Abbatiale et gisants
des Plantagenêts :
Sa construction débute
peu après la fondation de la congrégation et
se poursuit sur près de soixante années. Elle
atteint 90 m de longueur pour une largeur de 16 m. On commença
les travaux par le chur. De haute colonnes cylindriques
portent une série d'arcatures aveugles au-dessus desquelles
sont percées des baies. Trois absides forment des chapelles.
On remarque la présence de clôtures baroques
dans le déambulatoire. Le transept est voûté
en berceau. La nef à vaisseau unique est jalonnée
de chaque côté par de puissants piliers carrés
à colonnes jumelées, portant de magnifiques
chapiteaux sculptés.
A proximité
de la croisée du transept, semblent dormir pour l'éternité
un quarteron de têtes couronnées. Nécropole
des Plantagenêts, Fontevraud abrite toujours les gisants
de Henri II (mort en 1189), d'Aliénor d'Aquitaine (morte
en 1204), de leur fils Richard Cur de Lion (mort en
1199) et de leur belle-fille posthume, Isabelle d'Angoulême
(morte en 1246). Cette dernière était l'épouse
de Jean sans Terre (mort en 1216), frère et successeur
du Cur de Lion. Les deux reines avaient achevé
leurs vies sous le voile des Fontevristes. Les trois premiers
gisants sont en tuffeau. On les peignit au milieu du XIXe
siècle. Celui d'Isabelle est en bois. Aliénor
se repose paisiblement, allongée sur une couche en
tenant un livre de prières à la main. Du père
et du fils, figés dans leur éternel sommeil,
émane une impression de puissance. Ils sont entrés
dans la légende les éperons au pied, l'épée
au côté et la couronne plantée en tête.
Henri tient son sceptre à la main. Le drapé
de leurs vêtements est impeccable. Au XIXe siècle,
l'abbatiale servait de dortoir sur plusieurs niveaux à
d'autres locataires
Les cuisines :
Fontevraud est également
réputée pour ses cuisines romanes. Leur destination
première resta longtemps l'objet des conjectures les
plus diverses. On y vit tantôt un baptistère,
tantôt une lanterne des morts. Il s'agit d'un bâtiment
octogonal, cantonné primitivement de huit absidioles.
Trois furent abattues lorsqu'il fallut relier le réfectoire
à ces cuisines (XVIe siècle). On reste impressionné
par la verticalité émanant des arcs soutenant
les vastes cônes évidés. A l'extérieur,
les toitures ont été restaurées au début
du XXe siècle par l'architecte Magne, disciple de Viollet
le Duc. Il a notamment ajouté des lanternons aux bouches
des cheminées.
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Le cloître
et les bâtiments conventuels :
Toutes les galeries
du cloître du Grand-Moûtier ont entièrement
été reconstruites au XVIe siècle. A l'époque
carcérale, il fut transformé en cour de promenade
du quartier pour hommes. On érigea alors pour les mâtons
les galeries supérieures, destinées à
la surveillance des prisonniers.
Les principaux édifices
de la vie conventuelle s'articulaient autour de ce lieu de
recueillement privilégié. On relève au
sud le vaste réfectoire (46 m), couvert d'une voûte
au XVIe siècle. Les nonnes y mangeaient en silence,
écoutant simplement la lecture de passages de la règle,
sous l'il vigilent et inquisiteur de leur abbesse. A
l'est s'ouvre l'exceptionnelle salle capitulaire, construite
à la Renaissance (mais d'inspiration gothique), avec
son portail magnifiquement sculpté. Les murs portent
des fresques peintes en 1563 par Thomas Pot. Elles représentent
des scènes de la vie et de la Passion du Christ. On
accède par un escalier Renaissance à caissons
à l'un des anciens dortoirs.
A l'est enfin, les
infirmeries Saint-Benoît furent reconstruites au XVIIe
siècle. On lit déjà sur ses façades
l'austérité naissante de l'architecture classique.
Du côté nord s'élève la chapelle
Saint-Benoît, datant pour l'essentiel du XIIe siècle.
Notons également la présence d'un collecteur
d'eau, visible sous l'aile sud.
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