Les dimensions de
ce pont canal sont de 275 m de long et de 48 m de hauteur.
Il s'élève sur trois niveaux darches.
Le premier niveau compte 6 arches en plein cintre, de portées
légèrement différentes. La plus grande
arche est située au-dessus du lit principal de la rivière
et fait 24,50 m de diamètre. En cas de cru, le Gardon
peut traverser toutes les arches de ce niveau. Le second niveau
reproduit le plan du premier, mais ajoute 5 autres arches
aux extrémités. On en compte donc onze au total.
Le troisième niveau est totalement différent.
Moins haut que les autres, il réunissait une série
de 47 petites arches de 4,80 m de portée. Il nen
subsiste plus aujourdhui que 35, les autres ayant été
démolies à une époque indéterminée,
probablement par des carriers en quête de matériaux.
Cest au sommet
de ce troisième niveau que passe le specus,
le canal de laqueduc. Il a une section rectangulaire
et fait 1,80 m de haut pour 1,20 de largeur. La pente est
de 0,4%, ce qui donne un dénivelé de 1,1 m sur
les 275 m de longueur. La couverture est assurée par
de gros linteaux de pierre qui forment un toit plat. Lintérieur
du canal est recouvert dun enduit détanchéité
à la chaux, masquée par l'imposante couche de
tartre s'étant déposée tout au long des
cinq siècles dutilisation de louvrage.
Le pont du Gard na pas été conçu
pour la traversée de piétons ou de chariots.
Il a toutefois été utilisé comme tel
pendant de nombreux siècles. Les piles du deuxième
niveau darches ont été progressivement
rognées pour élargir le passage, initialement
très étroit. Ces aménagements menacèrent
la stabilité de lédifice et amenèrent,
au XVIIIe siècle, au doublement du premier niveau darches
pour établir une vraie route. Des travaux de consolidation
ont été réalisés à la même
période.
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Lappareillage
de lédifice est dit « monumental »
et est constitué de gros blocs de calcaires réguliers
extraits à proximité. Les assises font autour
de 50 cm de hauteur, ce qui implique une manutention complexe,
de tels blocs étant impossibles à porter par
un homme seul. Ces pierres étaient solidarisés
par des tenons en chêne et non par du mortier. De fait,
lédifice tient maintenant sous son propre poids.
On voit encore de grosses pierres en saillie tout le long
des 1er et 2ème niveaux darches. Elles correspondent
sans doute à des points dappuis pour les échafaudages
et grues nécessaires au chantier.
Le mode de construction
du pont du Gard, avec ses pierres énormes et ses trois
niveaux darches, est plutôt rare pour un édifice
utilitaire. Cette construction luxueuse peut se justifier
par la nécessité de résister aux crus
violentes du Gardon. Mais on peut tout de même sinterroger
sur la volonté ostentatoire de ses concepteurs, sans
qu'il soit possible de trancher. La beauté de ce monument
la sans doute protégé, car tous les autres
ouvrages de laqueduc ont été plus ou moins
débités en pierres à bâtir.
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