Des origines lointaines
?
Il existait peut-être
à l'emplacement de l'actuelle forteresse, un poste
de surveillance ou de défense avancé dès
la seconde moitié du IXe siècle. Cette construction
devait verrouiller la vallée de la Dordogne contre
les incursions des Scandinaves, très présents
dans la région entre 845 et 865. Le premier château
n'est cependant attesté qu'aux alentours de 1100. A
cette date, il est détruit par Raymond Ier de Turenne,
venu prêter main forte aux seigneurs de Bergerac dans
un conflit féodal.
En 1115, Hélie
de Clarens (Clarencio) apparaît dans le cartulaire de
l'abbaye de Cadouin, comme témoin de dons réalisés
par le chapitre de la cathédrale Saint-Front de Périgueux.
Peut-être ce même Hélie signe-t-il une
autre charte au profit de Notre-Dame de Saintes. Plusieurs
sires de Clarens figureront plus tard au rang des généreux
et réguliers donateurs de Cadouin. Citons, vers 1158,
Alquier, Arsuis, Arsuis-Gaillard, Belsom et Foulques, et en
1209, Folco, Willem, Arnaud et Léon.
Entre 1170 et 1180,
Les seigneurs de Clérans s'associent à Bertrand
de Born, vicomte de Hautefort, qui a pris la tête d'une
ligue formée par de grands féodaux (comtes de
Toulouse, de Flandre, de Périgord, d'Angoulême,
les vicomtes de Béarn, de Thouars, de Limoges, les
seigneurs de Pons, de Taillebourg, de Lusignan
) pour
combattre Richard (le futur Cur de Lion) en Aquitaine.
On ne sait quel sort Richard a réservé au château
de Clérans.
Un texte daté
du 22 janvier 1287 entérine un accord entre le duc
de Guyenne et les co-seigneurs de Clarens, sur la juridiction
de leur péage et la redevance du château. Il
nous renseigne sur deux points essentiels :
- A cette date, treize familles sont co-seigneurs de la châtellenie
de Clérans,
- Ces co-seigneurs sont les vassaux directs du duc de Guyenne,
également roi d'Angleterre.
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Un passé troublé
Entre 1326 et 1420,
le château appartient légalement aux familles
de Galard, puis de Beaufort (à partir de 1357). Elles
passeront au gré des évènements du camp
français au camp anglais. La forteresse est l'enjeu
d'interminables luttes entre les factions en présence,
et changent de mains à d'innombrables reprises durant
la Guerre de Cent Ans.
En 1378, Amadieu
de Mussidan et Petiton de Curton, partisans des Anglais, s'emparent
de Clérans qui devient un repaire de brigands. Accompagnés
par Cap de Béarn, dit de Clérans, Barbe Blanche
et Geoffroy le Breton, ces pillards vont écumer le
Bergeracois. En septembre 1393, ils s'attaquent à Solignac
et à Périgueux en 1399. A cette date, les conseillers
du roi de France demandent à Renaud de Pons de prendre
les places des Beaufort, dont Clérans. Le château
ne reviendra définitivement à la France qu'après
la victoire de Castillon (1453). Charles VII la concède
alors à Annet de la Tour.
En 1502, Jean de
Gontaud, baron de Biron, est le nouveau seigneur de Clérans.
Les Biron en resteront les propriétaires pendant une
centaine d'années. Aux XVIIe et XVIIIe siècles,
Clérans, par acquisition, mariage, héritage,
passe successivement des Durfort, aux Belrieu, puis aux d'Augeard.
A la Révolution,
deux lignages se partagent encore le site : la famille d'Augeard
et la famille de Chanaud. Les d'Augeard émigrent et
leurs biens sont saisis. Les de Chanaud perdent - volontairement
- la particule et Elie-François (de) Chanaud devient
le premier maire " républicain " de Cause-de-Clérans.
Le château abandonné devient carrière
de pierres.
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