La cité de
Caesaromagus, capitale des Bellovaques, existe sans doute
déjà sous le règne de Tibère (14-37
apr. J.-C.). Comme la plupart des villes de Gaule, elle se
dote d'une enceinte réduite de 1370 m vers la fin du
IIIe siècle apr. J.-C., pour faire face aux premières
menaces germaniques. C'est à peu près à
cette même époque que la tradition légendaire
place l'existence d'un premier évêque, saint
Lucien. En pleine persécutions contre les chrétiens
(v. 290), il subit le martyr avec deux de ses compagnons,
Maxien et Julien. Décapité, il aurait porté
sa tête en chantant des cantiques. Il faut attendre
en fait le VIIe siècle pour avoir le premier évêque
de Beauvais dûment attesté, en la personne de
Maurinus.
La ville passe sur
le devant de la scène durant les invasions scandinaves
et affronte plusieurs fois la fougue des guerriers du Nord,
aux IXe et Xe siècles. Après ces terribles épreuves,
l'évêque Hervé (fin du Xe siècle)
démarre le chantier d'une cathédrale, sans doute
ce qui subsiste aujourd'hui encore sous le nom de Notre-Dame-de-Basse-uvre.
Le comte de Beauvais Eudes II abandonne au commencement du
XIe siècle tous ses bénéfices aux évêques.
Les prélats n'ont donc plus aucun rival laïc et
dépendent directement du roi de France. Ils se comportent
en seigneurs féodaux, battent monnaie et exercent leur
pouvoir incontesté sur l'ensemble du Beauvaisis. Leur
seule concurrence vient de la commune, reconnue par Louis
VI le Gros (1108-1137) en 1122. Les intérêts
des bourgeois et ceux de l'évêque se révèlent
souvent contradictoires et la situation génère
de nombreuses querelles. Lorsque l'autorité royale
effectue d'importants progrès, sous Philippe Auguste
(1180-1223), l'évêque se trouve un nouveau rival
d'une toute autre mesure. Milon de Nanteuil, (1217-1234) en
seigneur féodal, tente de secouer le joug sous la régence
de Blanche de Castille, durant la minorité de saint
Louis.
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C'est après
l'incendie de Notre-Dame-de-Basse-uvre, en 1225, que
le même Milon décide la construction d'un nouveau
sanctuaire. Il est le dernier des évêques picards
à se lancer dans l'aventure des grands chantiers de
l'ère gothique, après ses coreligionnaires de
Noyon, Soissons, Amiens et Laon. Le chur monumental
est achevé et dédicacé en 1272, mais
s'effondre partiellement douze ans plus tard. Les travaux
ne recommencent pas immédiatement et la guerre de Cent
Ans oblige les puissants évêques à limiter
leurs ambitions à de simples consolidations de l'existant.
L'évêque de Beauvais Pierre Cauchon est l'un
des principaux acteurs du procès de Jeanne d'Arc, et
l'un des artisans de sa condamnation au bûcher en 1431.
La ville est férocement assiégée en 1472
par les Bourguignons de Charles le Téméraire,
mais résiste héroïquement sous l'impulsion
de la fameuse Jeanne Hachette. La région est pacifiée
après cette date et les agrandissements reprennent
en 1500. Le transept est bâti et le chapitre souhaite
alors élever une tour lanterne. Achevée en 1570,
elle est alors l'un des plus hauts édifices de la chrétienté.
Sans doute trop hardie, sans nef gothique pour la contrebuter,
elle s'effondre en 1573.
Dès lors,
les autorités religieuses et communales ne songent
plus qu'à maintenir l'existant et à effectuer
des aménagements intérieurs. Inscrite sur la
liste des monuments à préserver dressée
par Prosper Mérimée en 1840, la cathédrale
fait depuis cette date partie des plus anciens édifices
classés en France. Les bombardements allemands de 1940
dévastent les quartiers qui l'entourent, mais l'épargnent
heureusement. Les problèmes de stabilité ne
sont aujourd'hui toujours pas réglés et Notre-Dame
fait encore l'objet d'une surveillance de tous les instants.
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