Le " Castrum
Menerba " (ou Minerba) est mentionné pour la première
fois en 873 dans une charte relative à l'abbaye de
Caunes-Minervois. Un vicomte y existe au moins depuis l'an
1002, date à laquelle le comte Roger Ier de Carcassonne,
dit le Vieux, détient une part du château avec
le vicomte de Minerve, Rainard. Au XIIe siècle, le
château est aux mains des puissants vicomtes de Béziers.
Seul le suzerain change : Guillaume de Minerve d'abord, Louis
VII le Jeune (roi de France) ensuite, Alphonse II le Chaste,
roi d'Aragon enfin.
Mais Minerve pénètre
de plain pied dans la tourmente de l'histoire en 1210, lorsque
Simon de Montfort en débute le siège. Selon
les termes de la " Chanson de la Croisade Albigeoise
", " il cerne les murailles et plante ses bannières
parmi ses catapultes et ses malvoisines. Les boulets fendent
les airs et ébranlent les remparts. " Très
vite les assiégés sont privés d'accès
à l'eau potable et la chaleur écrasante pèse
sur leur moral. Les vivres s'épuisent et le bombardement
permanent des grosses machines de siège à contrepoids,
du type trébuchet-mangonneau, détruisent les
murailles du château, éventrent les maisons.
La place finit par se rendre à la fin du printemps.
Il y a dans son enceinte de nombreux cathares, considérés
comme hérétiques. Ceux qui refusent d'abjurer
leur croyance sont immolés sur le premier bûcher
collectif de cette guerre féroce. La " Chanson
" témoigne : " On y brûle maints hérétiques
félons de mauvaise engeance, et nombre de folles hérétiques
qui braillent dans le feu. On ne leur laissa vaillant une
châtaigne. Puis on jeta les corps et on les enfouit
dans la boue, de peur que ces ordures n'infectassent notre
gent. " Les croisés prennent ensuite le chemin
de Termes. Minerve est
quelques années plus tard occupée par une garnison
royale. Devenue un refuge de bandits de grands chemins, son
démantèlement est ordonné par Louis XIII
en 1637.
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Le village colonise
un étroit plateau, formé à la confluence
des profondes vallées de la Cesse et du Briant. Ces
maigres cours d'eau, régulièrement asséchés
à la belle saison, ont trouvé la force de creuser
d'immenses canyons dans les causses du Minervois. La presqu'île
ainsi formée est simplement reliée au massif
par une étroite langue à l'ouest. Cet unique
accès est surveillé par la guette de l'ancien
château fort, petite tourelle polygonale avec parement
à bossages ponctuels. On trouve d'autres fragments
de remparts à l'orient et au sud, avec notamment la
voûte d'une porte. Au centre du village trône
une petite église romane (XIe siècle) abritant
notamment un baptistère paléochrétien.
Devant ce sanctuaire a été érigée
une sculpture de Jean-Luc Séverac, à la mémoire
des martyrs de 1210.
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