Nemausus est d'abord
un oppidum celtique, ville principale des Volques Arécomiques
(Volcae Arecomici) bâtie au sommet du mont Cavalier,
l'une des sept collines bordant la plaine de la Vistrenque.
Il y a là une précieuse fontaine à laquelle
est vouée un culte. Les pentes du mont Cavalier sont
de nos jours occupées par le magnifique jardin de la
Fontaine et coiffées par la Tour Magne.
Nîmes entre,
avec toute la Narbonnaise, dans l'orbite romaine autour de
120 av. J.-C. Les historiens ont longtemps estimé que
l'empereur Auguste lui avait octroyé le statut très
prisé de colonie romaine. Mais l'exhumation de monnaies
antérieures à son avènement (27 av. J.-C.),
frappées de l'inscription « NEM COL » (Nemausus
Colonia), laissent penser qu'il s'agit d'un privilège
plus ancien. La ville descend alors de la colline et s'épanouit
dans la plaine. Elle est entourée d'une enceinte urbaine
de 6 000 m, scandée de près de 80 tours et percée
de plusieurs portes, dont deux seulement subsistent. La plus
grande et la mieux conservée est la porte Auguste,
située à l'est du centre ville. Grâce
à une inscription, elle a été datée
des alentours de 15 av. J.-C.
La ville en pleine
croissance se dote à la fin du premier siècle
de l'ère chrétienne d'un amphithéâtre
capable de contenir jusqu'à 24 000 spectateurs. Il
sert essentiellement pour les combats de gladiateurs ou les
chasses d'animaux, divertissements sanglants particulièrement
prisés par le public. Durant la très lente agonie
de l'Empire, ces spectacles passent de mode. Dans toute la
Gaule, les monuments de ce type sont démantelés
à compter de la fin du IIIe siècle, notamment
afin de récupérer les matériaux et de
les utiliser pour construire une enceinte urbaine. Il n'y
a pas à Nîmes de phénomène similaire
et il semble que l'amphithéâtre soit très
tôt transformé en forteresse.
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Au VIe siècle,
Nîmes est sous la domination des Wisigoths et l'amphithéâtre
une énorme forteresse. Au moins les arcades du niveau
inférieur ont été obstruées. Il
est assiégé en 569 par les troupes du roi mérovingien
Gontran, puis en 673 par le roi Wisigoth Wamba. Ce dernier
lutte alors contre le duc Paul, qui souhaite la sécession
de la Septimanie. La forteresse tombe le 1er septembre 673.
Après une période de domination arabe, l'amphithéâtre
devient le siège du pouvoir carolingien local.
Dépendants
des comtes de Toulouse au XIIe siècle, les vicomtes
de Nîmes s'installent dans les « Arènes
». C'est le temps des légendaires et turbulents
« chevaliers des Arènes », qui ne s'achève
que vers 1390. Désormais abandonnés par la noblesse,
les lieux sont colonisés par le peuple et un quartier
d'habitation y voit le jour. Il compte jusqu'à 600
habitants au XVIIe siècle. Il faut attendre 1786 pour
que la municipalité rachète les maisons et commence
à les détruire. En 1839, l'amphithéâtre
est rendu à sa destination première : le spectacle.
De nos jours « Les Arènes » sont le cadre
de très nombreux concerts et de manifestations taurines.
Elles ne sont d'ailleurs pas sans rappeler la cruauté
des spectacles antiques...
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