Au XIe siècle,
la langue de terre coincée entre la Garonne et la Dordogne
est recouverte d'une imposante chevelure végétale
: la Silva Major. C'est en ce lieu oublié des hommes
que l'abbé bénédictin Gérard décide,
au cours de l'année 1079, d'implanter une petite congrégation
monastique. Il choisit pour cela un promontoire naturel communément
désigné sous le nom de Hauteville. Il reçoit
le soutien inconditionnel du duc Guillaume VIII d'Aquitaine
(1058-1086). Rois de France et d'Angleterre notamment, se
penchent sur le berceau de l'abbaye nouvelle née et
la comblent de leurs bienfaits. A la mort de Gérard,
en 1095, le chantier de la première église se
trouve lancé, la communauté compte 300 membres
et possède des dizaines de prieurés éparpillés
dans toute l'Europe et devient une étape importante
sur le chemin de Compostelle. Les ducs d'Aquitaine continuent
à favoriser cet établissement, et la grande
Aliénor aime particulièrement y séjourner.
Tant de richesses
attire bien vite la convoitise de nombreux prédateurs,
et notamment de farouches Basques et Navarrais, toujours prêts
à lancer un raid de pillage en direction de l'Aquitaine.
Le chantier de l'abbatiale s'étire sur un siècle
et demi et la consécration a lieu en 1231.
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La guerre de Cent
Ans et les guerres de Religion n'épargnent pas le monastère,
mis à sac à plusieurs reprises. Arrive alors
le temps de la décadence, suspendu brièvement
par une brève et vigoureuse reprise en main par les
Mauristes (1621). A l'aube du XVIIIe siècle, La Sauve
ne compte plus qu'une dizaine de moines et pas davantage à
la veille de la Révolution.
Lorsque survient
cette dernière, la communauté est dissoute,
ses biens dispersés. Les bâtiments servent de
prison à compter de 1793. Les voûtes pluriséculaires
du sanctuaire, sans doute très secouées par
un tremblement de terre en 1759, s'effondrent en 1809 et l'abbaye
devient une carrière de pierre. Le rachat des lieux
par l'archevêché de Bordeaux en 1837 stoppe l'hémorragie.
Un collège de jésuites prend ses aises dans
les anciens bâtiments conventuels jusqu'à leur
incendie, en 1910. La Sauve n'est plus alors que ruines. L'Etat
achète l'ensemble en 1960 et s'attache depuis à
sa remise en valeur et à sa restauration.
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