Période romaine
et Antiquité tardive :
Il existait un oppidum
gaulois avant la conquête romaine. La ville de Limonum
se développa à sa place au premier siècle
avant notre ère. Elle fut progressivement dotée
de tous les grands équipements classiques : forum,
temples, thermes, amphithéâtre
La cité
était la capitale des Pictones. On cerna son centre
au Bas-Empire d'une enceinte réduite de 2600 m pour
une surface intra-muros de plus de 40 hectares. La région
fut évangélisée sans doute dans le courant
du IVe siècle, notamment par l'évêque
de Poitiers saint Hilaire (mort en 368). La ville, comme toutes
les régions au Sud de la Loire, fut soumise aux Wisigoths
(Ve siècle). Ces Germains étaient de confession
arienne (disciples d'Arius, auteur d'une doctrine condamnée
comme hérétique par l'Eglise romaine) et persécutaient
volontiers les catholiques orthodoxes. Ils s'aliénèrent
ainsi l'estime des autochtones très attachés
à leur religion, et par voie de conséquence
celui des élites locales. Les Francs catholiques de
Clovis les écrasèrent à Vouillé
en 507 et les refoulèrent vers les Pyrénées.
Un comte (un simple
fonctionnaire représentant le pouvoir royal donc) semble
avoir été mis en place par les Mérovingiens.
En 538, l'une des épouses du roi Clotaire Ier (511-561),
une jeune femme d'origine thuringienne nommée Radegonde,
s'échappa de l'entourage brutal de son mari. L'évêque
de Noyon (Oise) saint Médard prononça la dissolution
de l'union, et l'ancienne reine put se livrer tout entière
à la piété. Elle vint un peu plus tard
se réfugier à Poitiers et y fonda entre 544
et 549 le monastère Sainte-Croix. C'est également
elle qui construisit hors les murs de la ville un petit sanctuaire
dédié à la Vierge, appelé à
porter son nom par la suite. Le poète Fortunat (saint
Venance) immortalisa ses mérites dans ses poèmes.
Période carolingienne
:
La région
de Poitiers fut le théâtre d'une seconde bataille
d'importance au VIIIe siècle. Depuis plusieurs décennies,
les Sarrasins perpétraient en Gaule de sanglantes incursions.
Ils avaient abattu en quelques années les Wisigoths
d'Espagne (711-715) et remontaient maintenant vers le Nord,
toujours en quête de nouvelles terres à conquérir,
d'hommes à asservir et d'âmes à convertir.
Le maire du palais Charles Martel leva une armée et
alla à leur rencontre au cours de l'année 732.
La Chronique du Pseudo-Frédégaire rapporte cet
événement : " Les Sarrasins vinrent avec
leur roi Abdéramane, passèrent la Garonne, marchèrent
vers Bordeaux, et incendiant les églises, massacrant
les habitants, ils s'avancèrent jusqu'à Poitiers.
Là, après avoir livré aux flammes la
basilique de Saint-Hilaire, chose bien douloureuse à
rapporter, ils se préparèrent à marcher
pour détruire celle de Saint-Martin de Tours. Le prince
Charles se disposa vaillamment à les combattre, accourut
pour les attaquer, renversa leurs tentes par le secours du
Christ, se précipita au milieu du carnage, tua leur
roi Abdéramane, et détruisit complètement
l'armée de ses ennemis. " Poitiers entrait dans
l'histoire pour la seconde fois.
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Charlemagne réorganisa
son administration en renforçant essentiellement le
contrôle de ses fonctionnaires. Il nomma à Poitiers
un premier comte carolingien nommé Abbon. Le Poitou
devint une partie du royaume d'Aquitaine, constitué
de son vivant pour son fils Louis le Débonnaire (781-814).
Ce royaume échut ensuite à son fils Pépin
(Pépin I d'Aquitaine, mort en 838), avant de sombrer
dans la tourmente des guerres successorales et des invasions
scandinaves. Les Vikings étaient aux portes de Poitiers
en 854, la rançonnèrent 863, non sans avoir
dévasté Saint-Hilaire, et revinrent la piller
et la raser en 865. Tous les sanctuaires furent probablement
détruits à cette époque. La vieille famille
des comtes de Poitou présidait déjà aux
destinées de la ville, en la personne de Renoul Ier,
tué aux côtés du comte Robert le Fort
(ancêtre des Capétiens) à la bataille
de Brissarthe (Sarthe, 866)
Poitou et Aquitaine
féodales :
Les charges comtales
n'étaient pas encore héréditaires sous
les règnes de Charles le Chauve et de ses successeurs
immédiats. Le comté de Poitou passa donc en
de nombreuses mains avant de finalement revenir définitivement
aux descendants de Renoul Ier, en la personne d'Ebles Manzer
(902-935). Par d'habiles jeux politiques et quelques campagnes
militaires, les dynastes poitevins obtinrent des droits sur
le duché d'Aquitaine et Guillaume III Tête d'Etoupe
(935-963) commença à porter le titre ducal,
même si sa suzeraineté restait plus théorique
que réelle. Cela prendra davantage de consistance avec
ses successeurs, Guillaume IV Fier-A-Bras (963-993) et Guillaume
V le Grand (993-1030). Désormais et pour deux siècles,
jusqu'à l'annexion de la ville par Philippe Auguste
(1204), le Poitou et l'Aquitaine ne feront plus qu'un. La
ville atteignit son apogée aux XIe et XIIe siècles,
avec la réédification de plusieurs sanctuaires
dont Sainte-Radegonde (1099). La pape Urbain II en personne
dédicaça Saint-Jean de Montierneuf en 1096.
Au milieu du XIIe siècle, la vieille ville passa par
le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II, dans
le patrimoine des Plantagenêts.
Avec le retour dans
le giron capétien, le comté de Poitou devint
régulièrement un apanage pour les cadets de
France. Plusieurs noms illustres en bénéficièrent,
dont Alphonse de Poitiers (fils de Louis VIII et frère
de saint Louis), le futur Philippe V le Long (2e fils de Philippe
le Bel), et Jean de Berry (fils de Charles V). Fort disputée
durant la guerre de Cent Ans, Charles VII en fit l'une de
ses capitales, avec Bourges, dans les années les plus
difficiles de son règne. C'est notamment à Poitiers,
dans la grande salle du palais, que Jeanne d'Arc fut interrogée
après sa première visite à Chinon. Charles
VII y créa une université appelée à
un bel avenir.
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