisa comme résidence secondaire. Les propriétaires la cédèrent en 1820 à un manufacturier de porcelaine.

2/ Noirlac et Mérimée :

C'est en cet état que Prosper Mérimée, grand pionnier de la préservation du patrimoine, découvrit le site en 1838. Voici la description que donne de Noirlac ce directeur général des Monuments Historiques, dans ses " Notes d'un voyage en Auvergne " publiées la même année et adressées au ministre de l'intérieur de son temps :

"Une manufacture de porcelaine occupe les bâtiments d'une abbaye de l'ordre de Citeaux, voisine de Saint-Amand, à laquelle un étang voisin (depuis longtemps desséché) avait fait donner le nom de Noirlac (Nigerlacus). Sa fondation remonte à l'année 1136 ou 1150. En 1189, elle reçut des donations considérables, qui vraisemblablement lui permirent de s'accroître et de commencer les bâtiments qui subsistent encore aujourd'hui. L'église, très vaste et encore assez bien conservée, a tous les caractères de l'époque de transition. Les arcades en ogive émoussée, s'appuient à de forts piliers flanqués de colonnes tronquées en console dans la grande nef. Dépourvus d'ornements pour la plupart, les chapiteaux montrent la simplicité un peu mesquine de la première époque gothique. Sur la façade subsistent quelques restes d'une décoration byzantine : mais cette partie de l'édifice a plus souffert que le reste, et d'ailleurs ne peut donner lieu à aucune observation. Des cuisines et un grand réfectoire, voûtés l'un et l'autre et divisés par des piliers isolés qui reçoivent les retombées, sont avec l'église les parties les plus anciennes de l'abbaye, en apparence terminées dans le cours du XIIIe siècle. Le cloître, presque intact, est plus moderne. Commencé dans le XIVe siècle, sa construction se prolongea sans doute jusqu'au milieu du siècle suivant. Les détails en sont gracieux et simples, et ses arcades se font remarquer par leur légèreté et la forme élégante de leurs ogives. Viennent ensuite beaucoup de constructions accessoires ; quelques-unes modernes, et qui paraissent avoir servi de logement aux religieux. Quelle qu'en soit la date, aucune ne mérite par son architecture que l'on s'y arrête. Il est à regretter qu'une église aussi vaste, et à certains égards aussi remarquable que celle de Noirlac, ait reçu une destination qui la dénature si complètement. Des planchers et des murs de refend cachent toutes les dispositions primitives ; la nef est devenue un magasin, et il n'est pas une salle ancienne ou moderne, à laquelle les besoins de la manufacture n'aient apporté de grands et tristes changements."




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